Chapitre 29

6.2K 463 51
                                    

Depuis mon réveil, je ne sais plus exactement ce qui est réel ou non. J'ai quitté le lit tôt ce matin, parce que je n'arrivais plus à dormir, laissant Elijah prendre toute la place sur le matelas. Depuis, je suis dans le canapé, en plein questionnement. Sur moi, sur ma vie, sur ma façon de voir les choses, sur le bien et le mal.

Alors, lorsque j'entends des coups contre ma porte, je suis soulagée de découvrir Spencer à travers le judas. Je lui ouvre la porte et me précipite dans ses bras, en quête de chaleur et de raisonnement. Elijah a raison : je ne sais pas utiliser la raison, je ne fais que vivre à travers mes émotions, mais je me sens étouffée.

— Où là, qu'est-ce que t'as ?

Je secoue la tête contre son torse, frottant ma joue sur son cuir et relève la tête pour croiser son regard. Quand il découvre les larmes qui s'y cachent, il fronce les sourcils et attrape mon visage en coupe.

— Il a fait quelque chose ?

Je renifle et le tire à l'intérieur pour fermer derrière lui et hausse les épaules en retournant dans le canapé.

— C'est justement ça le problème.

— Qu'est-ce qu'il a fait ? Il t'a blessé ? Il t'a frappé ? Il...

— Non. Il ne m'a rien fait à moi. Mais il a tué.

Il me rejoint dans le canapé en fronçant les sourcils.

— Il t'en a parlé ?

— Non, mais c'est une évidence. On sait tous les deux qu'il n'a pas passé deux jours avec mon agresseur pour jouer au scrabble.

— C'est vrai, marmonne-t-il.

— Je sais très bien que les Black Bikers sont connus pour être violents et plutôt sanguins, ce n'est pas une nouveauté, mais j'ai toujours gardé mes distances. Et là... Je dors tranquillement avec lui alors qu'il vient de tuer. Qu'est-ce que ça fait de moi ?

— Oh, on est partis pour une séance de thérapie ? Je suis juste passé déposé des beignets, marmonne-t-il.

— Spencer !

— Oui, oui, pardon. Bon. Noé, écoute... On se connait depuis combien de temps ?

— Bientôt deux ans.

— Exactement. Et ça fait pratiquement aussi longtemps que je suis dans les Black Bikers. Pourtant, ça n'a rien changé à ta vie. Ce que je fais avec le club ne doit pas changer quoi que ce soit pour toi.

— Mais c'est différent ! Tu es mon ami. Elijah est mon copain. Comment je dois réagir en sachant qu'il a tué ? Pour moi ? À cause de moi ?

— Copain ? Vous avez discuté de...

— Ce n'est pas le sujet ! le coupé-je. Je ne comprends pas ce que je ressens, Spencer, et j'ai besoin de conseil. Je sais que j'aime Elijah, vraiment, mais est-ce que c'est suffisant ? Je n'arrive pas à blesser une mouche et mon copain tue des humains. Des vrais humains ! Des gens qui respirent, qui ont une famille, qui ont une vie ! Pour qui je me prends ? Dieu ? Est-ce que je vais aller en enfer ? Oh, Seigneur, est-ce que je suis un monstre ? Est-ce que c'est normal que j'aime un homme qui tue d'autres personnes ? Est-ce que je...

— D'accord, on se calme. On respire. Tiens, prends un beignet.

Quand il me l'enfonce dans la bouche, je pousse un petit cri en relevant la tête vers lui, les yeux écarquillés, les larmes dégoulinants sur mes joues. Il n'a pas l'air affolé par mes émotions et même plutôt amusé par mes réactions. Est-ce que j'ai toujours l'air aussi folle quand je parle de mes sentiments ? Est-ce qu'il s'est habitué à ça ?

Black Bikers, Tome 4 : La renarde passionnée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant