Valentina

Après la tempête

Je me réveille en sursaut, le souffle court. Cela faisait longtemps que je n' avais pas fait de cauchemar, mais depuis hier, tout semble revenir. L'autre connard, encore lui mais, cette fois, il ne s'en prenait pas à moi, c'était Rosa qu'il frappait et tentait de violer. Elle hurlait, et alors que j'essayais de l'aider, Nathéo apparaissait, me fixant d'un regard lourd de reproches, avant que tout ne disparaisse dans le néant. Incompréhensible, c'est le mot.

Je passe une main sur mon visage, essayant de calmer ma respiration et mon cœur bat encore trop vite. Le soleil est à peine levé, trop tôt pour me réveiller vraiment, mais je sais que je ne retrouverai pas le sommeil.

Je m'assois dans le lit quelques instants, repensant à notre passage au commissariat hier. Les policiers nous avaient écoutées, mais leur attitude me laissait un goût amer. Avec son œil tuméfié, Rosa avait attiré leur attention, mais leurs réponses restaient trop évasives : "Nous allons voir ce que nous pouvons faire..." Un refrain que j'avais déjà entendu, et qui, au final, n'avait mené à rien.

Je finis par me lever et me diriger vers la cuisine.  Nate est sous la douche tandis qu'Angele est déjà partie. Rosa est là, assise à la table, les mains autour d'une tasse de café fumant. Elle a l'air épuisée, et même si elle essaie de rester forte, je peux voir le poids des dernières vingt quatre heures sur son visage.

— Comment tu te sens ce matin ? je demande en prenant une tasse à mon tour.

— Fatiguée, mais je crois que ça ira, souffle-t-elle.

Je hoche la tête, prenant une gorgée de café.

— Moi aussi, fatiguée. On n'a pas trop le choix, de toute façon.

Rosa me regarde, son visage empreint de reconnaissance. Elle ne le dit pas, mais je sais qu'elle apprécie tout ce que je fais pour elle. Je lui souris doucement.

— Je vais appeler mon boulot pour leur dire que je serais un peu en retard. Il faut qu'on reprenne des forces aujourd'hui.

Je sors mon téléphone et préviens Carlos que je serai décalée ce matin. Heureusement, il comprend.

— Essaie de te reposer un peu, dis-je à Rosa en posant mon téléphone.

Elle hoche la tête, mais je sais qu'elle ne fermera pas l'œil de sitôt. Elle est sur le qui-vive, tout comme moi.

Une fois ma tasse vidée, je vais me préparer pour la journée. Nate est déjà parti pour ses cours, et Angélique est aussi au travail. L'appartement est calme, mais l'atmosphère reste pesante. Avant de quitter Rosa pour aller travailler, je m'arrête dans la cuisine une dernière fois.

— Je passerai te voir entre mes deux services, d'accord ? Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi.

Rosa hoche la tête et tente un sourire.

— Merci, Tina. Pour tout. Je ne sais pas comment te remercier...

— Pas besoin de me remercier.

Je lui adresse un sourire réconfortant, mais je sens que mes mots ne suffisent pas. Il y a tellement à dire, tellement à faire, mais pour l'instant, l'essentiel est qu'elle se sente en sécurité.

Juste avant de sortir, je me retourne une dernière fois, les mots coincés dans ma gorge. J'aimerais lui dire que tout ira bien, que tout cela prendra fin bientôt, mais je n'ai pas la force de lui mentir. Alors, je me contente de lui offrir un dernier regard avant de quitter l'appartement.

Lorsque je franchis la porte pour rejoindre mon boulot, l'air frais me frappe. Il me fait du bien, mais il ne parvient pas à dissiper cette lourdeur que je ressens depuis hier soir. Tout semble si fragile, comme si une nouvelle tempête pouvait éclater à tout moment.