Le coeur et la raison

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Deux semaines se sont écoulées, et ma relation avec Nate reste pratiquement inchangée si ce n'est que nous sentons nos désirs mutuels de parler et peut être même plus. Nous nous croisons au lycée et sommes obligés d'avoir un semblant de discussions, étant donnés que nous sommes liés par la volonté de nos professeurs. En dehors, tout autre sujet semble prohibé. Des regards s'échangent entre lui et moi, ne pouvant réellement s'exprimer autrement. Le magnétisme qui nous mène l'un à l'autre ne cesse d'être présent, quoi que l'on décide.

Concernant ma mère, je suis rassurée la voir se rétablir, après cette "simple" bronchite qu'elle avait contractée.
Ses quelques jours au lit, ne lui permettent pas de courir un marathon, mais cela me fait du bien de la voir en meilleure forme. En revanche, ni elle ni moi n'avions vraiment envie de revenir sur la cause de mes cauchemars. Elle n'a jamais apprécié William, ni l'impact qu'il avait sur moi, alors sii elle découvrait toute la vérité, j'étais sur qu'elle finirait derrière les barreaux pour homicide, en plus de la douleur qu'elle ressentirait si je passais aux aveux. Il est donc préférable que je m'enferme dans ce mutisme.

Malheureusement, ils font toujours partis de mon quotidien, le dernier en date ayant même provoqué ma chute du lit tant il semblait réel. Je ne me souviens que trop bien de William me poursuivant à travers sa demeure en tentant de m'agresser. Et alors que par un miracle inexplicable, je réussissais à m'échapper, je finissais par trébucher, dévalant les escaliers, en me réveillant allongée, face la première contre le sol de ma chambre.
Fort heureusement, mon lit n'étant pas très haut, je m'en étais simplement sortie avec un hématome.
Pour ne rien arrangé, je savais que le docteur Martin était absent pendant ces deux semaines, me condamnant à lutter seule contre mes démons, fermant la porte par la mème occasion, à une éventuelle progression.

Aucune éclaircie ne se profile à l'horizon, et je sens les ténèbres se refermer sur moi. Mon téléphone me sort de ma léthargie.

- Salut ... Je sais que je dois être une des dernières personnes à qui tu as envie de parler d'autre chose que de suites numériques, mais j'aimerais beaucoup qu'on se voit, j'ai des excuses à te présenter je crois, même si je sais que tu n'as pas envie de les entendre. C'est possible ? -

Ce message, je ne l'attendais plus et pourtant il est bel et bien sous mes yeux.. Nate à fini par revenir malgré la façon dont je l'ai traité et la distance que nous nous sommes imposé.

Toutefois, je n'ai pas vraiment envie de lui répondre pour le moment. Il a réveillé quelque chose en moi qui dormait depuis trop longtemps, une sorte de flamme de vie éteinte par les événements que j'ai vécu.
Mais il a également embrasé une peur qui m'habite et c'est pourquoi, actuellement, je ne veux pas prendre le risque de me bruler.

Meredith tient une pochette bleue entre ses mains, tandis qu'elle tapote le canapé à côté d'elle pour que je m'y installe, me sortant à son tour de mes pensées.
- Ma puce, on peut se parler ? Le sujet que je vais aborder ne va pas te plaire, je préfère te le dire.
- Oh non Maman, on ne va pas encore parler de ça....
- Ce n'est pas ce que tu crois, calme-toi s'il te plaît, c'est important pour moi.

Je comprends assez vite qu'il s'agit effectivement d'une discussion plus grave quand je distingue l'inscription "assurance vie" sur la dite pochette qu'elle pose sur ses genoux.
- On est vraiment obligées d'aborder ce sujet ?
- Oui on l'est. Tu as dix-huit ans et si il m'arrive quelque chose, j'aimerais que tu sois en mesure de te débrouiller.
- Maman je t'en prie...
- Tina ça suffit ! Ecoutes, dans cette pochette tu trouveras tous les documents nécéssaires pour te présenter aux pompes funèbres et à la banque, une fois que je... une fois que le moment sera venu. J'ai fais tout ce qu'il fallait pour que tu n'aies rien à payer de ta poche, tout est prêt.

ValentinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant