Chapitre 5 Le bout du monde partie 1

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Luna marcha toute la journée dans la vallée. Plus elle avançait, plus elle pouvait contempler le grand mur bleu qui se dressait devant elle. Elle n'osait croire qu'elle se rendait là où le ciel connectait avec la terre. Elle dut malheureusement s'arrêter pour la nuit.

Apeurée de voir à nouveau les mangeurs d'âme, elle demanda à Arbol de monter la garde. Heureusement la noirceur passa sans contre temps. À son réveil, Luna leva son regard vers le mur bleu, déterminé de l'atteindre, peu importe ce que cela couterait. Elle franchit la vallée en suivant les indications des esprits qui la conduisirent vers le sommet d'une montagne. La forêt s'amenuit pendant le voyage laissant à nouveau place à des roches clairsemées de petits arbres.

La nuit tomba à nouveau, mais cette fois-ci, Luna était sûre de ne pas être embêtée par les mangeurs d'âme, puisqu'aucun esprit dans les environs n'avait vu ces abominations ni même entendu de rumeurs à leurs propos.

Durant son voyage, elle remarqua qu'elle portait une cicatrice sur le mollet. Une trace blanche qui lui parcourait la jambe là où le mangeur d'âme l'avait atteint. Cette marque inquiéta Arbol qui ne put s'empêcher de demander en la voyant :

― Comment c'était? Qu'est-ce que tu as ressenti lorsque le mangeur d'âme t'a touchée?

Luna hésita, car s'il était difficile de décrire une sensation, c'était encore plus compliqué de l'expliquer à un être non sensoriel.

― C'était froid, comme le jour où l'on s'est rencontré. Non, même plus froid que cela. C'était gelé. Puis, je ne sentais plus la douleur comme si... comme si le mollet ne faisait plus partie de moi. Comme s'il était...

― Mort...

― Oui. J'ai cru que je l'avais perdu. Mais, tu vois, il fonctionne à nouveau.

― Comme avant?

Luna hésita, puis elle mentit, non pas à Arbol, mais à elle-même.

― Oui, comme avant.

C'était faux. Pendant qu'elle gravissait la montagne, elle sentait sa jambe qui manquait de force et qui se fatiguait plus rapidement qu'à l'habitude. Elle ne dit rien. Elle agit comme si elle ne vivait pas cette faiblesse. Elle se voilait face à la réalité.

Après quelques jours à marcher et à discuter avec Arbol, Luna arriva enfin dans un sillon qui la mena au bout du monde. Impressionnée, l'adolescente regarda à gauche et à droite le grand mur qui semblait s'étendre à l'infini. Elle n'en croyait pas ses yeux de s'être rendu devant ce phénomène qui la dépassait complètement. Elle finit par relâcher son regard et enfin regarder autour d'elle. Une déception s'empara aussitôt de son coeur. Les humains ne se trouvaient pas là où elle pensait les voir. Elle avait traversé l'entièreté de ce monde et il n'y avait aucune trace des siens. Aucun arbre de cette forêt n'avait aperçu un membre de son espèce.

Pour la jeune femme, cela ne pouvait signifier qu'une seule chose. L'ancien avait raison lorsqu'il avait dit qu'il se trouvait quelque chose au-delà du monde. Mais, comment était-ce possible ? Qu'est-ce qui pouvait se cacher au-delà du bout du monde et comment?

― Dis-moi Arbol. Si le monde a une fin, comment peut-il y avoir quelque chose derrière?

― Il n'y a rien en arrière, répliqua Arbol. Lorsque l'on arrive au bout du monde, il n'y a rien. C'est probablement comme une caverne. Il n'y a rien à l'extérieur.

― Les cavernes sont dans les montagnes et nous savons qu'il y a des choses au-delà des montagnes.

― Tu as raison. Mon exemple n'était pas approprié. Cependant, je ne pense pas qu'il y ait quelque chose au-delà du bout du monde. Il est fortement possible que lorsque l'on essaie de traverser la paroi bleue, nous soyons directement envoyés dans l'abysse éternel.

La plaine fantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant