18. La fugue.

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°Kamari, 17 ans

23/07/2012
Pemberton, maison de Kamari, 19h45

Je suis assise en tailleur dans mon atelier, je regarde le mur en face de moi.

Il faudrait peut être que je le recouvre d'un drap...

Sinon papa va s'inquiéter.

Je baisse mes yeux sur mes mains. Elles sont ensanglantées mais je ne ressens aucune douleur.

Est-ce que je suis bizarre ?

Tout le monde le dit...

Mais pas ma psy.

Elle est bien la seule d'ailleurs ! Si elle n'avait pas 23 ans, papa et elle feraient un joli couple.

- Kam ! Viens manger !
- J'arrive !

Je me lève et je vais me laver les mains. Il ne faut pas que papa me voit dans cet état. Il va péter un câble sinon. Je ferme mon atelier à clé et je me dirige vers ma salle de bain. Une fois que j'ai fini, j'enfile une veste et je descend.

- Je t'ai fait des lasagnes ma puce ! me lance joyeusement mon père.

J'esquisse un faible sourire et je vais m'assoir à table.

- Merci... mais je n'ai pas très faim, je répond d'une voix à peine audible.

Mon père s'assoit en face de moi et arbore une mine déçue.

- Mange ce que tu peux ma puce, je ne te force pas, dit-il en me servant une petite part de lasagne.

Je commence à manger des petites bouchées. Je me rend compte que mon père à fait la recette de maman. Une larme salée coule le long de ma joue. Je finis assez rapidement mon assiette et je demande à mon père si je peux me resservir. Il me lance un grand sourire et acquiesce.

- Comment c'est passé ta journée ? Je lui demande timidement.

Depuis la mort de maman, papa et moi n'avons plus vraiment de discussion tous les deux. La plus part du temps nous répondons aux questions de l'autre par des simples "oui" et "non", ou encore "ça peu aller" et "bof, mais c'est la vie"... Je passe le plus clair de mon temps enfermé dans ma chambre ou dans mon atelier à dessiner. Parfois je vais faire un tour à cheval ou alors je vais me cloitrer dans le box de mon étalon, Shang. C'est un mustang noir. Il est fougueux et tempétueux, et il regorge d'énergie. Quand je suis avec lui, j'ai l'impression de revivre. Quand à mon père, je le vois seulement le matin et le soir. La journée il donne des cours au ranch ou alors il est dans son bureau pour gérer la paperasse de notre centre.

- Bof, la routine tu sais... et toi ? 
- Pareil.
- Qu'est-ce que tu as fait ?
- Euh... rien de spécial... j'ai dessiné, je lui répond sans le regarder.
- Un jour il faudra que tu me montres tes dessins... tu sais... comme quand tu étais petite, dit-il entre 2 bouchées.
- Ouais... Je sais pas si c'est une bonne idée... tu vas me prendre pour une folle après.
- Sohan avait le droit lui, dit-il sur un ton catégorique.
- Sohan me comprenait, dis-je en posant brusquement ma fourchette.

Je relève ma tête et je le soutiens du regard. Les larmes me montent aux yeux. Sohan me manque... Je me lève et je sors de table. Je me dirige vers les escaliers à grandes enjambées en essuyant mes larmes du revers de ma manche.

- Kamari...

Je me stop avant de monter. Je me retourne face à mon père. Je sens dans son regard qu'il a envie de me dire quelque chose. Mais je le vois se renfermer et retourner à son assiette.

Effet MiroirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant