Chapitre 18 Le temple de la mort partie 2

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L'autre côté du couloir se trouvait la même pièce circulaire particulière aux temples. En son centre, la grande sphère bleutée. Des fils connectés à la sphère palissaient les murs. Ceux-ci se connectaient à des dispositifs étrangers à la jeune femme. Ces mécaniques étaient à l'origine des mouvements perpétuels des pièges que l'aventurière venait d'affronter. Distinctement, les peaux grises savaient utiliser une vieille technologie à une certaine époque. Une connaissance qu'ils avaient probablement perdue eux aussi avec le temps.

Comme Luna en avait pris l'habitude, elle se rendit au terminal et elle cliqua sur le bouton de gauche. Soudainement, il y eut un bruit sourd qui résonna dans toute la pièce. L'iris se mit à s'ouvrir et des arbres entiers tombèrent dans l'immense gouffre qui se forma au-dessus de la sphère.

Arbol se crispa en voyant la scène. Il n'appréciait guère de voir ses congénères mourir à cause d'une naissance au mauvais endroit. Ensuite, l'être spectral regarda la sphère et il espéra que celle-ci réussisse à monter dans le ciel malgré les éboulis qui l'engloutissaient et tous les fils qui s'y connectaient.

Lorsque l'iris fut complètement ouverte, Luna mit sa main sur l'afficheur. D'un coup, la sphère s'éleva d'une bonne hauteur. C'est à ce moment que la jeune femme regarda le ciel. Il était noir depuis un certain temps. Elle comprit alors qu'elle était restée trop longtemps dans ce temple. Puisque minuit était passé, elle devait attendre jusqu'au midi le lendemain.

― Est-ce que tu crois que cela va fonctionner? demanda Arbol.

― Il le faut. Sinon, nous devrons essayer de passer le territoire des mangeurs de chair à la course.

― N'est-ce pas un peu dangereux de traverser ce territoire à la course? Les mangeurs de chair se sont montrés beaucoup plus rapides que toi à plusieurs reprises. Si le dispositif ne fonctionne pas, nous devrions peut-être trouver un autre plan?

― Il n'y aura pas d'autre plan. Espérons seulement que ça fonctionne. Espérons aussi que les mangeurs de chair ne découvrent pas l'ouverture de l'iris avant midi.

Arbol émit un long soupir, puis les deux êtres se mirent à attendre. Luna regarda les inscriptions sur les murs et elle les décrypta. Aucun ne mentionnait les mangeurs de chair, ce qui suggérait que les humains n'avaient pas remis les pieds dans cette pièce depuis l'arrivée des peaux grises. Cela interpella quelques questions à la survivante.

Comment cela avait-il bien pu arriver? Quand étaient arrivées les peaux grises? Comment ces parasites avaient pris le contrôle des adultes? Deux hypothèses s'offraient à elle. La première était que les parasites qui avaient transformé les adultes en peaux grises avaient frappé si rapidement que ceux-ci n'avaient pas eu le temps d'agir. La deuxième était que le soleil n'avait aucun impact sur la présence des mangeurs de chair. Toutefois, les deux hypothèses avaient leur biais.

Dans le premier cas, si les adultes s'étaient transformés d'un coup, cela ne pouvait pas s'expliquer par une dégradation lente du soleil. Dans le deuxième, si le soleil n'avait aucun impact sur les peaux grises, pourquoi n'ont-ils pas conquis les autres mondes? Avait-il peur des fantômes, du poison de la montagne verte et de la grande bouche? Avaient-ils épargné le monde d'Arbol seulement parce qu'aucun humain n'y vivait? Cela expliquerait la deuxième hypothèse. Toutefois, la première hypothèse tenait aussi la route si le soleil ne s'était pas dégradé avec le temps, mais que cela avait eu lieu d'un seul coup. Luna pouvait y réfléchir indéfiniment, mais sans preuve, elle ne pouvait pas tirer une conclusion claire.

Puis, la nuit tomba, le soleil se leva. Il n'y avait aucune trace des peaux grises ni des fantômes. La rosée tomba dans la grande pièce et Luna se mit à trembler, complètement frigorifié. Elle serra les dents et patienta. La boue avait fini par sécher sur son visage et elle put en retirer des morceaux. Cependant, ses vêtements restèrent inconfortables. Elle mangea ses dernières réserves, en attendant le grand moment. Son regard passait souvent à la base de l'iris. Une partie d'elle avait peur de se faire surprendre par les mangeurs de chair. D'un autre côté, ceux-ci auraient à descendre une bonne distance pour la rejoindre ou ils devraient passer par leur propre piège. Une partie d'elle se sentait en sécurité et une autre en danger. Elle savait que la machinerie de ses ennemis la protégeait, mais elle pensa qu'elle devait aussi sortir de cet endroit. Sortir par l'iris était dangereux, mais repasser par les pièges était encore plus dangereux.

La plaine fantômeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant