Chapitre 37

6.2K 487 54
                                    

Point de vue Elijah.

Quand je gare la moto dans l'allée de la maison de mes parents, je sais qu'ils m'ont entendu, et j'appréhende malgré moi la rencontre avec Noémie.

Je ne sais pas exactement pourquoi je l'ai invité. J'aime le fait qu'elle les rencontre, parce que je sais qu'elle est heureuse de rentrer encore plus dans ma vie, mais je n'aime pas l'idée qu'eux la rencontre.

Noémie est une petite chose fragile, même si elle cache un caractère derrière son surplus d'émotion, mais mes parents ne savent pas faire dans la demi-mesure. Ils sont francs et honnêtes, sans passer par quatre-chemins, et foncent dans le tas. Et avec Noémie, j'ai peur qu'ils cassent quelque chose en elle.

Mais j'avais envie de l'amener quand même.

Lorsque je descends de la moto, je la sens me serrer plus fermement et je penche la tête pour croiser son regard alors qu'elle a toujours le casque sur la tête. Je relève ma visière et arque un sourcil pour qu'elle me dise ce qu'elle a, mais elle secoue la tête et le teint de la visière m'empêche de voir son visage.

— Bébé ?

Je l'entends soupirer à travers les micros, et finalement, elle me lâche et retire le casque. Je l'imite, jusqu'à attraper le sien et l'aider à descendre, mais elle ne fait que grogner en remettant sa jupe droite.

— Ils vont me détester.

Elle me répète ça depuis qu'elle est rentrée de la librairie, et même si je n'aime pas l'idée de lui mentir, parce que mes parents sont en effet les pires personnes pour témoigner une marque d'affection ou même apprécier quelqu'un, tout court, je n'arrête pas de lui dire que ça va aller.

Alors que je sais pertinemment que ça va mal se passer.

Égoïstement, je n'avais pas envie de la laisser seule ce soir et je voulais qu'elle découvre mon univers, comme elle le veut depuis des semaines. Alors, même si je sais que je pourrais me prendre la tête avec mes parents pour la protéger, je voulais malgré tout l'amener.

Je n'aurais peut-être pas dû être aussi égoïste.

— Arrête de t'inquiéter. De toute façon, on est arrivés, alors, dis-toi qu'on va passer une soirée à manger gratuitement et après on rentre et je m'occupe de toi toute la nuit.

— Je ne suis même pas sûre d'être capable d'avaler quoi que ce soit. J'ai encore envie de vomir. Si je vomis sur la dinde, tu penses qu'ils m'en voudront ?

Je retiens un rire, parce que je sens qu'elle risquerait de me détruire la queue si je le fais, mais je ne peux pas cacher mon petit rictus qu'elle voit. Aussitôt, elle plisse le nez et me foudroie du regard.

— Je pense que ce serait le moment le plus intéressant de la soirée.

Elle s'apprête à répondre, mais s'immobilise en fixant un point derrière moi. Quand je me retourne, je découvre ma mère en train de nous regarder par la fenêtre, appuyée nonchalamment contre la vitre, les bras croisés sur la poitrine, le regard fixe. Elle n'est pas mal à l'aise de nous fixer comme ça et pourtant, je sais que c'est en train de faire paniquer Noémie.

— Aller, bébé, ça va aller, je reste à côté de toi quoi qu'il arrive. On y va ?

— Si je m'évanouis, tu me ramasses ? Mais si je m'évanouis, je pourrai pas rentrer ! Parce qu'on est venus à moto, tu pourras jamais me ramener à la maison alors je vais devoir rester ici et si tu me laisses ici, on va...

Elle continue de déverser toutes ses craintes et je ne peux rien faire d'autres que la fixer sans réagir. J'ai fini par comprendre une partie de ses émotions, et quand elle agit comme ça, quand elle parle trop, il faut la laisser parler, jusqu'à ce qu'elle s'arrête pour reprendre son souffle et là, seulement là, il faut...

Black Bikers, Tome 4 : La renarde passionnée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant