Chapitre 24 Le Pantéon partie 1

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Luna entra enfin dans le monde du Pantéon. De l'autre côté de la lisière noire se trouvait une ville obscure. La barrière générée par la sphère endommagée empêchait les rayons des étoiles d'y pénétrer plongeant ainsi ce lieu dans des ténèbres encore plus sombres que l'entre-monde. Seuls le bâton de Luna et l'enveloppe corporelle d'Arbol produisaient de la lueur dans cette hécatombe. 

Submergée par l'angoisse, Luna se senti obligée de prendre une grande respiration dans une vaine tentative de se calmer. Le temple de la création pouvait se trouver n'importe où et le Pantéon était un monde si grand. L'aventurière se mit aussitôt à faire quelques pas en observant le peu qu'elle pouvait apercevoir. Un sol pavé, des maisons blanches cordées les unes à côté des autres. Aucune végétation, aucune vie en vue.

― Sans soleil, aucune plante ne peut grandir, songea la jeune femme.

Puis, elle continua son avancée dans les rues lugubres de cette cité abandonnée. À sa grande surprise, les bâtiments avaient gardé une certaine splendeur, car apparemment aucune grande bouche ne les avait saccagés. Un monde immobile et mort se tenait devant elle comme s'il avait été figé dans le temps. C'est alors que Luna arriva à une place publique. L'espace était ouvert et elle put y apercevoir quelques yeux rouges dans certains recoins. L'un des fantômes se situait près d'une fenêtre dans une maison. L'autre était posté à gauche tandis qu'un dernier arpentait un toit.

Le coeur de l'exploratrice se mit à battre rapidement et ses mains devinrent moites. Elle devait passer. Alors, elle s'accroupit et attendit longuement. Rien à faire, l'un d'eux scrute toujours la place publique lorsque les autres détournent le regard. Rapidement, elle maudit cette situation embarrassante. Elle ne pouvait pas attendre indéfiniment tandis que ses adversaires avaient l'éternité devant eux.

Soudainement l'aventurière regarda brusquement derrière elle. Si l'un d'eux venait la surprendre pendant qu'elle ne surveillait pas ses pas? L'exploratrice devait rester vigilante.

C'est alors que le moment vint. Luna se leva et courut le plus rapidement possible jusqu'à un puits. Elle termina sa course en se jetant à terre pour ne pas se faire voir. Aussitôt, Arbol leva la tête pour observer les fantômes, mais Luna tira sur son bras pour le ramener vers elle.

― Qu'est-ce que tu fais? chuchota Luna.

― Je guette, répondit Arbol.

― Tu ne peux pas faire ça. Les fantômes ne sont pas comme la grande bouche, ils peuvent te voir.

L'être spectral resta surpris, car il avait complètement oublié ce détail. Il se cacha près de son hôte avant de lui demander:

― Comment allons-nous savoir qu'il est temps?

― Reste là. Laisse-moi faire.

La jeune femme se leva pour voir un peu, puis elle se cacha en espérant que les fantômes ne l'avaient pas aperçue. Elle regarda frénétiquement autour d'elle pour s'assurer qu'un mangeur d'âme n'allait pas la surprendre. Après un certain temps, elle convint qu'elle n'avait pas été repérée. Alors elle regarda de nouveau et s'aperçut qu'un fantôme fixait exactement sa direction. Cela ne prévoyait rien de bon. Que pouvait-elle faire?

C'est alors qu'elle remarqua des yeux rouges au loin devant. Un fantôme venait dans sa direction. L'exploratrice devait bouger au plus vite. Lentement, Luna traversa la place publique en restant accroupie et en espérant ne pas être repérée. Lorsqu'elle quitta enfin cet endroit, elle se mit à courir pour distancer le plus possible les fantômes derrière. Elle courra un temps, puis elle s'arrêta avant de regarder les alentours.

― Ça ne sert à rien, dit Arbol. Aussi longtemps que nous ne trouvons pas le temple de la création, nous pouvons courir sans fin.

― Tu as raison, dit sa compagne qui passa près d'une maison.

D'un coup, elle ouvrit la porte et entra.

― Qu'est-ce que tu fais? demanda son acolyte.

― Je veux voir plus loin, répondit-elle.

Luna traversa une salle, puis une autre avant de trouver un escalier qu'elle monta. Une fois en haut, elle scruta pour s'assurer qu'il ni avait aucun agent de la mort. Rien, il n'y avait rien, alors elle se positionna au niveau de la fenêtre et sortit sur un petit balcon. Elle regarda autour d'elle et elle aperçut un fantôme qui traversait la rue où elle se trouvait plus tôt. Elle fit mine de rien et sauta sur le toit carré du bâtiment blanc. Puis, elle observa autour d'elle brièvement.

― Que comptes-tu voir dans toute cette noirceur? demanda Arbol.

― Je ne sais pas, dit son amie. Je cherche un indice.

C'est alors qu'elle aperçut au loin une petite lumière intermittente. L'exploratrice regarda avec intérêt cette lueur perchée au loin dans le rideau de noirceur et elle comprit alors.

― Regarde, là-bas! Cette lueur peut-elle être du liquide or?

― À cette hauteur?

― Peut-être. Avec tout ce que nous avons vu, ce n'est pas impossible.

― C'est loin, Luna.

― Nous ne pouvons plus tourner les talons, Arbol. Nous devons aller de l'avant, peu importe la distance à parcourir.

― Je sais. Je faisais juste la remarque, déplora l'entité spectrale.

L'héroïne regarda de nouveau la lueur intermittente, puis elle se mit en mouvement avant de se rendre compte qu'elle n'était plus seule. Des fantômes avaient aperçu sa présence au-dessus des bâtiments. Des points rouges s'approchaient de sa position. Elle devait bouger!

L'aventurière se mit à courir sur le toit le plus rapidement qu'elle le pouvait. Son acolyte la suivit, mais il réalisa que cette voie ne menait à rien. C'est alors que sans crier gare, Luna sauta dans le vide et atterrit sur un autre toit. La distance était grande, mais elle n'était pas infranchissable. Parfois, les bâtiments étaient tout simplement collés. D'autres fois, le toit avait un angle. Luna sauta quelquefois avec réussite, mais au huitième saut, la distance se révéla trop grande. Trop tard, l'acrobate avait déjà sauté. Elle percuta le mur et chuta au sol. La douleur fut immédiate et elle prit Luna par surprise. Elle relâcha enfin son air en levant la tête. Ses côtes la faisaient souffrir, mais si elle voulait survivre, elle devait se lever et se remettre à bouger. La jeune femme prit son bâton et l'utilisa pour s'aider à se relever avant de reprendre sa course. 

La plaine fantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant