Chapitre 12 Descortées partie 3

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Luna regarda autour d'elle, puis elle se mit à scruter les parois de la salle circulaire. Il y avait des mots, mais ceux-ci n'indiquaient pas la façon d'opérer le soleil en soi. L'exploratrice glissa ses doigts sur les murs, puis elle se mit à lire. Arbol regarda sa compagne patiemment en espérant qu'elle allait enfin lui révéler ce qu'elle pouvait bien lire. C'est alors qu'après un certain temps, la lectrice ouvrit enfin la bouche pour lui dire:

― Tout cela, ce sont des histoires qui représentent les valeurs que nous avons vues plus tôt. Les gens devaient se regrouper ici. Il devait y avoir une cérémonie ou ces histoires étaient contées. Chacune représentant une valeur de la société.

L'aventurière continua de lire, puis son regard s'arrêta sur une grande peinture laissée par les anciens. La jeune femme fit un petit sourire, puis l'être spectral s'approcha d'elle.

―J'ai vu cela quelque part.

―En effet, Arbol.

Luna contempla un homme prenant la fuite sur un cheval. Ces poursuivants n'étaient nulle autre que des êtres ressemblant aux fantômes.

― Qu'est-ce qui est écrit?

― C'est l'histoire de Descortées. Il était une fois, un homme qui manquait de respect envers tout le monde. Il riait et riait de la misère des autres. Tous lui disaient de ne pas se moquer. Que cela blessait et qu'il lui arriverait malheur, mais Descortées ne les écouta pas. Il riait et riait des problèmes de ses comparses. Un jour, il trouva un homme qui allait chuter d'une falaise. Le voyant essayer en vain de se sortir de cette fâcheuse situation, Descortées se mit à rire. Il ne prit pas les demandes à l'aide de l'homme au sérieux. Alors, Descortées continua sa route. Le lendemain, le corps de l'homme fut retrouvé, sans vie. Lorsque Descortées apprit la nouvelle, il se mit à rire de la malchance de ce monsieur. Mais, lorsque la nuit vint, Descortées perdit son chemin. À travers la montagne, il entendit un écho, puis soudainement, des agents de la mort se mirent à chasser l'être malicieux. Celui-ci prit la fuite, mais leur grand nombre eut raison de sa course. Descortées se mit à pleurer son malheur. Sachant qu'il allait mourir, l'homme demanda pardon à tous ceux qu'il avait offensés, car il avait enfin compris ce qu'ils vivaient et il se sentit honteux. Les esprits écoutèrent sa demande et eurent pitié de lui. Ils voulurent lui laisser une autre chance, mais nulle ne peut arrêter les agents de la mort. Alors, les esprits firent appel à un cheval. Celui-ci vint au secours de Descortées. L'homme monta le cheval qui se déplaça si rapidement qu'aucun agent de la mort ne fut en mesure de l'attraper.

― Alors, il est possible pour les humains de se déplacer à dos de cheval?

― Attend, attend!

Luna commença à avoir une idée qui fourmillait dans son crâne. Ses pensées se bousculèrent dans sa tête, puis elle finit par s'exclamer!

― Arbol. Si... Si c'est vrai. C'est formidable. J'en perds mes mots. Arbol! Nous avons peut-être une nouvelle piste.

― Qu'est-ce que tu veux dire?

― Je repense à ce que l'ancien nous a dit. Il nous a parlé d'un arbre vieux comme le monde qui vivait à l'endroit le plus inhospitalier, la plaine fantôme. L'ancien nous a envoyés dans une quête pour retrouver les humains, réparer le soleil et pour cela il nous a conseillé de demander de l'aide à l'arbre de la plaine fantôme. Nous avons trouvé des humains, mais ils ne se rappellent de rien. Nous avons trouvé comment changer le soleil, mais nous ne savons pas comment les réparer. Depuis, le début, nous faisons les choses à l'envers. Notre but premier est de parler avec cet arbre. Lui pourra probablement nous dire avec exactitude ce qui s'est passé et comment réparer les soleils. Toutefois, nous avons écarté cette idée à cause de l'esprit mauve qui nous a dit que la plaine fantôme était l'endroit le plus dangereux sur terre. Cependant, selon l'histoire de Descortées, il est possible de passer entre les fantômes si nous utilisons un cheval. Ce que nous avons vu au tout début de notre épopée, lorsque nous étions dans ton monde. Cela signifie que si nous retournons dans ton monde et que nous allons chercher un cheval, nous serons alors en mesure de contourner les fantômes et de nous rendre jusqu'à l'arbre. Arbre qui plus est, se trouve exactement au centre de la plaine fantôme. Là où nous devrions trouver un autre temple. Arbol, nous avons une chance!

