Chapitre 39

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— Je te jure, il n'y a personne aujourd'hui, marmonné-je. On dirait que je les fais fuir.

— Mais non, tu exagères. Je suis sûre que c'est simplement parce qu'il pleut.

— Tu penses ?

Lorsque je regarde à travers la vitrine, je vois bien que le ciel gris et les légères pluies peuvent être un élément déclencheur pour le vide intersidéral que je vis actuellement dans la boutique, mais quand même... Même pas un client depuis l'ouverture ! Et il est quatorze heures.

— Mais oui, s'exclame Ava. J'en suis sûre.

Je change le portable de côté et grogne en me laissant tomber dans le fauteuil. En regardant toujours par la vitre, je croise le regard de Quinn qui est toujours en train de faire le guet devant la boutique et je soupire.

— En plus, Quinn est toujours devant et quand je lui propose d'entrer, il refuse. Même lui ne veut pas rentrer. Je suis sûre que c'est à cause de moi.

— Je pense davantage que c'est la faute d'Elijah, personnellement.

— Ouais, tu as sûrement raison.

— Aller, ça va aller, j'en suis sûre.

— J'espère.

— Bon, je vais devoir te laisser, mon rendez-vous de quinze heures est arrivé. On s'appelle ce week-end ?

— Bien sûr. Bon courage pour cette semaine chargée !

— Et toi pour ta librairie vide.

Je ris et la salue une dernière fois avant de raccrocher. Aussitôt, je m'enfonce dans mon fauteuil et soupire en fixant le mur.

À quoi ça sert que je reste ici dans le froid alors que je pourrais rentrer chez moi ? Personne ne vient aujourd'hui, alors peut-être que je pourrais fermer et rentrer.

Pourtant, l'idée qu'un client finisse par venir et qu'il découvre que la librairie est fermée... Je n'aime pas ça. Je veux être là si quelqu'un a besoin d'un livre, même au dernier moment. Je vais rester ouvert.

Même si je m'ennuie fort.

En plus, je n'arrive pas à lire quoi que ce soit, parce que dès que j'ouvre un livre, je revois Elijah en train de me prendre toute la nuit, ou bien je revois l'image lorsqu'il était sur le canapé en train de lire et que je le suçais. En clair... Je suis rapidement déconcentrée et je n'arrive pas à lire deux lignes sans avoir envie de l'appeler pour qu'il vienne s'occuper de moi.

Alors je ne fais que fixer le mur, puis, finalement, j'attrape mon portable et termine sur TikTok. Et ça dure longtemps. Je perds la notion du temps en regardant une bonne centaine de vidéos, que ce soit sur les livres, ou même des vidéos avec des chats, des chiens et des blagues à mourir de rire.

Quand arrive le moment où j'entends la clochette de ma porte pour me signaler un client, je suis totalement détendue et prête à travailler. Je suis même super excitée de pouvoir enfin voir quelqu'un d'autre que Quinn aujourd'hui, alors je saute du fauteuil et me retourne en souriant.

— Bonj...

Ma voix se coupe et mon sourire tombe en même temps que mon portable que je lâche sur le sol et qui s'éclate dans un bruit sourd. Je fixe la personne qui vient d'entrer dans la librairie et ne peux pas détourner le regard. Pourtant, mon cœur qui pompe dans ma poitrine à une vitesse effrayante devrait me ramener sur terre, mais non. Je suis en train de rêver.

— Salut Mimi.

Sa voix. Entendre sa voix me donne la chair de poule et je réussis enfin à récupérer mon corps pour reculer d'un pas en retenant difficilement une grimace sur mon visage.

Black Bikers, Tome 4 : La renarde passionnée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant