16 Mars. Monaco.
Comme convenu avec mon frère hier, nous sommes tous les deux allés rendre visite à notre mère encore sous le choc. Le retour de notre père en ville est un véritable fiasco pour nous et notre famille. Assis tous les trois sur le canapé du salon dans le silence, nous ne savons pas comment l'annoncer.
- Mon dieu, les enfants dites quelque chose ! Je ne peux plus supporter ce silence !
Je regarde mon frère, voyant ses yeux remplis de larmes, je sais qu'il ne pourra pas le lui dire. Je prends une grande inspiration. Je vois ma mère se lever pour aller, je pense, reprendre du thé.
- Maman, il faut qu'on parle de quelque chose d'important.
- Je t'écoute ma fille, dit-elle inquiète par le ton que j'avais employé.
- Assieds-toi avant maman, dit Lando dans un souffle.
- Non, je suis très bien debout, dites-moi ce qui se passe !
- Papa est de retour à Monaco.
Sous le choc, ma mère laisse tomber sa tasse qui heurte le sol, se brise tout comme nos cœurs. Je sursaute et les larmes coulent le long des joues de mon frère.
- Non, je ne veux pas y croire, je ne peux pas, pas lui, s'écria ma mère en s'effondrant au sol.
Lando accourt pour la prendre dans ses bras quant à moi, je reste debout face à eux incapable de bouger. Ma mère laisse échapper un cri de douleur. Elle ne veut pas revoir la personne qui l'a fait souffrir toutes ces années. Cet horrible monstre qui la battait. Je ne compte plus les nuits passées à l'hôpital avec la peur au ventre en racontant à l'infirmière qu'elle était juste tombée dans les escaliers. Le nombre de bleus et de coups que Lando et moi avions reçus. Ce monstre. Après son arrestation, le long procès et son incarcération, un soulagement avait envahi notre famille. Le chaos était fini et on a pu reprendre un semblant de vie normale. Mais là, il est revenu et il est en train de gâcher notre vie à nouveau sans même nous avoir parlé.
- Il vous a approché ? Il vous a parlé ? demande ma mère toujours au sol dans les bras de Lando.
- Non, dit-on à l'unisson.
- Bien. Si un jour ce connard, pardon pour le vocabulaire les enfants, ne le répétez pas, mais s'il revient vers vous prévenez moi tout de suite. Je ferai tout mon possible pour vous protéger de lui. Je sais que vous êtes maintenant grand et je sais que vous allez sûrement me dire que vous pouvez vous défendre, mais ne sous-estimez pas ses capacités. C'est compris les enfants ?
Nous hochons tous les deux la tête et je m'assois à côté des deux personnes les plus importantes de ma vie. Ma mère nous prend tous les deux dans ses bras et je craque. Les larmes perlent sur mes joues sans que je puisse les arrêter. Je ne veux pas être faible, pas devant eux. Je veux qu'ils voient une Izzya forte, pas une pauvre fille qui pleure tout le temps.
- Ne pleurez pas mes enfants. On est bien plus fort que lui. Vous savez, je n'ai jamais vu deux personnes aussi fortes que vous deux. Vous avez su traverser ses épreuves différemment, mais vous l'avez fait. Vous êtes en vie. Vous avez tous les deux un magnifique avenir qui vous sourit. Donc vivez vos vies à fond avant que le monde des adultes ne vous rattrape. Vivez, aimez, dansez. Personne ne vous juge, ils sont juste jaloux. Le regard des autres ne compte pas. Lando, mon chéri, tu as ton propre restaurant, tu vas te marier avec une femme merveilleuse, tu voyages et tu guéries de jour en jour, quand je vois ton sourire aussi radieux je ne peux m'empêcher d'être une mère comblée et heureuse de voir son fils aller mieux malgré les cicatrices du passé. Et toi ma fille, ma Izzya, que tu es belle et intelligente, tu vis ta vie au jour le jour, tes études de journalisme porte ses fruits et tu deviens une femme forte et indépendante, tu as des amis en or et un futur petit copain très charmant. Une mère ne peut pas être plus ravie que de voir les prunelles de ses yeux aussi soudés, complices et dévoués l'un à l'autre. Promettez-moi que quand je ne serai plus là, vous resterez toujours ensemble.
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Une dernière danse
Fiksi RemajaIzzya Vitchi, atteinte de diabète, décide d'arrêter ses études de journalisme pendant un an pour vivre sa vie à fond et fuir son quotidien maussade qui se résumait à ses études et au rendez-vous chez le médecin. Lors d'un voyage à Paris, elle croi...