Chapitre 12 : Une touche de bleu

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15 Février. Monaco.

"From strangers to friends"

Le soleil se lève doucement sur la principauté encore endormie. Cette nuit, j'ai été prise d'insomnie, habituellement, je regarde la télé dans le salon, mais, ne voulant pas réveiller Charles qui dormait sur le canapé, je suis restée dans mon lit à contempler le plafond et j'ai commencé à faire de la place dans ma chambre pour pouvoir la peindre. On a déjeuné assez tôt car nous avions convenu la veille d'aller courir. 8h55 : nous sommes en bord de mer en train de s'échauffer avant notre course matinale. 

- Prête ? me demande Charles.

- Prête.

Je commence à courir, ou plutôt à sprinter pour créer de la distance entre nous.

- À ta gauche, me dit-il, me dépassant par la même occasion.

- Ce n'est pas juste !

J'essaye de le rattraper, mais mon diabète me rappelle à l'ordre. J'ai oublié de prendre mon insuline ce matin. Je m'arrête d'un coup, ma vision commence à devenir floue et le sol à tanguer. 

- Charles... c'est le seul mot qui arrive à sortir de ma gorge nouée.

Charles qui avait vu que je ne suivais plus accourt vers moi et pose ses mains sur mes épaules.

-  Izzya. Izzya, tout va bien ?

Je suis incapable de prononcer un mot. Charles comprend très vite quelle est la cause de mon état. Ses yeux sont inquiets. Il passe ses bras par-dessous mes genoux et me porte en direction de mon appartement. Sa respiration est irrégulière et saccadée, je pense qu'il panique ne sachant pas comment gérer ce genre de situation. 

- Reste avec moi Izzya, tout va bien se passer. Je suis là.

Il prend les clés dans ma poche et ouvre la porte violemment. Il me pose avec délicatesse sur le canapé et court vers la salle de bain, ressortant avec ma trousse de secours. Je n'arrive pas à aligner deux mots, mes pensées sont totalement brouillées par cette crise. Ma respiration est de plus en plus rapide, j'ai l'impression que je manque d'oxygène.

- Je... n'arrive... pas... à... respirer...

- Izzya, ce n'est qu'une impression.

Il prend ma main et la pose sur sa cage thoracique. 

- Essaye de te caler sur ma respiration.

Inspiration... Expiration... Inspiration... Expiration... Inspiration... Expiration... Inspiration... Expiration...
Je respire. Je... Respire...

Charles prend alors dans la trousse de secours un stylo à insuline et fait toutes les vérifications. Il me prend le bras et relève délicatement la manche de mon haut. 

- Je sais faire, ma sœur était diabétique. Je peux ?

J'acquiesce. Il enfonce avec douceur l'aiguille et injecte l'insuline.

- Ça va ? Je ne t'ai pas fait mal.

- Non, tout va bien. Merci Charles. Merci infiniment.

Je me relève et me dirige vers la cuisine pour me servir un verre d'eau.

- Je suis désolée de t'avoir infligé ça.

- Il n'y a pas de quoi. J'avais l'habitude des crises avec ma sœur.

- Charles, je peux te poser une question ? Si elle est trop indiscrète, tu n'es pas obligé de répondre.    

- Je t'écoute Izzya. Tu as le droit de la poser, même si je me doute de ta question.

Une dernière danseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant