Troubles

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« - Ta mère et moi avons eu une relation alors que j'étais fiancé... C'est elle qui m'a quitté ! Je suis fière de toi ... Tiens, prends ça, ça pourrait te servir. Je suis là si tu as besoin de moi. Contente-toi d'aller mieux ça sera suffisant.
- Samuel ? Mais ...
- Comment s'est passé ton rendez-vous ma chérie ? Tu es plus forte que tu ne le crois ... Je souffre déjà de ne pas savoir ce qui t'arrive ! Tu ne vas pas gâcher ta vie pour ce connard !
- Maman ?! Attendez non ! Partez pas ! Maman ! Samuel ! Mais qu'est ce que ...
- Quand je t'embrasserai, parce que je le ferai, je ne m'arrêterai pas.
- Nat ? Qu'est ce que tu fais là ? Tu saignes ? Attention derrière toi ! NON !!!
Mais ... Où suis-je ? Quelqu'un m'entend ?
- Moi je t'entends. Viens par là que je t'embrasse ! Tu seras toujours à moi tu sais ? Je t'ai marqué le premier ...
- PUTAIN NOOOOOOON ! Laisse-moi !
- Pauvre petite junkie ... ça te manque pas vrai ? Tu es pathétique !
- Junkie ! Junkie ! Junkie ! Junkie !
- LA FERME !!! TAISEZ-VOUS !!
- Tu vas faire quoi sinon sale traînée !
- Regardez-la, pauvre petite fille droguée et humiliée, ta vie ne sert à rien, tu devrais y mettre fin.
- Il a raison le blondinet, pourquoi t'irais pas te jeter d'un pont ?
- T'étais ma meilleure amie ...
- Ma fille chérie ...
- Sors avec moi ...
- Remettons nous ensemble ...
- J'aurais jamais dû monter sur cette moto ...
- Laissez moi ... non laissez-moi ... »

- STOP JE VOUS EN PRIE !!!!

Quelques minutes me sont nécessaires pour sortir de ma léthargie. C'est ma propre voix qui me sauve de cet horrible songe et la confusion se fait ressentir plus que jamais. J'ai eu droit à tout cette fois-ci, un bel assemblage de toutes les parties brisées de mon être en un seul rêve. De la sueur froide dégouline de mon front et de mon cou, pour aller se perdre dans le bas de mon dos. Mon t-shirt oversize est maintenant près de mon corps, collé à celui-ci. Quelques mèches de cheveux sont placardées à mon visage et des douleurs se réveillent dans mon estomac. Je ne saurais dire depuis quand je n'ai rien avaler mais je doute que ça ne soit lié qu'à la faim. Tout s'embrouille dans ma tête ... j'ai l'impression d'être vivante et morte à la fois.

Je ne sais pas non plus combien de temps j'ai dormi mais la nuit tombe à peine.
Je ne suis même pas allé voir Nathéo aujourd'hui, alors que je lui avais promis. Je me déteste ... mais il comprendra, du moins, je le pense.

En attendant, je dois trouver un moyen de faire taire cette énorme masse de douleurs qui hurle en moi, coûte que coûte. Je m'élance donc vers la cuisine où Meredith gardait des bouteilles de champagne pour les grandes occasions. De mémoire, il y en a deux. Se bourrer la gueule avec ça n'est pas conseillé pour cause de maux de tête violents mais, je crois que c'est le moment de trinquer à ma misérable vie. Cette dernière ressemblant plus à un film dramatique, les scénaristes auraient pu faire l'effort d'en faire un film romantique tout de même avec un beau prince charmant et des petits animaux qui chantent avec moi ! Peu importe, visiblement je suis destinée à en baver.

Après avoir cherché un peu partout dans la cuisine qui n'est pourtant pas si grande, je les trouve enfin. Je scrute celle qui s'offre à moi et hésite un instant. C'est une décision stupide et immature sauf que, dans mes souvenirs, l'alcool anesthésie certains maux quand on en boit suffisamment. Peut-être vaut-il mieux cela qu'un joint ou autre chose de plus coriace ...

D'une main déterminée, j'attrape donc la première bouteille et dévisse le petit bouchon de liège de toutes mes forces, quand celui-ci finit par décoller et sauter au plafond, avant de s'écraser sur le sol. De la mousse s'en évade furieusement ce qui me fait porter le goulot à mes lèvres, comme pour ne pas en perdre une goutte. Une grimace accompagnée d'un « beurk » m'échappent, alors que le liquide mousseux glisse dans ma gorge. Une réflexion me vient alors : je ne comprends pas pourquoi les gens font toute une histoire autour de cet alcool, personnellement, je le trouve dégueulasse ! Puis je me souviens que dans l'immédiat, ce n'est pas le goût de ce breuvage qui m'intéresse, mais ce que j'espère y trouver. Je lève alors ma bouteille vers le ciel et trinque avec moi-même.

ValentinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant