Chapitre 9 : Écoute ta mère

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12 Février. Monaco.

- Izzya, ma fille, tout va bien ? demande ma mère me voyant regarder dans le vide depuis plusieurs minutes.  

-  Oui, très bien maman, ne t'inquiète pas.

- Tu es penseuse ma fille, parles moi. Je m'inquiète. Tu n'as pas dit un mot depuis que tu es rentrée à la maison. 

Après la sortie en boîte, nous sommes rentrés directement à Monaco, extrêmement fatigués.  Marius a su nous ramener en un seul morceau, malgré un petit tour sur le trottoir au moment du créneau, détail insignifiant. J'espérais, de mon côté, un signe de vie de Charles, mais rien. Pas un appel n'y même un message. À chaque notification que je reçois, j'espère secrètement que le nom "Champion", car c'est ainsi qu'il s'est nommé lui-même dans mes contacts, s'affiche sur l'écran de mon téléphone.

J'ai décidé d'aller rendre visite à ma mère, n'ayant pas la force de commencer la peinture des mures de ma chambre, ni la décoration de mon appartement. Elle avait décidé qu'au moins une fois par mois, nous devions, Lando et moi, lui rendre visite.

Nous sommes donc toutes les deux, entre filles, posées sur le canapé avec une tasse de thé à parler de tout et de rien.

- Izzya, parle-moi.  

- Je pense à trop de choses en ce moment, mon cerveau va exploser, j'ai besoin de parler à quelqu'un, mais je n'y arrive pas. J'ai peur de les ennuyer ou qu'ils s'en fichent totalement de moi.

- Je suis là pour toi ma chérie. Je t'écoute. Dis-moi tout ce que tu as sur le cœur, je pourrais t'aider ou te donner des conseils, dit-elle en remettant une mèche de cheveux derrière mon oreille.

Honnêtement, je ne dirais jamais tout ce que j'ai sur le cœur. Certains mots sont plus durs que d'autres, certains souvenirs aussi. Ma mère a traversé beaucoup d'épreuves, trop d'épreuves. D'abord, la violence de mon géniteur, les coups qu'il lui donnait n'était pas seulement physique, il avait aussi une énorme emprise psychologique sur elle. Elle était impuissante face à cette masse de rage. Son corps était meurtri par les coups portés. Les traces bleues avec le temps devenaient violettes, jaunes puis disparaissaient sous une couche de fond de teint et un beau sourire. Elle a par la suite surmonté la tentative de suicide de mon frère. L'incompréhension, quand ta fille t'appelle, en larme, en t'annonçant que ton fils est à l'hôpital. L'ignorance, qu'elle avait sur son état psychologique avant qu'il ne passe à l'acte. La destruction, en voyant les avant-bras de mon frère et la robe de sa fille tachée de sang. Ma mère est une survivante. C'est pour ça que je tais les petits problèmes que je peux avoir, car la grandeur de ses maux, dépasse largement le flot de pensée qui me noie peu à peu. Alors, je dirais à ma mère certaines choses, mais j'en tairai d'autres, pour ne pas la faire souffrir davantage.

-   Oh, maman, dis-je d'une voix tremblante. J'ai beaucoup de choses à dire... Mais j'ai peur.

- Peur de quoi ma fille ? 

- J'aimerais te parler, de tout, maman, je te promets qu'un jour je te dirais tout, absolument tout ce que je pense, mais pour le moment, je suis incapable de le faire.

- Alors, parle-moi de ce que tu peux me dire. J'attendrai. Je serais toujours là pour toi, comme tu l'as été pour moi quand ton père était encore à la maison.

Je prends une profonde inspiration et enfonce mes ongles dans la paume de ma main avant de tout lui raconter, l'embrouille avec Camilla, l'organisation du mariage de Lando et Layla, la soirée en boîte, le fait que j'ai revu ce fameux inconnu, qu'on s'est échangé nos numéros et que j'attends toujours un signe de vie de sa part.

Une dernière danseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant