Chapitre 41: Révélations Muettes

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C'était lors d'une journée d'été étouffante. Le soleil faisait crépiter la chaleur sur les tôles ondulées de la réserve, rendant l'atmosphère oppressante. La récente célébration de l'arrivée de nouveaux membres avait laissé place à une tension palpable. Nous étions tous rassemblés dans la salle principale du QG, où le chef avait prononcé un discours pour raviver l'ardeur des troupes assommées par la chaleur infernale. Puis, il s'était joint à nous pour la fête, mais la quiétude fut brisée par des signalements urgents. Certains de nos compagnons réclamaient de l'aide dans un autre quartier, un problème de territoire probablement. Le chef dut partir précipitamment, me confiant la tâche de veiller sur la famille pendant son absence.

Après avoir organisé quelques sentinelles, je montai sur le toit pour apporter un peu de fraîcheur au guetteur du moment. Un jeune farceur, plus jeune que moi de deux ans. Quand il entendit mon approche, il se retourna, et je lui tendis une cannette d'orangina, sa boisson préférée, tout en ouvrant une cannette de coca pour moi. Nous trinquâmes tout en surveillant la rue en contrebas.

Le bruit des moteurs se fit entendre quelques minutes plus tard, et au coin de la rue apparurent les motards ennemis, arborant fièrement le symbole de leur gang, la Main Noire, sur leurs blousons. Le guetteur sonna l'alarme alors que je dévalais les escaliers, espérant arriver à temps. Au rez-de-chaussée, j'entendis des cris, puis un coup de feu retentit. Merde ! Je me précipitai, essoufflée, dans la grande salle où les intrus avaient tout saccagé.

L'un des nôtres se tenait l'épaule, souffrant, tandis qu'un autre tentait de l'aider à se relever.

— Personne ne bouge, ordonnai-je d'une voix calme mais ferme, cherchant à contenir la panique qui menaçait de s'insinuer parmi les miens.

La salle était enveloppée d'un silence tendu, les Mains Noires fixaient notre groupe avec une intensité hostile, leurs regards parcourant chacun de nous comme s'ils cherchaient la moindre faiblesse.

Les secondes semblaient s'étirer indéfiniment, chacune chargée d'une tension électrique prête à exploser. Les deux hommes du gang adverse, armés de pistolets, affichaient un sourire moqueur, conscients de la situation précaire dans laquelle nous nous trouvions. Parmi nous, seul l'un des nôtres portait une arme, et je sentais le poids de cette réalité s'abattre sur mes épaules.

Une voix grave s'éleva parmi l'ennemi, brisant le silence pesant. Leur chef, un individu au visage marqué par les épreuves de la rue, s'avança avec une démarche assurée. Son regard défiant scrutait les membres de notre gang, en particulier les nouveaux venus, la sœur et le frère, qui semblaient être à l'origine de cette confrontation.

— Eh bien, eh bien! Vous n'avez pas le sens de la décoration par ici... Lâcha-t-il en observant les débris de l'ancienne porte, qu'ils avaient eux-mêmes détruite.

— Bienvenue dans notre quartier, lançai-je d'un ton cinglant. Vous avez de l'audace de penser que vous pouvez venir ici sans rendre de comptes.

Mon esprit calculait rapidement les options, évaluant les risques et les conséquences. Une confrontation armée pourrait dégénérer en un bain de sang, une issue que je préférais éviter à tout prix.

— Vraiment ? Ne serait-ce pas à eux de rendre des comptes? fit-il en pointant le frère et la sœur. Certaines dettes n'ont pas été honorées, et ils sont partis de la Main Noire alors qu'ils n'y étaient pas autorisés...

— On peut régler ça autrement, proposai-je d'une voix ferme, cherchant un compromis qui éviterait l'effusion de sang. Ces deux-là font désormais partie de notre famille, nous ne pouvons pas les abandonner au triste sort que vous leur promettez.

Fly with me [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant