Black Bikers, Tome 4 : La renarde passionnée

Chapitre 8

Je sors à peine de la voiture que je retrouve Spencer devant la boutique, en train de m'attendre. Je pousse un petit soupir en croisant son regard, parce qu'il a l'allure du grand-frère protecteur et que je suis trop en vrac pour le supporter. Alors, je m'avance, ouvre la porte après lui avoir déposé un baiser sur la joue et le laisse entrer en lui tenant la porte.

Il s'engouffre dans la librairie et je referme déjà la porte derrière lui. Sans perdre de temps, il se retourne vers moi en croisant ses bras sur sa poitrine et me foudroie du regard.

— Il a dormi chez toi ?

— Bonjour à toi aussi, Spencer.

— Est-ce qu'il a dormi chez toi ?

Je grogne doucement, le ventre en vrac en me souvenant qu'Elijah a bien dormi chez moi, non, mieux encore : on a dormi ensemble dans mon canapé. Mais je cache mes émotions à Spencer, qui les détecte trop facilement, et me dirige vers le comptoir pour m'occuper de la caisse.

— Oui, il a dormi chez moi. Comment tu le sais ?

— Tout le club le sait, grommelle-t-il. Quelqu'un l'a vu débarquer chez toi hier soir et n'en ressortir que ce matin !

— Il serait peut-être temps de vous trouver une vie. Arrêter d'espionner les gens, ce genre de choses.

— Ce n'est pas le sujet. Pourquoi il a dormi chez toi ?

— Bon, Spenc, pourquoi tu t'énerves de bon matin ?

— Je te l'ai dit ! Elijah m'inquiète. En tant que sergent, il est génial, parce qu'il pense à tout, mais quand ça ne touche pas au club, je ne lui fais pas confiance et encore moins pour toi !

— Qu'est-ce que tu veux dire par là, exactement ? grondé-je.

— Je veux dire par là que tu es Noémie, je te connais et je sais que tu es trop gentille pour voir la noirceur chez les autres ! Mais Elijah n'est pas tout blanc et ce n'est pas parce qu'il te sourit une seconde qu'il est forcément gentil !

— Alors, d'abord, tu peux arrêter de me traiter de débile juste parce que je suis gentille ?

— Je n'ai pas...

— Ah, si, si. Ce n'est pas parce que je suis positive et que je crois en l'humanité que suis bête au point de voir le bien partout. Si tu me mets Tamlin devant le nez, après l'avoir vu trahir Nesta et Elain, je me fiche qu'il me sourit, je le détesterais ! Tu comprends ?

— Je ne comprends jamais rien à tes références livresques, grommelle-t-il.

— Bon ! Si je vois Derek devant moi en train de me sourire, je le détesterai quand même ! Je ne suis pas bête au point de croire que tout le monde est gentil !

— Je sais que tu n'es pas bête, Noé, mais tu es souvent trop gentille et trop enthousiaste.

— Parce que c'est une mauvaise chose, maintenant ? Tu veux savoir ce que je pense, moi ? Je pense que ça t'énerve que je sois amie avec un autre gars et que ce soit ton supérieur ! Tu as l'impression de revivre ta relation avec Eliana et Keir, quand tu as dû t'éloigner d'elle alors qu'elle était ton amie et quand ton sergent est devenu son copain. Mais là, ça n'a rien à voir ! Et plutôt que me dire simplement ce que tu ressens, tu te permets de critiquer ma personnalité et mon caractère, et ça, tu vois, je trouve ça dégueulasse.

Il cligne plusieurs fois des cils alors que je baisse les yeux vers ma caisse pour continuer à compter mes pièces. Je suis furieuse qu'il me critique à cause de ses propres peurs. Je pensais qu'on était assez amis pour qu'il puisse me dire ce qu'il pense, sans avoir à utiliser ses automatismes de défenses. Je pensais qu'on était assez amis pour qu'il puisse être honnête avec moi.