Après avoir quitté sa Californie natal, Jodie Anderson se voit contrainte d'aménager dans la petite ville de Bath, perdu dans l'Etat rupestre de l'Ohio des années 70.
Alors que la jeune fille essaie de se faire une place parmi ses nouveaux camarades...
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Juillet 1977 - Bath
Nos journées étaient rythmées par les aller-retour entre ma maison et celle des Dahmer. Une journée sur deux j'étais fourrée chez Jeff, et vice-versa.
Si bien, que ma mère avait même fini par prendre l'habitude de mettre la table pour cinq personnes. C'était un petit geste presque anodin, mais qui représentai beaucoup à mes yeux. C'était sans doute une façon pour elle, de me dire silencieusement qu'elle acceptait la présence de Jeffrey au sein de la famille. Contrairement à Teddy qui demeurait bien trop taciturne...
Mais la chaîne stéréo n'avait jamais autant fonctionné dans cette maison, faisant résonner ses joyeuses mélodies dans toutes les pièces. Notre quotidien prenait peu à peu la forme tranquille d'une rivière, au cours paresseux mais serein.
Que c'était bon d'être en vacances.
Je pouvais me satisfaire de cette existence. Chaque jours, j'aimais un peu plus l'Ohio, j'aimais le temps passé avec Jeff, et la réciprocité dans son regard. J'aimais la sensation de ne pas me sentir seule. La sensation de voir et d'être vu -mieux encore- d'être comprise, dans une transparence parfaite.
Nous avions passé bon nombres de soirées suspendus entre ciel et terre, où l'on oubliait notre statut d'être humain pendant quelques heures, le temps de se plonger dans l'immensité de l'éternité des cieux.
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Aujourd'hui, je m'affairai à écrire quand une note voleta tranquillement jusqu'à moi et se posa de justesse sur le bureau. Je m'en emparai et la dépliai pour en lire son contenu :
"Change le vinyle, s'il te plaît. J.D"
Dans un soupir évident je me tournais sur ma gauche pour faire face au lit, et en particulier au garçon allongé en équilibre sur ses deux coudes, le nez autrefois plongé dans un magazine, et qui m'observait maintenant avec attention, en attente d'une réponse de ma part.
- Jeff, je suis littéralement à deux mètres de toi, je t'entends si tu me parles.
Le blond étira un large sourire avant de reposer les yeux sur sa lecture en battant ses pieds dans le vide, comme un enfant.
- Admets Jo, que c'est bien plus amusant ainsi.
Je levai les yeux au ciel en me remettant droite sur ma chaise. C'est après un petit moment de silence volontaire de ma part, que Jeffrey intervient à nouveau :
- Alors cette musique, elle vient ?
Je lui balançait son morceau de papier avec ma réponse. Il le déplia rapidement avant de relever la tête.
- "J'ai quelque chose qui devrait te mettre de bonne humeur." Lit-il à voix haute.
Jeff tourna la tête dans ma direction et je lui renvoyais un sourire amusé qu'il répondit par un sourcil relevé.
