Chapitre 36 - Halloween

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Dix-sept heures. Voilà ce que m'indiquait l'horloge murale du grand réfectoire de la cafétéria. Même actuellement, il y grouillait encore bon nombres d'étudiants savourant leurs dernières heures de la journée avant de rentrer chez eux. Une certaine euphorie semblait flotter dans l'air à l'annonce de Backderf pour la futur journée d'Halloween.

- Voilà pour vous. Ça fera trois dollars et cinquante cents, déclara la vieille femme derrière le comptoir, de son air toujours aussi jovial.

Je déposai trois billets et une pièce avant de m'emparer des deux gobelets en cartons, me brûlant les doigts par la même occasion. Je remontai à pas précipités le long couloir menant jusqu'à la bibliothèque de l'établissement, réussissant comme toujours à passer la vigilance de Martine. Elle n'avait jamais été totalement d'accord pour que j'introduise de la nourriture au beau milieu des livres, alors deux gobelets remplis de cafés, je n'osai imaginer sa réponse.

Et en traversant les rayonnages, je laissais mon inconscient me guider vers la seule et unique chose au monde capable de me rendre mes repères, de me rappeler ma place dans ce monde : je cherchai les yeux de Dahmer.

Et il était là, attablé au fond de la grande pièce, plongé dans son livre pour ne pas attirer l'attention.

En y réfléchissant bien. Si les gens avaient une couleur, celle de Jeffrey Dahmer serait le jaune. Un beau jaune orangé, un jaune solaire. Quelque chose de chaleureux qui évoquerait la vie dans les arbres, le vent et la renaissance.

Je lui souris, simplement heureuse de voir que l'aura de ténèbres au-dessus de sa tête s'était dissipée ses derniers temps. Et sans la moindre hésitation je m'installai à ses côtés en poussant un gobelet dans sa direction.

Pour moi, ce café avait une grande signification, il n'était pas seulement destiné à l'homme que j'aimais, il était également une petite preuve d'affection parmi tant d'autres que je tenais à lui donner, chaque jour...

Avec lui, je faisais attention, et à vrai dire, je n'avais pas à me forcer. J'avais le sentiment que c'était lorsque j'étais pleinement moi-même qu'il m'appréciait le plus. Cela ne m'étais jamais arrivé, avec personne d'autre. Et je devais avouer que c'était terriblement agréable.

- Qu'est-ce que tu lis de beau ?

Jeffrey releva un regard souriant sur ma personne, reposa les yeux sur son livre, puis les releva encore une fois dans ma direction.

- Les « Histoires extraordinaires », en fait, c'est un recueil de nouvelles écrites par Edgar Allan Poe, grand romancier Américain.

- Quel genre ?

- Je le classerai largement dans la catégorie horreur, c'est une des spécificités de l'écriture de Poe.

- Ça a l'air passionnant !

Dahmer : Insoluble - Part 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant