Valentina

Ascenseur émotionnel

Quelques jours sont passés depuis notre dispute avec Nathéo, enfin ce qui s'en rapproche le plus. Je n'arrête pas de repenser à ce que je lui ai dis, même si dans ma tête, cela me semblait moins brutal que dans la réalité.

A dire vrai, je ne voulais pas trop étaler notre intimité, car cela créerait indéniablement des liens que je ne voulais pas avec n'importe qui.

Il m'est inconcevable de confier au premier venu, les événements qui m'ont changée, brisée, ou même détruite, que ce soit en raison de secrets, de drames familiaux, ou de tout autre moment de vie difficile. Seuls les personnes bénéficiant de ma confiance sont à même de détenir ces armes, car j'en ai fais le choix. C'est d'ailleurs pour cela que je ne me livre jamais totalement, au cas où, y comprit à ma propre mère même si, en ce qui la concerne, c'est plus de la peur de la décevoir et de la blesser qui m'anime réellement.
Si je commence à parler de William, je serais fatalement obligée de rentrer dans des détails, et des phases de notre relation que je préfère oublier, au risque de les revivre indirectement.

Pour l'heure, je chasse ces idées, préférant reporter mon attention sur cette nouvelle journée. En effet, aujourd'hui, j'ai rendez-vous après les cours avec Angélique, car je termine à onze heures et demi le mercredi, ce qui nous laisse l'après-midi toute entière, pour profiter ensemble.

J'avais hâte de la retrouvée depuis qu'elle m'avait proposée notre rendez-vous. Ça me rendait heureuse de la voir ailleurs qu'à l'hôpital. Elle me manquait terriblement, et je tenais à faire bonne figure, contrairement à mon apparence désinvolte de lycéenne. C'est pour cette raison, que j'avais appliqué hier soir mon vernis noir une fois mes ongles coupés au préalable. Ce matin, je m'occupe de mon maquillage que je voulais léger et irréprochable, et trouver une tenue qui soit plus convenable qu'à l'accoutumée. Exit le sweat à capuche favorisant ma pseudo discrétion lors des repas à la cantine, j'opte cette fois pour un léger pull beige, faisant parfaitement le contraste avec le slim bleu qui me fait envie en bas de la pile. Mon perfecto noir viendra sublimer cette tenue. Mes cheveux sont presque devenus incoiffables c'est pour cette raison que je fais l'effort de les lisser afin de les lier ensuite à l'aide d'un élastique. Ils m'arrivent au milieu du dos n'ayant jamais été aussi longs, d'aussi loin que je me souvienne.

Il est enfin temps pour moi de partir. J'attrape mon sac, embrasse ma mère qui dort encore pour une fois, et file dans la fosse aux loups.

Des regards se posent sur moi à mesure que j'approche des élèves qui siègent devant le lycée.  Certains doivent d'ailleurs penser que je suis une nouvelle élève, ne m'ayant jamais vu aussi apprêter pour les cours.
Au même instant, mon téléphone vibre.

~ Ravissante la nouvelle, peut-être aurais-je une chance de créer une amitié avec elle ! ~

Je n'avais pas fait attention à Nathéo, appuyé sur l'un des murets qui délimitent l'établissement. Je ne peux m'empêcher de sourire et bien entendu, de lui répondre.

~ Merci le nouveau, mais n'y penses même pas ! ~

La cloche indique l'heure d'aller en classe. Nous nous rejoignons et franchissons les portes du lycée, ensemble.
- Je ne vous ai jamais vu ici vous ! me taquine-t'il, encore.
- Ah ah ah, c'est drôle ça. Je croyais qu'on ne pourrait jamais être amis ?
- Valentina ? Pardon, je ne t'avais pas reconnu sous cette apparence féminine.
- Je me suis dis qu'il était temps que je commence à m'inspirer de toi, pour réveiller la femme qui dormait en moi.
- Ok, un partout, balle au centre.