Chapitre 2

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Je pousse un grognement dans le téléphone alors que je lance des regards en direction de la table où sont installés mes parents. Ils m'attendent et je les vois en train de regarder partout autour d'eux, comme si c'était la première fois qu'ils voyaient un restaurant comme celui-ci. Ça m'amuse et me perturbe en même temps.

— S'il te plaît ! grogné-je.

— Je suis en cours, Noé, mais je te jure que quand j'ai fini, je vous rejoins.

— Mais c'est un enfer, je vais pas réussir à tenir seule jusqu'à ton arrivée.

— Je suis désolé, vraiment, mais je serais là dans moins d'une heure, d'accord ? Tu peux tenir ?

Je secoue lamentablement la tête, mais pousse un long soupir avant de grogner.

— Oui, je vais réussir à tenir. Merci, Pen.

Il grogne avant de rire et ça me fait sourire.

Depuis l'arrivée de mes parents, je suis passée par toutes les émotions possibles et finalement, alors que ça fait déjà deux heures qu'ils sont arrivés, après leur avoir fait visiter mon appartement, la librairie et une partie de la ville... Je me retrouve au restaurant pour déjeuner. Mais être enfermés dans une salle, sans moyen de fuir, leur donne la possibilité de me cuisiner et je déteste ça.

Ma mère me regarde comme si j'étais une pauvre orpheline et mon père me lance ce regard plein d'affection et de douleur. Je sens que je vais bientôt craquer. Alors que je n'avais même pas fait attention à la date d'aujourd'hui, leur attention envers moi ne fait que me la rappeler et c'est exactement ça qui me rend le plus mal.

— Aller, ça va aller, t'es forte.

— Mouais. Aller, j'y retourne. À tout à l'heure.

— À tout !

Il raccroche et je range mon portable, prends une grande inspiration avant de retourner à table.

Quand j'ai commencé à parler de mes amis de Whitesboro, Spencer est le seul qui est encore ici alors mes parents ont insisté pour le rencontrer. Ava est à New-York, Lia à Seguin et Cassie à Dallas, alors, Spencer est la seule personne que mes parents insistent à rencontrer. Et même si je n'aime pas l'idée qu'il apprenne pour mon passé, je ne peux pas m'empêcher de me dire que sa présence fera que mes parents parleront d'autre chose que cette fameuse journée.

— Alors ? s'enquit ma mère quand je m'assois.

— Il est en cours, mais il vient après.

— Super ! J'ai hâte de le rencontrer. Il fait des études de quoi ?

Je commence à parler de Spencer, de ses études à l'université de Denton, alors que mes parents hochent la tête. Ils boivent mes paroles comme s'ils étaient assoiffés et j'avais oublié à quel point je les aime. Je sais que je les aime, mais quand je les retrouve face à moi, aussi intéressés par des petites choses simples de ma vie, ça me fait du bien.

Mes parents ont toujours été intéressés par tout ce que j'ai pu faire. Quand j'ai commencé à dessiner, dès le lendemain, mon père m'avait aménagé le garage en atelier de peinture et de dessin. Quand ils ont vu que j'aimais la lecture, ils ont construit une bibliothèque sur tout un pan de mur de leur salon. Ils m'ont aussi acheté une tonne de livres, puis m'ont encouragé à partir de San Francisco, même si ça leur brisait le cœur, avant de me féliciter quand l'idée de racheter la librairie est sortie. Bref, mes parents sont mes plus grands fans et je les aime d'un amour inconditionnel. Mais cet amour me fait quelquefois un peu mal, parce qu'ils savent où taper pour que ça me touche et ils ne s'en rendent pas compte. Ils s'inquiètent tellement pour moi, me prennent encore pour une petite fille et oublient que j'ai grandi et que j'ai fait le deuil de mon passé. Je sais que je suis encore jeune, je n'ai que vingt-trois ans, mais ce n'est pas une excuse. Je suis mature et je sais ce que je veux. Évidemment, ils ne voient pas les choses comme ça.

Black Bikers, Tome 4 : La renarde passionnée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant