Après avoir quitté sa Californie natal, Jodie Anderson se voit contrainte d'aménager dans la petite ville de Bath, perdu dans l'Etat rupestre de l'Ohio des années 70.
Alors que la jeune fille essaie de se faire une place parmi ses nouveaux camarades...
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Lundi, l'hiver s'installa.
Il se mit définitivement à neiger dans l'Ohio.
D'après les dires de Tess, cette année l'hiver était en retard, car il aurait déjà dû y avoir de la neige depuis Novembre. Moi, j'aurais préférée qu'il ne neige pas du tout, car les routes allaient bientôt devenir impraticables... et mes excuses pour fuir Teddy plus compliqués.
Mais quoi qu'il en soit, l'hiver était bel et bien là, et il allait falloir faire avec.
Je m'enroulai dans une large écharpe, espérant qu'elle cesserait mes tremblements compulsifs et suivis les filles jusqu'aux casiers, pour venir y récupérer nos affaires avant notre prochain cours.
Aujourd'hui le groupe parlait de notre week-end passé et de Diane, qui visiblement allait bien mieux depuis. Semblait-il qu'elle avait déjà des vues sur un autre garçon du lycée. Comme si le shopping et les mecs étaient les seuls centres d'intérêt des filles de ce bahut.
En ouvrant mon casier, j'aperçus un étrange paquet qui semblait avoir été glissé là. Ignorant mes amies qui parlaient juste à ma droite, je me saisissais de l'étrange présent, délicatement emballé dans un morceau de papier journal. Je fronçai les sourcils, suspicieuse. Qui pouvait bien avoir mis ça dans mon casier ? Je me demandai soudain si ce n'était pas une erreur et retournai le cadeau. Une petite note y était collée, avec cinq lettres tracées au crayon, mon simple prénom : Jodie.
Le cœur battant, mon premier réflexe aurait été de m'isoler dans un coin tranquille, loin des filles, pour ouvrir le paquet. Mais le regard de Tess, braqué sur moi avec une curiosité non dissimulée me clouait sur place. Je décidai d'ignorer mon amie et ouvris le paquet pour y découvrir la couverture d'un livre : « Le meilleur des mondes », d'Aldous Huxley.
Je souriais bêtement et cherchai la trace d'un quelconque mot qui aurait accompagné le présent, aussi je me dépêchai d'ouvrir le livre à la première page.
Là, à ma grande surprise, un petit paragraphe remplissait tout l'espace vide :
« Au cas où tu aurais encore envie de le jeter dans les buissons... Essaye quand même de le lire avant. Je te le recommande. - Jeff Dahmer. »
Ces simples petits mots suffirent à illuminer mon monde l'espace d'un instant, me faisant complètement oublier la présence de Tess et des autres filles autour de moi.
Je fis volte-face avec précipitation vers mon casier et retournai la moitié de mes carnets, jusqu'à retrouver ce que je cherchais.
A ma grande honte, je n'avais jamais envisagé que Jeff m'écrirait quelque chose. Mais à présent que je tenais ce livre entre mes doigts... il fallait que je lui offre quelque chose en retour. Une façon de lui montrer que j'étais touchée par son geste, et une façon de lui donner un petit peu de moi-même, également...
