Black Bikers, Tome 4 : La renarde passionnée

Chapitre 27

Mon drap est couvert de peinture, mais je n'arrive même pas à lui en vouloir alors que je le vois aussi concentré sur la toile. Je suis allongée dans le lit, couverte par la couverture, et le regarde faire pendant qu'il peint. Je n'ai jamais rien vu d'aussi beau de ma vie.

Elijah en train de me peindre.

Je ne pourrais pas dire depuis combien de temps nous sommes là, peut-être une heure, peut-être plus, mais le calme et la sérénité de ce moment apaise une part de mon âme qui est torturée depuis jeudi.

Il a de la peinture partout sur les doigts, sur le front aussi après s'être gratté, et dans les cheveux. Ses cheveux blancs ont maintenant du jaune et du vert qui traînent un peu partout sur ses mèches.

Il n'arrête pas de jouer avec son piercing, le mordillant et maintenant que j'ai gouté à ses lèvres, c'est difficile de le regarder sans souffrir physiquement de son manque. J'ai envie de me lever et l'embrasser jusqu'à perdre mon souffle, mais dès que je bouge, son regard me contraint de rester tranquille et tout mon corps lui obéit.

Je ne me souviens pas avoir passé un moment aussi intime et doux avec n'importe quelle autre personne dans toute ma vie. Encore moins avec Elijah, parce que nous passons tous nos moments à nous affronter, mais pour la première fois il est calme et doux, tendre et serein, comme s'il avait épuisé toutes ses forces et qu'il avait besoin de ce moment de douceur pour se reconnecter à la vie réelle.

Quand il lève les yeux pour m'observer, avant de revenir sur la toile, je vois les émotions qu'il enferme et qu'il tente de comprendre. Il n'a même pas besoin de me le dire, je le sais. Pourtant, j'aime toute l'attention qu'il m'offre et ce lien que je sens se tisser entre nous.

Je me sens proche de lui. Il a intégré ma vie, mais mon corps et mon âme aussi, et je me sens bien quand il est là. Respirer le même air que lui me faire réaliser à quel point j'ai de la chance d'être en vie et de partager un bout de mon âme avec lui, à quel point c'est bon d'être à ses côtés.

J'ai l'impression qu'il s'est glissé sous ma peau et a envahi mes veines jusqu'à remonter directement à mon cœur et s'enfoncer dedans à coup de griffe. C'est si bon et si nouveau pour moi que je ne sais pas comment le contrôler.

Et quand il relève enfin la tête et repose le pinceau, son petit sourire m'achève. Il a l'air soudainement timide et je ne sais pas ce que j'ai le plus envie de faire : regarder le tableau pour lui montrer que ses émotions comptent pour moi, ou l'embrasser jusqu'à mourir d'asphyxie parce qu'il est tout ce qui compte le plus à mes yeux.

Mais il ne me laisse pas la possibilité de choisir, parce qu'en une seconde, il repousse le tableau et monte dans le lit pour foncer sur mes lèvres, comme si ça faisait bien trop longtemps que nous ne nous étions pas embrassés. Et c'est exactement le cas.

Je gémis dès que ses lèvres rencontrent les miennes et je me raccroche à lui en passant mes mains dans ses cheveux pour tirer dessus en grognant. Je retrouve mon souffle quand il m'embrasse, c'est tellement bon que mon cœur s'emballe dans ma poitrine.

Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé depuis notre dernier baiser, mais je ressens ce manque se combler et je ne peux m'empêcher de le toucher partout du bout des doigts. Il faut que je le retrouve entièrement, qu'il me ramène à la vie.

Son odeur, sa présence, le poids de son corps contre le mien, ses mains dans mes cheveux et sur mon visage, ses lèvres et son piercing... Je ne sais plus comment réfléchir ou survivre. Je n'arrive plus à supporter tout ça sans en vouloir encore davantage.

J'ai envie de lui monter dessus et déposer des baisers partout sur son corps, pour enfin le gouter et le savourer à sa juste valeur. J'ai envie de le toucher, de déchirer sa peau et me glisser directement à l'intérieur, dans ses veines, d'envahir son système, traverser chaque bout de lui, pour me glisser dans son âme. J'ai besoin de tout lui prendre.