Chapitre 16 La communauté partie 2

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Luna n'eut pas le temps de vraiment comprendre ce qui se passait. Tout se déroulait trop rapidement. Les enfants se mirent à crier et à pleurer dans une cacophonie étourdissante. C'est alors qu'un mangeur de chair passa près d'elle et agrippa un jeune avant de repartir dans le bois. Puis une autre peau grise chargea vers elle, mais l'exploratrice réussit à s'enfuir à travers ce chaos. Malheureusement, cette action porta l'attention de l'un des monstres vers un autre gamin et il s'en empara. L'adolescente, courant plus vite que les jeunes et étant plus agile, put éviter les mangeurs de chair qui s'acharnèrent sur les moins rapides. 

Peu de temps après, Luna aperçut la dernière peau grise partir avec l'un des petits garçons. Elle le contempla s'engouffrer dans la forêt tandis que les cris du petit être lui fendirent le coeur.

― Qu'est-ce qui vient de se passer? demanda Luna à elle-même.

― Ça s'est passé si vite, reprit Arbol.

L'exploratrice regarda autour d'elle. Les enfants restants étaient peu nombreux et ils ne firent rien pour porter secours aux otages. Ils les regardèrent partir sans oser lever le petit doigt, trop apeurés d'être pris eux-mêmes aux pièges. Pendant un instant, l'héroïne pensa que des enfants la blâmeraient pour cette attaque, mais cela n'eut pas lieu. La jeune femme comprit aussitôt que ceci n'était pas la première fois. Clairement, les mangeurs de chair connaissaient la localisation de la communauté et ce n'était pas la première attaque que l'attroupement d'enfants subissait.

― C'est horrible. En peu de temps, il ne restera plus personne, avoua Luna.

― C'est la dernière génération. Comme à la montagne verte.

L'aventurière s'agenouilla sur le sol mouillé. Le regard dans le vide. C'est alors qu'Arbol comprit que la jeune femme était sur le bord de craquer. C'était trop pour elle. Voir de nouveau la mort en face. Elle n'en pouvait plus. Lorsque son esprit essaya d'éprouver de l'empathie pour les enfants, il se protégea aussitôt avec le dénie.

― Ils vont bien aller, dit l'exploratrice.

Son compagnon arqua le sourcil, car il savait que Luna se mentait à elle-même. Ce n'était pas la première fois qu'elle le faisait. Elle essayait de se protéger. Arbol réfléchit pendant un moment. Devait-il la ramener à la réalité ou risquait-il de la voir de nouveau s'écrouler? Malheureusement, il avait besoin que son hôte reste forte. Lui et tous les mondes en avaient besoin. Alors, il préféra se taire. Lui laisser croire que ces enfants avaient une chance. Qu'elle n'avait pas le devoir moral d'agir et de les aider. L'être spectral pensa qu'il valait mieux qu'elle se penche sur sa quête. Elle devait trouver la solution pour réparer les soleils.

― Nous ne pouvons pas passer par le territoire des mangeurs de chair, s'exprima Arbol. Ceux-ci sont trop rapides et couvrent une trop grande distance. Nous devons trouver un autre moyen.

― Est-ce qu'ils iront bien? demanda l'héroïne.

Arbol tressaillit, puis il reprit:

― Luna, tu dois rester concentrée sur notre mission.

―Ils... ils vont mourir, Arbol.

L'esprit soupira, puis il s'engagea dans une voie qu'il aurait aimé éviter.

― Je sais, Luna. Tu ne dois pas aller à leur secours.

― Ils vont mourir, Arbol. Ils vont tous mourir. D'abord eux, puis ensuite la tribu de la montagne verte. Je ne peux pas traverser le territoire des peaux grises. Si je ne peux pas, je ne pourrais pas monter à cheval. Je ne pourrais pas voir le grand arbre de la plaine fantôme. C'est la fin, Arbol.

― Calme-toi! Cette ligne de pensée ne nous mènera à rien. Tu dois reprendre sur toi. Il doit y avoir un moyen de passer sur le territoire des peaux grises. Peut-être pouvons-nous passer par l'entre-monde?

La plaine fantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant