Chapitre 20 Caballo partie 3

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La sauveuse regarda une dernière fois derrière elle en se disant que de tous ces êtres, aucun n'avait jamais voyagé entre les mondes comme elle le faisait. Elle quitta en disant "Adieu" au monde d'Arbol. Son meilleur ami, lui, sentit une immense peine de laisser derrière lui son lieu de naissance. Cependant le duo resta fort, car ils savaient que leur destin était promis à plus grand.

Avant de mettre les pieds de l'autre côté de la lisière du monde, Luna entendit son nom au loin. Elle se tourna une dernière fois vers la forêt, puis elle aperçut trois enfants, Tristeza, Perdida et Luto. L'aventurière hésita un moment, car elle ne voulait pas partir sous un regard peiné des enfants, mais à sa grande surprise, il n'y avait aucune larme.

― Attendez, Luna, cria Perdida.

La jeune fille s'approcha du cheval avec un regard ébahi par son héroïne qui chevauchait la créature la plus formidable qu'elle avait vue de sa vie. Toutefois, son attention revint rapidement à l'aventurière et elle prononça ces quelques mots:

― Avant que tu partes, nous voulions te remercier pour tout ce que tu as fait pour nous.

― Oui, merci pour tout, renchérit Tristeza. Nous voulons aussi te souhaiter bon voyage. Tu nous as beaucoup aidés et nous espérons que tu pourras aider tes autres amis. Nous espérons que tu trouves ce que tu cherches.

― Vous n'allez pas essayer de m'empêcher? demanda Luna.

― Non, reprit Perdida. Tu as été claire à ce sujet. Tu nous as dit que tu ne voulais pas que nous t'arrêtions. Sauf, si tu as changé d'idée.

― Je n'ai pas changé d'idée.

― Nous voulions, reprit Tristeza, que tu saches que tu n'as pas à t'en faire pour nous. Nous avons commencé à visiter ce grand monde avec les esprits comme guides. Nous avons entendu parler de la fin du monde et nous savons ce que tu comptes faire... l'affronter.

― Je ne l'affronte pas. Je l'ai acceptée. Je cherche seulement des réponses, expliqua Luna.

― J'en ferais autant, dit Tristeza. Si la fin du monde n'a pas tout détruit avant que je n'atteigne ton âge, alors je suivrais tes pas.

― Moi aussi, dit Perdida.

― Moi aussi, renchérit Luto.

― C'est un voyage très difficile, expliqua l'exploratrice.

― Savoir que quelqu'un l'a complété avant nous me donnera la force de le faire, expliqua Trsiteza. Pour cela, je dois te remercier, Luna.

L'aventurière se sentit touchée par les mots des enfants. Jamais elle ne pensait qu'elle allait inspirer les derniers jeunes du monde à donner le meilleur d'eux-mêmes. Qu'elle serait un modèle pour plusieurs ! Ses lèvres se mirent alors à trembler pendant qu'elle cherchait ses mots, mais les enfants lui coupèrent la parole en lui disant:

― Merci, Luna.

Puis, ils repartirent vers les montagnes. La jeune femme n'eut le temps que de murmurer:

― Adieu, mes amis.

Sur ces mots, l'aventurière se tourna et pour une nouvelle fois, elle passa dans l'entre-monde. Cet endroit si étrange. Cette fois, la jeune femme ne regarda pas les étoiles, elle se concentra sur le chemin. Ses pensées passèrent des enfants à l'étrangeté de l'entre-monde. D'un coup, un grand nombre de réflexions vinrent à son esprit.

Elle constata que ce lieu noir affichait plusieurs similarités avec les autres régions. Les montagnes traversaient les différents écosystèmes comme si aucune barrière physique ne les empêchait. C'est alors que l'aventurière se demanda pourquoi les bulles que formaient le pouvoir des sphères laissaient une portion dans le noir? Est-ce que l'entre-monde était une grande étendu parsemé de temple de lumière? Est-ce que l'esprit mauve avait raison? Est-ce qu'un soleil unique avait déjà dominé la terre? Ces pensées lui amenèrent plusieurs questions qu'elle aurait l'occasion de poser au plus ancien des arbres.

C'est alors qu'elle entra dans le monde rouge. Bien qu'il y ait un nouveau soleil, cet endroit donnait toujours froid dans le dos de l'exploratrice. Elle regarda les structures des peaux grises en se disant que ceux-ci avaient propagé des cauchemars dans les songes des enfants pendant trop de générations. Sur son chemin, Luna pensait à ce qu'elle avait vécu et malgré la transformation qu'elle avait subie, elle sentait toujours une certaine tristesse. Une injustice viscérale que ces monstres avaient imposée à ces pauvres enfants.

Après un certain temps, elle arriva enfin à la limite de ce monde. Pour s'assurer de sa sécurité, elle préféra dormir dans le monde rouge. Elle fut exposée pendant ce temps, mais Arbol avait pris l'habitude de guetter toute la nuit. De plus, avec Caballo, elle avait la possibilité de prendre la fuite beaucoup plus rapidement. Elle réussit donc à s'endormir à la lisière du monde rouge et de l'entre-monde. Perchée en haut d'une colline, les fantômes ne remarquèrent pas sa présence... du moins, pour cette fois. Au lever du soleil, Luna se réveilla par elle-même. Elle regarda le grand rideau rouge, puis elle dit:

― C'est le moment, Arbol. Le moment que nous avons tant attendu. Nous y sommes enfin. Les réponses à nos questions nous attendent.

Sur ces mots, Luna embarqua sur Caballo, puis elle traversa le grand rideau rouge qui la menait à la plaine fantôme.

La plaine fantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant