28 Janvier. Monaco.
Cela fait maintenant une semaine que je suis de retour à Monaco, j'ai rendu visite à ma mère qui m'a aidée à aménager dans mon nouvel appartement, à vider les cartons et monter les meubles. Il ne reste plus qu'à gérer la déco des pièces et refaire la peinture de ma chambre. Je le ferai plus tard, je n'ai plus le courage.
Assise à la table d'un restaurant monégasque, j'attends Camilla pour qu'on puisse avoir une discussion autour d'un verre. Mes mains tremblent et ma jambe droite ne fait que bouger à cause de l'anxiété qui commence à monter. J'ai une boule au ventre qui va probablement m'empêcher de manger quoi que ce soit.
Je suis consciente que j'ai été beaucoup trop dure avec elle lors de notre dispute. Je sais pertinemment que la situation est très compliquée pour elle, mais elle n'avait aucun droit de dire qu'elle aurait pu sauver mon frère alors qu'elle ne s'est même pas aperçue qu'il était au fond du gouffre. Je pense que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase c'est lorsqu'elle a osé demander pourquoi je n'avais pas réussi à le sauver. La réponse est pourtant simple, j'ai tout essayé. Lando me répétait tout le temps "on ne peut pas sauver quelqu'un, qui ne veut pas être sauvé" et malgré ça, j'ai fait tout mon possible pour l'aider à aller mieux, tout mon possible pour lui redonner goût à la vie. Et pourtant ça n'a pas suffi, le mal était trop profond. Quand il est rentré chez lui ce soir-là, il en avait eu la nausée, assez pour se dire qu'il n'en pouvait plus de sa vie. Peut-être que ce jour-là le vide était trop grand. Va comprendre. Le seul détail qu'il a oublié et la personne qui lui a sauvé la vie : moi. Il m'avait invité à dîner ce soir-là. Je l'ai retrouvé entre la vie et la mort dans la salle de bain. Face à ce traumatisme de retrouver mon frère ainsi, mon cerveau a décidé d'effacer de ma mémoire cette partie-là de la soirée. Seuls des flashes reviennent de temps en temps à des moments totalement inattendus et qui me brisent le cœur à chaque fois. Le seul souvenir ancré dans ma mémoire est une couleur : le rouge, beaucoup trop de rouge. Beaucoup trop de sang.
La seule question qui perdure est, s'il n'avait pas rencontré Layla après ses cinq semaines d'hospitalisation, l'aurait-il refait ? Evidemment avec des "si" on peut refaire le monde. Lando est maintenant guérie, enfin, "guérie" est un grand mot, on ne guérit jamais vraiment d'une tentative de suicide, mais une chose est sure, mon frère est la personne la plus forte que je n'ai jamais connu et Layla est son ange gardien. Ils sont deux âmes-sœurs, deux âmes qui se complètent. Je le répète encore mais, face à la culpabilité qui me ronge, Layla a sauvé mon frère de ses tourments, chose que je n'ai pas réussi à faire, par contre je suis arrivée à temps pour le sauver physiquement et Lando fait tout pour rester fort face à cette épreuve.
A force de me remémorer ses mauvais souvenirs, une minuscule larme coule sur ma joue. Je l'essuie rapidement d'un geste de la main, comme si elle n'avait jamais existé.
- Izzya, tout va bien, me demande Camilla, qui vient juste d'arriver me faisant sursauter.
- Pardon, oui je vais très bien. Je ne t'ai pas entendu arriver. Assieds-toi, dis-je en pointant la chaise en face de moi.
- Merci, dit-elle avec un air encore plus stressé que moi. Ecoute Izzya, je tenais à te présenter mes excuses, je sais que tu ne vas pas vouloir m'écouter car pour toi les excuses ne changent rien, mais j'ai été égoïste, je ne veux en aucun cas gâcher notre amitié et encore moins gâcher le couple de Lando. Izzya, tu es ma meilleure amie et je t'aime beaucoup trop pour rester en froid avec toi. Je sais pertinemment que ton frère ne m'aimera jamais et ça a été très dur pour moi de l'admettre. J'essaye de tourner la page du mieux que je peux. Et les paroles que je tenais ce soir-là dans la salle de bain étaient en partie vraies, mais je ne regretterai jamais d'avoir présenté Layla à Lando. Jamais. C'est même l'une de mes meilleures décisions, qui soyons honnêtes, sont peu nombreuses, de les avoir fait se rencontrer. Ça m'a permis de me rendre compte à quel point j'étais aveuglée par je ne sais quoi et que je n'aimais pas vraiment ton frère, c'était seulement l'impression que j'avais, car c'était l'un des seuls garçons, sans compter Marius, à me donner de l'attention.
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Une dernière danse
Teen FictionIzzya Vitchi, atteinte de diabète, décide d'arrêter ses études de journalisme pendant un an pour vivre sa vie à fond et fuir son quotidien maussade qui se résumait à ses études et au rendez-vous chez le médecin. Lors d'un voyage à Paris, elle croi...