EXTRA 3 / Nouvel An

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Juste avant de partir, Kirishima se tourna vers mon dessin.

— C'est spécial ça. C'est quoi (t/p), de la bouffe ?

je le regarde sérieusement. Tu me vexes, Kirishima.

— Quoi c'est pas ça ?

Je déchire la page du cahier, la plie en quatre et lui tends le dessin.

— Tiens, regarde le de plus près.

Après le lui avoir donné, je me suis levée avant de saluer les garçons avec un geste de la main et des derniers mots pour Katsuki. Il s'est d'ailleurs redressé quand j'ai pris le chemin de la porte.

« On se voit demain. lui avais-je dit. »

Le lendemain, nous nous sommes tous réveillés de bonne humeur. Cette précision est importante car chacun d'entre nous semblait avoir troqué ses rides du matin pour les fameuses rides du bonheur, celles qui se sont creusées sur le contour des yeux de Obaa de manière ostentatoire. J'ai si hâte de la revoir !

En ce début de matinée, le soleil commence à peine à naitre par delà l'horizon et pourtant nous étions déjà rassemblés en petits groupe devant l'imposante porte d'entrée, sac à dos, sac en main. J'avoue que j'apprécie tout particulièrement cette ambiance paisible un moment après le réveil, celle où personne ne parle plus haut que l'autre mais préserve discrètement sa discussion pour son groupe de parole. Là, tout le monde observe un certain calme tout juste propice à cet havre de quiétude.

Inasa avait passé son bras sur mes épaules, ma tête prenait appui sur le haut de son bras. D'ailleurs on s'était donné rendez-vous chez lui aux alentours de 21 heures. Ça fait longtemps que nos familles n'ont pas été réunies et étant donné que mon père est parti depuis peu, je redoute de devoir accueillir leurs condoléances. Mais ça ira, si leur accueil est aussi enjoué que celui que ma classe m'avait réservé, ça ira.

Toutefois il me tarde davantage de passer une minute avec le garçon blond aux yeux rouges pour les fameux feux d'artifice du Nouvel An que de passer des heures avec la famille Yoarashi. En y repensant, à ce rendez-vous, à ce ... rencard, mon cœur a un déclic comme surpris par un électrochoc. Il s'éveille subitement animé par un rappel des plus excitants, dopants et mes yeux s'élèvent d'eux-mêmes à sa recherche.

Je le vois plus loin, entre deux silhouettes. Bien évidemment, ses mains sont dans ses poches, il a le visage fermé et reste à l'écart des discussions. Un petit sourire s'échappe de mes lèvres alors que je regarde la boule de colère qui, au premier abord, n'avait rien pour lui. Mais maintenant, personne ne me provoque plus de sensations.

— Bon. Inasa retire son bras après m'avoir tapoté l'épaule. Ma famille m'attend, on se voit ce soir.

J'ai quitté Bakugo du regard pour sourire à Inasa. Il s'est déjà avancé vers la sortie quand je l'ai soudainement retenu, dans le calme dicté par l'atmosphère.

— Attends ! je m'approche à petits pas. Je... vais pas faire toute la soirée avec vous.

— Comment ça ?

Il cligne plusieurs fois des yeux, comme abasourdi. Alors j'avoue avec un semblant de culpabilité.

— Je rejoins Bakugo. Pour le feu d'artifice.

— Ah. il reprend avec un visage éveillé. Bon ok, salut !

Il balance jovialement sa main en l'air et me tourne aussitôt le dos pour se joindre à ses amis qui l'attendaient à l'extérieur.

Il n'en a rien à faire ...

Je suis désormais celle qui est abasourdie devant tant d'indifférence. J'avoue être restée quelques secondes à fixer son dos alors qu'il s'éloignait, puis j'ai haussé les épaules. Tant pis, ou tant mieux, peu m'importe.

Je ferai de ses rêves une réalitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant