Valentina

Jacques a dit

Un an plus tôt

- Salut ma belle. Viens par ici que je t'embrasse !

Ses yeux verts me dévorent toute entière, il me veut et je le sais. Il dépose durement ses lèvres sur les miennes, puis me prend la main et me guide à l'intérieur de son immense maison.
La soirée bat son plein avec une musique bien trop conventionnelle pour moi et l'alcool coule à flot sans grand étonnement. Les filles sont sur leur trente et un, selon leurs critères a elles j'imagine, c'est à dire, soit le nombril à l'air, soit une jupe courte, voire même les deux pour certaines. Les mecs eux sont plus décontractés, comme souvent j'imagine.
Pour ma part j'ai fais simple, j'ai enfilé une petite robe bleu nuit à manches courtes s'arrêtant à mes coudes, des petites tennis blanches et un maquillage léger. Mes cheveux quand à eux sont naturels mais tout de même arrangés.

Il y a pas mal de monde et la plupart des ados ont un gobelet rouge à la main. William m'entraîne dans la cuisine pour me servir à mon tour un de ces gobelets. Il y verse un liquide jaunâtre et mousseux. Oui, malheureusement, c'est de la bière.

- À la plus belle fille de cette soirée ! me dit-il tout en tendant son verre.
- Et à nous ! trinquais-je avec lui, en essayant d'être le plus naturel possible.

Je dois avouer que je ne suis pas super à l'aise dans ce genre de rassemblements d'adolescents avec leurs hormones en ébullition, l'alcool qui est bu de manière déraisonnable et les idées mal placées. Il peut s'y passer n'importe quoi.
William et moi avons promis à Olivia de ne pas me faire rentrer trop tard. J'espère qu'il sera assez sobre pour me ramener en scooter sinon, je suis bonne pour rentrer à pieds.
Il me sort de mes pensées et me conduit dans son immense séjour où se trouve un groupe de jeunes assis autour d'une table, une bouteille vide au milieu. Le jeu le plus débile de la terre se déroule sous mes yeux, quelle chance ! Une fille habillée de manière très povocante m'invite à prendre place a côté d'elle avec un large sourire, mais je refuse poliment. Embrasser quelqu'un que je ne connais pas, très peu pour moi. William lui, se joint à cette nana sans aucune gêne.

Des scènes qui titillent ma jalousie se déroulent devant moi sans que je ne puisse rien y faire depuis presque une heure. Mes nerfs commencent sérieusement à me lâcher, mais je ne veux pas faire d'histoires, alors je décide de partir et tant pis si je dois rentrer à pieds et seule.
J'essaie de franchir la porte mais il me retient.
- Mais qu'est ce que tu fais ?
Je lui réponds le plus calmement possible.
- Écoutes, c'est très gentil de m'avoir invité, mais te voir mettre ta langue dans la bouche d'autres filles que moi n'est pas quelque chose que j'avais prévu dans mon programme de la soirée .
- Oh allez, fais pas ta prude, ce n'est qu'un jeu ! On s'amuse bébé allez viens !
Il sent la bière et je comprends alors qu'il croit en l'innocence de ses actes dans cet état. Voyons si il comprendra avec moi.
- Un jeu hein ? Très bien Will. Allons jouer.
Je passe devant lui d'une manière si déterminée qu'il peine à me rejoindre. Je m'assois autour de cette maudite table, range mes principes bien au fond de ma poche et fais tourner cette foutue bouteille. Je dois embrasser un type qui est plutôt mignon, brun aux yeux marrons clairs, style un peu latino. Je regarde William droit dans les yeux avant d'attraper la nuque du garçon et de l'embrasser à pleine bouche en y mettant la langue bien sûr. Un tonnerre d'applaudissements, de sifflements et de « wouh ouh » s'éveille autour de nous. Le garçon se prend au jeu et met sa main dans mes cheveux pour me rendre mon baiser.
Nous nous arrêtons difficilement, mais je suis motivée à continuer quand je vois Will et son regard s'assombrir.

- Ce n'est qu'un jeu mon amour ! Allez on continue !

