Valentina

La vie après la mort

Il fait sombre, trop sombre. Seule une silhouette que je reconnais est éclairée au loin. Elle se tient debout, dans une robe blanche en me faisant un signe de la main, que je ne distingue que très peu pour le moment. J'essaie de m'avancer tant bien que mal car j'ai le sentiment que quelque chose me retient et m'empêche d'aller la voir.
J'entends légèrement ce qui ressemble à sa voix, mais je ne comprends pas encore ce qu'elle me dit. Des larmes me brûlent violemment les joues car j'ai l'envie et le besoin de la serrer dans mes bras. Difficilement, je commence à distinguer son visage, et comprendre qu'elle essaie de me dire « au revoir ». Au fond de moi, c'est ce que je craignais, mais je ne veux pas l'admettre. Je tente d'hurler mais rien ne sort, comme si mes cordes vocales avaient disparues. Je vois la lumière autour d'elle s'assombrir tandis qu'elle recule comme aspirée par cette dernière. De toutes mes forces, j'essaie de la rattraper, de courir en sa direction mais rien n'y fait. Elle s'éloigne bien plus vite que je ne peux avancer ... Chaque effort fourni est vain, et je me retrouve rapidement dans le noir complet, sans silhouette, sans lumière et sans sa voix. Seule, je fais face à ma peine dans cet espace sans fin, jusqu'à ce que je sois projetée dans mon lit et que mes yeux devenus humides s'ouvrent sur mon plafond blanc usé. 

Je suis tellement déboussolée et en colère ! D'abord, elle commence par m'abandonner puis ensuite, elle se permet de se pointer dans mes rêves pour me faire ses adieux !  Putain, j'en ai marre de ces cauchemars qui me pourrissent la vie ! Après William, voilà qu'elle s'y met !
Bien que ce connard ne devrait plus être un problème car je ne compte pas retourner au lycée. Pourquoi faire ? Me faire chier à apprendre des trucs dont je ne me servirais pas plus tard ? Croiser des gens que je ne supporte pas juste parce que je dois passer un diplôme qui ne m'aidera pas forcément ? De toute façon, elle n'est plus là. Je n'ai plus de promesse à tenir ni de comptes à rendre à qui que ce soit. Je fais ce que je veux, c'est à dire, regarder la télé et fumer des cigarettes achetées avec l'héritage que mon premier pilier m'a laissé quand elle aussi, m'a laissé seule ici-bas.

- Tina ? Tu es réveillée ?

Je ne la regarde même pas, au lieu de cela, je me lève de mon lit et va en direction du salon ou j'attrape une clope et la télécommande. Sur mon téléphone s'affiche des messages de Rosa et Nathéo principalement, mais je ne les ouvre pas. Il est huit heures et c'est beaucoup trop tôt pour quelqu'un qui n'a plus rien à faire de ses journées.

- Bon ça suffit.

Mon amie prend la télécommande et coupe la télé.

- Ça fait une semaine que tu es silencieuse, que tu manges à peine et je le comprends, mieux que personne. C'est pour ça que j'ai emménagé ici temporairement, pour t'aider et te soutenir, mais si tu ne laisse pas ....

Je suis sauvée par le gong. Angélique est interrompue par l'interphone, et c'est tant mieux, car je n'avais pas du tout envie d'entendre la suite.

- Oh non c'est pas vrai mais qui peut bien venir aussi tôt ? souffle t'elle en prenant l'interphone. C'est un ami à toi apparemment, il va monter. Peut-être que lui arrivera à te faire parler.

Un ami ? Déjà d'une, je n'en ai pas et deuxièmement, je n'ai absolument pas envie de voir qui que ce soit en ce moment mais il me semble qu'elle ne me laisse pas le choix.

- Mon dieu dites-moi que je rêve ! s'emporta t'elle en ouvrant la porte.

Le ton employé par mon amie interpelle ma curiosité et me fait bondir du canapé pour voir qui est en mesure de la mettre dans cet état.  L'ami en question n'est autre que Nathéo. Les deux se regardent étrangement, l'air énervé.

- Je peux savoir ce que tu fais là toi ?
- Je peux te retourner la même question, soeurette !

Soeurette ?