Après avoir quitté sa Californie natal, Jodie Anderson se voit contrainte d'aménager dans la petite ville de Bath, perdu dans l'Etat rupestre de l'Ohio des années 70.
Alors que la jeune fille essaie de se faire une place parmi ses nouveaux camarades...
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- Où allons-nous ? Demanda finalement Jeffrey en voyant la ville s'éloigner loin derrière nous.
- Manger.
Un silence interloqué suivit ma déclaration, il se tourna alors vivement sur son siège.
- Tu m'emmènes dîner ? répondit-il en me fixant avec des yeux ronds, comme si ce que je venais de dire relevait de l'absurde.
- Ouais. Une gaufre bien chaude ça te tente ? Je meurs de faim et il paraît qu'un café à Cleveland fait les meilleures de la régions ! C'est l'occasion de vérifier si les rumeurs son fondées. Et également, ça te réchauffera au vue de ta condition actuelle, tu es trempé de la tête aux pieds, Jeff.
Une petite moue mitigée apparue sur ses lèvres.
- Donc on va vraiment manger ensemble. Rien que tout les deux, et à Cleveland en plus ?
Je levai rapidement les yeux sur sa personne.
- Jeffrey, le destin n'arrête pas de croiser nos chemins. Ne penses-tu pas qu'on devrait l'honorer comme il se doit ?
Il hocha la tête de haut en bas avec un léger sourire.
- Si, bien entendu. Qui suis-je pour faire front au destin ?
Je lui envoyai un ultime regard remplis de malice avant de me concentrer à nouveau sur la route. Il reprit cependant dans un petit sourire en coin :
- Mais... je t'avoue que j'étais persuadé que tu me larguerais au beau milieu d'une ruelle sombre, dans l'espoir que je me fasse agresser afin que je ne t'importune plus jamais.
Je quittai la route des yeux une seconde, le temps d'arrimer mes pupilles amusées aux siennes.
- J'adore ton humour, Jeff ! Vraiment !
Il se mit à rire à son tour accompagnant ses éclats de voix aux miens.
- Tu sais, concernant notre précédente conversation, commençai-je en reprenant mon sérieux. Il va falloir que tu apprennes à en avoir rien à faire du regard des autres. Tu vis pour toi Jeff, pas pour eux.
Je l'entendis soupirer doucement avant de me répondre.
- Jodie, tu as peut-être réussi à avoir cette vision des choses, mais dans les faits, c'est beaucoup plus compliqué. J'ai toujours eu cette horrible impression de ne pas réussir à m'adapter, que ce soit dehors avec les gens, ou bien même au lycée. Tu sais, c'est comme ci... les autres n'avaient de cesse de me regarder bizarrement. Alors, c'est plus facile de s'isoler.
Je lui lançai encore un petit regard en coin.
Si j'avais dû émettre une opinion, en tant que parfaite inconnue, j'aurais estimé que Jeffrey affichait son désir de ne blesser personne tant que ses barrières n'étaient pas forcées. Il y avait en lui un mélange de sympathie et de défense qui évoquait irrésistiblement son attitude à se détacher. Jeff utilisait peut-être la courtoisie comme sa meilleure arme: une manière de se faire apprécier sans pour autant se laisser approcher. Et ce constat me laissait dubitative, car une fois encore, je ne comprenais pas les émotions qui l'animaient.