L'être spectral fit un petit sourire, mais il sentit le besoin de mettre un bémol à la joie de son hôte.

― Pour cela, nous devons passer par le monde rouge. Un monde presque aussi dangereux que la plaine fantôme. Pour ce faire, nous ne pourrons pas utiliser un cheval, puisque nous n'en avons pas.

― Ne fais pas ton rabat-joie, Arbol. Nous avons presque gagné.

L'esprit végétal n'en était pas persuadé, mais il se ravisa de s'interposer. Le bonheur de Luna générait en lui une joie intense. Alors, il fit mine de rien tandis que l'aventurière tourna sur elle-même. Elle cherchait de toute évidence une autre façon de sortir du temple, mais elle remarqua rapidement qu'un éboulement avait clos l'entrée.

Malheureusement, l'exploratrice n'eut d'autre choix que de grimper le long de l'iris. Ses mains déjà meurtries lui faisaient mal, mais une aide insoupçonnée lui permit de monter le long de l'ouverture. Une odeur fraiche provenant du nouveau soleil. Luna put ainsi grimper sur la paroi beaucoup plus aisément. Dès qu'elle quitta le temple, Arbol risqua un dernier regard vers la sphère. Immédiatement, il remarqua le squelette couché au pied de l'interface. La tête position vers le ciel, le défunt semblait demander pitié. Prisonnier depuis de nombreuses années, cet être inconnu avait succombé dans ce triste tombeau sans avoir la chance d'être parmi les siens. Qui était-il? Quel était son nom? Pourquoi n'avait-il pas activé le soleil? Arbol continuait de se poser ces questions pendant que Luna montait avec une vivacité qui lui avait été encore inconnue. La jeune femme grimpa sur la paroi comme si ses mains ne la faisaient plus souffrir. L'espoir avait de nouveau trouvé domicile dans son coeur. Lorsqu'elle arriva enfin au sommet, elle ne put que s'enchanter du nouveau décor.

― Sans ce soleil de malheur, cet endroit doit être magnifique, avoua la jeune femme.

― En effet, mais même avec ce nouveau soleil, les méfaits restent imprégnés. Le nuage, bien que moins épais, est toujours présent, renchérit l'être spectral.

Lune ne fit qu'hocher la tête, puis elle remarqua des petits cailloux formant un chemin. Elle pensa aussitôt à Enfermo qui l'attendait au bout de ces petites roches. Elle les suivit sans attendre et rapidement, elle aperçut le petit homme au loin. Celui-ci s'empressait de rejoindre son amie. Ses yeux globuleux restèrent grand ouverts lorsqu'il arriva enfin auprès de l'exploratrice.

― Tu as réussi, Luna. Tu as changé le soleil.

― Ce n'est pas terminé, Enfermo. Le soleil est peut-être changé, mais il n'en est pas moins réparé. Tu dois maintenant m'aider. Je dois me rendre à la plaine fantôme. Ramène-moi à l'endroit où nous nous sommes rencontrés.

Le guerrier resta surpris par la demande de la sauveuse. Il plissa les sourcils et demanda d'un air intrigué.

― Pourquoi partir si rapidement?

― Nous sommes sur une piste pour réparer le soleil. Nous devons nous hâter.

― N'as-tu pas le temps de rendre visite à la tribu avant de quitter?

― Nous sommes pressés. Plus rapidement nous sortirons d'ici, plus rapidement nous trouverons le moyen d'arrêter la fin du monde.

― Tu es si pressé? Tu ne prendras pas le temps de dormir et de manger? La fin du monde est si proche?

Arbol jeta un coup d'oeil à son amie, puis elle finit par acquiescer.

― Nous avons probablement le temps de nous arrêter. Peux-tu nous ramener à la tribu?

― Excellent! s'égaya Enfermo. Tout le monde sera si heureux de te revoir. Nous étions sûrs que le monstre t'avait... bien... cela n'a pas d'importance. Viens!

Leguide se mit en route et elle le suivit deprès.   

La plaine fantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant