Lorsque j'arrive à la librairie, dès le coin de la rue, j'aperçois Spencer devant la porte qui m'attend. Je regrette de ne pas être venue en voiture aujourd'hui, mais je savais aussi que ce serait plus facile de me cacher en restant à pied. Me cacher, comme j'ai passé mon week-end à le faire.
Samedi, j'ai fait le ménage dans tout mon appartement pour chasser l'odeur d'Elijah et son sang qu'il a réussi à mettre partout. Ensuite, après avoir dit au revoir à mes parents qui sont partis tôt, je leur ai dit que je peignais tout mon week-end pour ne pas les inquiéter si je ne répondais pas et j'ai éteint mon portable en rentrant chez moi. J'ai dû le rallumer hier soir pour mettre mon réveil et en voyant le nombre d'appels manqué de Spencer, j'ai fini par me mettre en mode avion.
J'aime Spencer, mais je ne sais pas s'il allait me parler en tant qu'ami ou en tant que membre des Black Bikers et après la conversation avec Elijah, je voulais me retrouver seule. Et puis, j'ai passé mon week-end à éviter de m'approcher de la porte quand j'entendais quelqu'un taper dessus. J'ai regardé par le judas pour voir qui c'était et à chaque fois je me retrouvais soit devant Quinn, Dan, Spencer ou Elijah. Ce n'est qu'hier soir que j'ai vu Yann et j'ai presque craqué, inquiète qu'il soit arrivé quelque chose à Spencer ou Elijah, mais j'ai tenu bon et j'ai juste continué à peindre, les écouteurs branchés à mon iPod avec la musique à fond.
Mais voilà. Lundi veut dire reprendre ma vraie vie et donc, revenir à la librairie. Et ça, Spencer le sait très bien. Même s'il sait que j'ai voulu prendre de la distance avec tout ça en ignorant tout le monde, il sait aussi que je ne pourrais jamais manquer un seul jour de travail. J'aime beaucoup trop ma librairie pour ça.
— Mais tu ne sais pas répondre à ton portable !
Sa voix résonne dans toute la rue quand il m'aperçoit à plusieurs mètres de lui et je grimace déjà alors qu'il s'avance vers moi pour m'attraper par les épaules.
— J'ai cru que tu étais morte ! Heureusement j'avais le numéro de tes parents pour qu'ils me disent que tu passais ton week-end à peindre ! Mais je suis passé chez toi et tu n'as jamais ouvert !
— Je voulais être tranquille, marmonné-je.
Je me dégage de ses mains et le contourne pour reprendre ma marche en direction de la librairie, mais Spencer n'en a rien à faire parce qu'il revient devant moi et m'empêche d'avancer. Les bras croisés sur sa poitrine, il me fixe en fronçant les sourcils. Il a l'air d'essayer de comprendre ce que je peux bien penser dans ma tête, mais je suis fatiguée de me mettre à la place des autres. Marre d'être trop gentille. Marre d'être prise pour une conne.
— Je veux aller travailler, Spencer, alors si tu allais réviser tes cours et t'occuper de ta vie ?
Il cligne plusieurs fois des cils, surpris par ma réaction, mais je l'ignore en le contournant à nouveau pour m'approcher de la porte et pouvoir l'ouvrir. Pourtant, avant que je ne l'atteigne, il revient vers moi et me coupe la route.
— Qu'est-ce qu'il t'a fait ?
Je grogne pour seule réponse et tente à nouveau de le fuir, mais il persiste en m'attrapant par les épaules pour m'obliger à le regarder dans les yeux.
— Dis-moi ce qu'il t'a fait et, sergent ou pas, si il t'a fait du mal, je le tue.
— Lâche-moi et laisse-moi tranquille, Spencer. Je ne veux pas parler de ça.
— Oh, si, on va en parler !
Je lui lance un regard sombre et croise les bras sur ma poitrine.
— Qu'est-ce que tu veux savoir ? Hein ? Qu'est-ce que ça peut te faire ? Parce que je suis trop gentille, trop mignonne, toute petite, je ne peux pas gérer mes propres histoires, c'est ça ?
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Black Bikers, Tome 4 : La renarde passionnée
RomanceÀ Whitesboro, les Black Bikers sont la loi. Noémie est connue à Whitesboro comme la jeune libraire de la ville. Elle n'est pas d'ici et ne comprend rien aux coutumes de la ville, alors, elle se tient le plus éloigné possible des Black Bikers qui la...