Je bois dans un verre qui est en face de moi, j'ignore à qui il appartient mais je m'en fous, c'est de la bière ça ne peut pas me faire de mal. Puis je prend un autre verre, un goût différent cette fois, plus fort, brûlant, puis un autre, et encore un autre, dans le feu de l'action et de l'alcool qui me consume, je continue de rouler des pelles à un tas de types et même parfois à des filles. Arrive le moment où Jérémy prend la place d'un des gars, puisque les participants changent au fur et à mesure du jeu, et il fait tourner la bouteille. Par malheur, ou bonheur je ne sais plus exactement, celle ci me désigne. Mes yeux se posent sur William qui fait de grands yeux ronds, choqué et se demandant surement si c'est réellement en train d'arriver. Quant à moi, il me suffit de repenser à toutes ces filles qu'il ne s'est pas privé d'embrasser. L'alcool me donne du courage pour assouvir cette petite vengeance. Je pose mes mains sur le visage de son meilleur ami et commence à me pencher.
A peine mes lèvres touchent les siennes que je sens des mains me tirer vers l'arrière, et sans que je ne comprenne ce qu'il se passe, je me retrouve la tête en bas, la vue sur le sol d'abord, et ensuite sur des escaliers. Mes pieds ne touchent plus terre et l'envie de vomir commence à sérieusement arriver !
William me repose dans une pièce qui n'est autre que la salle de bain. Dieu merci, il y a des toilettes ! Je me penche au dessus et commence ma descente aux enfers.
Dire qu'il a quelques heures je ne voulais pas toucher une goutte d'alcool et déplorait ce genre de soirée pour cette raison, alors que maintenant je me retrouve la tête dans la cuvette en attendant ma sentence. Je suis pathétique!
Sa main attrape mes cheveux avec douceur. Tant pis pour le glamour, ça doit sortir. Ma tête tourne horriblement, mon ventre me fait mal jusqu'à ce qu'enfin, j'évacue cette horrible boisson assassine. Mon petit ami attentionné me passe un gant d'eau fraîche sur le visage pour me rafraîchir et je commence à peine à me sentir mieux.
Mais alors, c'est là qu'il m'attrape à nouveau par les cheveux, sauf que cette fois ci, c'est plus ferme, j'ai du mal à savoir si il s'agit d'une illusion ou non. Il lève mon visage vers lui et me regarde, presque méchamment. Mon esprit étant encore dans le brouillard, je peine à déchiffrer ce qu'il me dit mais le plus gros du message est plutôt clair.
- Je ne veux plus jamais que tu embrasses d'autres hommes.
- Tu as embrassé d'autres filles toi aussi ...
Il dépose brutalement ses lèvres sur les miennes, m'allonge sur le sol froid, se place au dessus de moi, puis il commence à me caresser le visage, le cou, la poitrine et descend lentement vers mon intimité.
- Tu es à moi Valentina, tu le seras pour toujours. Tu es ma femme, et ma femme ne se comporte pas comme une putain.

Est-ce que j'ai vraiment entendu ? Alors qu'il remonte doucement ma robe, j'ai envie de bouger et de l'arrêter mais je me sens faible. Ma tête tourne à nouveau, je prononce faiblement que j'aimerais qu'il arrête mais il ne m'écoute pas. Je sens sa main se glisser sous mes sous-vêtements, ses doigts me caressent en douceur...

- Détends toi ... Je ne te ferais rien d'autre pour l'instant... Laisse toi aller ma belle .

Je me résigne de force, l'alcool est trop présent dans mon sang pour que je ne puisse réellement l'arrêter. Aucun réel plaisir, aucune réelle sensation ne m'anime, j'attends seulement que ça se termine et je prie intérieurement pour avoir de nouveau des nausées là, maintenant. Sauf qu'il n'en ai rien. Il joue pendant ce qui me paraît être une éternité puis, quand il a enfin fini, il pose sa tête sur ma poitrine, puis me caresse le corps du bout des doigts.

- Tu dors ici cette nuit. Tu n'es pas en état de rentrer et je ne suis pas en état de te ramener. J'ai envoyé un message à Olivia pour la prévenir. Allez, debout, allons dans ma chambre.

Oh non! Je vais morfler! Mais à quel moment il a envoyé ce message ?

Je ne sais même pas quoi répondre. Il a raison, je ne peux pas marcher dans cet état et lui ne peut pas conduire.
Il m'aide à me relever puis nous marchons en direction de la pièce qui se trouve juste en face. La maison semble plus calme, je remarque qu'il n'y a plus de musique, juste quelques jeunes qui discutent. La soirée est finie, enfin.

Je me couche en sous vêtements et je sens William se placer derrière moi. Il me ramène vers lui plus encore avec son bras, et enfin, je sens que je m'endors sans trop tarder.

Cette soirée n'étais pas tout à fait celle que j'espérais, je me sens sale et je me sens seule. Peut-être est-ce ça la vie normale d'une ado non ?