Chapitre 47

423 24 35
                                    

Il empile sur le bureau une deuxième cagette, une troisième puis une quatrième et une cinquième. Horrifiée par cette montagne de papiers qui me dépasse en taille, j'ose lui répondre,

- Je peux pas finir tout ça aujourd'hui.

- Oh que si, tu peux le faire. il se lève, et remet sa cape. Je suis attendu à Yuei, n'oublie pas de penser à ta technique petite. Et ne t'en va pas sans m'en avoir informé.

Sans un mot de plus, il me contourne et s'en va en claquant la porte. Les piles tombent du bureau et je ne peux que regarder cette centaine de papiers déferler sur le sol.

- Dites-moi qu'il rigole. Il m'a donné les corvées d'un clone ...

Je suis sur-exploitée, alors que je n'ai même pas demandé à entrer dans l'agence ! C'est injuste ! Je pensais faire des trucs de héros en venant ici, me voilà à faire des trucs de servants.

Je mets un coup de pied dans le tas de courriers. Mais je compris bien vite que j'étais la seule à en pâtir, les feuilles étaient encore plus éparpillées.

Autant faire ça rapidement.

Il me fallait être efficace, stratégique. Alors je me suis assise au sol, au milieu de ce bordel sans nom. J'ai trié tout ça selon cinq catégories : la police, le lycée de Yuei, des fans, quelques publicités.

attraction pour attirer un courrier vers moi, répulsion pour le placer dans une pile et ce, répété un nombre incalculable de fois.

Je commence à 14 heures et finis vers 18 heures, avec des crampes aux mains et une terrible faim.

Je m'affale au sol, et souffle. Après avoir fini ce travail d'ingrat, je respire enfin. J'ai alors le temps de jeter un coup d'œil au bureau et à son incroyable vue panoramique.

Mais aucun objet personnel, aucune photo, rien. Je me lève et passe derrière le bureau. Il n'y a toujours rien qui puisse indiquer qu'il a un cœur, même pas ne serait-ce qu'un pot de fleur. Tout est si professionnel.

Sa chaise de bureau en cuir marron s'accorde parfaitement à la pièce. D'ailleurs c'est la seule chaise de la salle, il n'y en a pas pour ses visiteurs, comme si il les invitait à rester debout. Très arrogant.

Après tout ce travail, je peux m'autoriser ce trône.

Je m'affale sur la chaise, et après avoir goûté à une telle douceur je ne compte plus jamais m'asseoir ailleurs. Pour m'occuper, je me mets à penser.

Comment réussir à immobiliser quelqu'un...

En réfléchissant, je m'étends sur la table et fixe une tasse. Finalement, je me prends à jouer avec, j'utilise répulsion pour la faire glisser jusqu'au bord de la table et attraction pour la faire revenir. Ça demande du contrôle et de la concentration.

Comment immobiliser cette tasse ?

J'ai augmenté un peu plus la rapidité des répulsions et des attractions, encore et encore, toujours un peu plus, jusqu'à ce que le rythme soit devenu rapide, stimulant. Concentrée, je ne cligne plus des yeux, ils sont rivés sur cette tasse qui fait des va-et-vient sur une seule seconde. Ses mouvements sont rapides et le deviennent encore plus, si bien qu'à un moment, juste avant qu'elle n'explose, elle m'a paru statique.

Je ferai de ses rêves une réalitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant