Chapitre 6 Viejopico partie 1

61 11 50
                                    

Lorsque Luna descendit enfin de la montagne, elle entra dans une crevasse et soudainement, elle se tenait à quelques pas de la limite du monde. Une lumière verte et mauve ondulait devant elle, mystérieuse et menaçante. L'adolescente passa sa main derrière l'ondulation pendant qu'Arbol lui criait:

― En es-tu vraiment sûr? Peut-être que seuls les fantômes peuvent traverser...

Mais c'était trop tard, la jeune femme avait passé de l'autre côté. Aussitôt, le froid s'empara d'elle et l'air devint plus difficile à respirer. Malgré cet état inconfortable, l'adolescente prit le temps de contempler chaque bulle que formait ce que l'esprit mauve appelait les « mondes ». Puis, elle leva les yeux vers le ciel et elle aperçut des étoiles par millions avec une trainée colorée qui la traversait avec une netteté inégalée. Luna s'en émerveilla, puis elle se rappela que les fantômes pouvaient facilement se déplacer entre les mondes, alors elle pressa le pas vers la bulle contenant la lune verte.

L'aventurière continua son chemin dans la crevasse tout en regardant autour d'elle à la recherche d'une menace. Rapidement, le duo remarqua qu'il n'y avait aucune vie, aucune racine, aucune mousse, aucune terre entre les mondes, seulement de la roche. Malgré cette réflexion, les deux compagnons continuèrent leur marche le long de la crevasse sans tourner les talons. Cela ne prit que très peu de temps avant que Luna arrive aux lumières vertes et mauves qui la séparaient de l'autre monde.

En traversant, elle sentit une chaleur réconfortante parcourir son corps. Elle était de l'autre côté, dans un autre monde. Ce lieu montrait de grandes similitudes avec l'entre-monde par son absence de toutes formes de vie. Seulement des roches et un flanc très abrupt se dressaient devant le duo.

Luna leva les yeux et elle aperçut d'immenses pics sans neige. Aucune source d'eau n'était visible dans ce monde aride. Le soleil commençait à se lever et il diffusait une lumière verte. C'est alors que Luna aperçut des vapeurs verdâtres et opaques qui volaient au gré du vent, formant parfois d'impressionnantes et pourtant effrayantes tornades. Rapidement, l'adolescente se mit à tousser après avoir senti la forte odeur qui émanait de ce monde.

― Qu'est-ce que cet endroit? demanda Arbol.

― Je ne sais pas plus que toi, fit remarquer Luna.

― Tout semble si... mort. Je ne vois que la désolation. Un monde raté qui ne peut pas accueillir la vie.

La jeune femme sentait un malaise en constatant que ce monde était inhospitalier et chaotique. Cependant, elle ne voulait pas baisser les bras, elle ne voulait pas céder à la panique de son compagnon, alors elle convia:

― Nous ne pouvons pas faire demi-tour. Nous n'avons pas d'autre choix que d'avancer.

Cependant, ces paroles ne rassurèrent point Arbol qui se sentait terrifié. En particulier lorsqu'ils passèrent de l'autre côté du flanc et qu'ils aperçurent enfin un brin de vie marqué par la douleur et le désespoir. Un petit arbre se tenait seul au seuil de la mort. Les feuilles qui lui restaient étaient toutes fanées et sur le point de tomber. Lorsque le duo arriva près du mourant, Arbol essaya d'attirer son attention. Toutefois, ce fut en vain, il n'eut aucune réponse.

― Est-il... mort? demanda Luna.

― Je ne crois pas, dit Arbol. C'est étrange. Il n'est peut-être pas très bavard ou bien trop faible pour se montrer à nous.

Luna s'approcha, mais elle vit aussitôt la raison du silence de l'arbre. Juste derrière les rochers se trouvait deux yeux rouges. Un fantôme arpentait la montagne en plein matin. Aussitôt Luna se plaqua au sol et observa la créature se déplacer sans vie.

― Un fantôme, murmura Arbol.

― Je sais, je l'ai vu.

― Qu'est-ce qu'il fait ici en plein jour?

― Je ne sais pas. Ce n'est pas bon signe.

La créature s'approcha du duo en marchant lentement.

― Nous faisons quoi? demanda Arbol. Nous courons?

― Attends, on observe pour le moment.

La créature continua de s'approcher au grand désespoir d'Arbol. Le coeur battant de plus en plus vite, Luna se mit à paniquer. Si le monstre approchait trop, ce serait la fin pour l'adolescente. C'est alors qu'il s'arrêta au grand soulagement du duo, mais seulement pendant un petit moment. Il reprit sa lente marche et finit par tourner sa tête. Il les avait vues! Luna se leva et déguerpit le plus vite possible, mais un autre fantôme surgit derrière une crête et lui barra la route. Elle ne l'avait pas vue. Avec ses bras exceptionnellement longs, le monstre réussit à toucher une mèche de l'adolescente qui devint immédiatement blanche. La jeune femme se mit à courir vers le sommet de la montagne. Les monstres la suivaient de près. Ceux-ci n'avançaient pas rapidement, mais ils n'étaient pas gênés par le dénivelé qui eut raison du mollet de Luna. Incapable de courir davantage, l'adolescente avança le plus rapidement possible à la marche. Son coeur battait à la chamade et une sensation d'étouffement prit son emprise sur elle. Avec la tête qui tournait, elle se mit à paniquer, de peur de ne pas y arriver cette fois-ci.

― Vite, s'écria Arbol.

― Tu... peux bien... parler... tu... ne sens pas... l'escarpement, dit Luna en essayant de reprendre son souffle.

― Ils sont près Luna, leurs mains sont proches de toi!

L'aventurière s'efforça à escalader des rochers au grand désarroi d'Arbol qui voyait les créatures monter ces obstacles comme s'ils n'étaient pas présents.

― Dépêche-toi, Luna. Ce sont des ombres, ils n'ont pas du mal à se hisser où que ce soit. Je vais te guider pour ne pas perdre de temps.

Arbol chercha le chemin le plus avantageux pour Luna. Si les créatures n'étaient pas indisposées par les montées, ils n'étaient pas non plus avantagés par les descentes. Arbol trouva un petit dénivelé vers le bas que Luna emprunta pour semer les créatures. L'aventurière réussit à reprendre un petit pas de course. Sans jamais regarder derrière, elle dévala la pente en espérant être assez rapide. Ce n'est qu'après un temps qu'Arbol annonça à la survivante qu'il avait perdu de vue les deux fantômes. Lorsqu'elle fut enfin à l'abri, Arbol lui dit en panique:

― Nous n'aurions pas dû venir ici. Si les fantômes peuvent y être, alors il est peu probable que les humains y soient aussi.

Luna le regarda dans les yeux, désespérée par ses mots. Elle prit une grande respiration, puis elle lui avoua:

― C'est faux, Arbol. Si je devais me cacher, j'irais au sommet de la montagne. J'y serais en sécurité. C'est plus proche du soleil et... si j'avais à me sauver, je pourrais descendre la montagne au lieu de la monter.

― Tu veux te rendre au sommet? Comment vas-tu faire dans ton état ? Tu tiens à peine debout et ton mollet...

― Avec de la volonté, Arbol. Juste de la volonté. Si je m'arrête ici, je pourrais me réveiller sous l'emprise de l'un de ces monstres. Ce n'est pas un risque qui en vaut la peine.

Luna se leva et essaya de marcher, son mollet touché par un fantôme lui faisait très mal. Elle le massa un peu, puis se remit à monter la montagne. Plus elle marchait, plus elle se sentait étouffée par l'odeur nauséabonde. Très rapidement, elle se mit à avoir mal à la tête. La main sur la jambe et l'autre sur le front, Luna passa entre deux flancs. 

La plaine fantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant