La goutte d'eau

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- Merci d'être là ...
- Tu n'as pas à me remercier, tu es ma meilleure amie, et je ne prendrais pas le risque de te laisser seule alors qu'un malade vous a agressé, répondit mon amie larmoyante.
- Ça va aller ?
- Nathéo est encore dans ce fichu hôpital et il a eu beaucoup de chance mais, imagine un instant qu'il ai quelque chose de plus grave ... Je ne supporte pas l'idée de le perdre.
- Tu ne le perdras pas ... il est en vie et il s'en sort bien, ça va aller, la rassurais-je au mieux alors que moi même,  je suis en proie à l'effroi.

Nous sommes installées sur mon canapé lorsque cette discussion a lieu. La journée a été longue et épuisante, alors nous avons commandé à manger, mais ni elle ni moi ne pouvons avaler quoi que ce soit. Les émotions sont trop fortes, la peur et la douleur nous accablant, il est impossible de faire semblant d'aller bien. J'ai dû appeler Carlos pour lui expliquer ce qu'il s'est passé, et sa compréhension était réconfortante, même si cela aurait dû être prévisible venant de lui. Je ne retournerai pas au travail avant le week-end, et je crains que les jours à venir ne soient monotones, puisque ma routine a été brusquement interrompue.

- Je vais aller me coucher. Prend mon lit je pense que ... enfin j'ai envie d'être auprès d'elle.
- C'est toi qui voit ma douce. Bonne nuit.
- À toi aussi.

Je me dirige vers sa chambre après m'être brossé les dents et avoir enfilé mon pyjama. En poussant la porte, je découvre les lettres sur le lit que nous n'avions pas rangées la dernière fois. Je les saisis et les place à côté d'elle puis, je me faufile dans les draps et ferme les yeux. Je peine à ignorer les images qui défilent dans mon esprit, l'événement étant encore trop frais, je me tourne et me retourne désespérément sans que le sommeil ne m'emporte avec lui.

Et si je me changeais les idées ?

Pour ce faire, je prends mon téléphone dans un premier temps et y regarde les infos qui sont plus déprimantes les unes que les autres. Je zappe ensuite quelques vidéos sur YouTube, visualisant des chats faisant des clowneries mais, très rapidement, l'ennui me gagne et Morphée n'est toujours pas décidé à me prendre dans ses bras, l'écran ne m'aidant sûrement pas. Je me rallonge et fait une nouvelle tentative qui, malheureusement, échoue lamentablement puisque deux heures se sont écoulées, et je suis toujours réveillée malgré la fatigue.

Je regarde maintenant les fameuses lettres dans la pénombre, celles qui prennent l'initiative de se jeter au sol, mais je résiste et baisse les yeux. Une petite voix me suggère de les ouvrir mais je ne l'écoute pas et fixe le plafond. Quelques secondes plus tard, mes yeux, comme attirés par elles, se posent dessus à nouveau : « vas-y Tina, t'es parti pour faire une nuit blanche de toutes façons, autant la rentabiliser ». Je ne suis pas sûr de vouloir faire ça. « Allez, qu'est ce que tu as à perdre ? ». Je suis seulement en train de sortir la tête de l'eau et encore, si j'en oublie l'agression affreuse que nous avons subit. Je ne sais pas si c'est une bonne idée. « Bonne idée ou pas, tu vas devoir le faire un jour ou l'autre, autant que ça soit maintenant ».

La petite voix gagne finalement cette bataille. D'un geste faussement décidé et hésitant, je me lève et récupère les enveloppes puis, je me rassois en tailleur et les pose devant moi.
L'angoisse commence à prendre possession de chaque petite parcelle de mon être. Quelque chose ne va pas dans ces courriers sinon, pour quelle raison m'en aurait-elle jamais parlé ? Je ne dis pas qu'elle n'avait pas le droit à son jardin secret mais mon instinct transpire l'inquiétude. Je sens au plus profond de moi que je vais découvrir un sombre secret, les questions sont : sur qui et sur quoi ?

J'ouvre donc la première de la pile après une bonne inspiration, et découvre qu'elle n'a pas été touchée contrairement aux autres. De l'argent y est présent ainsi qu'une lettre manuscrite que je commence à lire :

ValentinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant