Après avoir quitté sa Californie natal, Jodie Anderson se voit contrainte d'aménager dans la petite ville de Bath, perdu dans l'Etat rupestre de l'Ohio des années 70.
Alors que la jeune fille essaie de se faire une place parmi ses nouveaux camarades...
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La journée s'était écoulée à une vitesse provocante.
Ma mère, et les deux petits garçons s'étaient présentés à la porte un peu avant seize heures. Laurice se trouva étonnée de nous voir déjà rentré à la maison, alors que nous avions normalement cours jusqu'à dix-sept heures. Mais elle ne nous en tiens pas rigueur, et elle ne nous posa pas davantage de questions non plus. Je supposais qu'en cette journée de fête, elle espérait que la soirée se passe pour le mieux.
Lucas et David, respectivement déguisés d'affreux costumes et masques en plastiques représentant un squelette pour l'un et une citrouille pour l'autre, étaient revenus les bras chargés de sucreries, leurs visages fendus par des sourires trahissant la joie que cette journée d'Halloween leur procurait.
Des barres de chocolat à la main qu'il secouait frénétiquement pour transmettre son empressement, David, la citrouille donc, s'approchait du poste de télé, se chargeant de rendre le lecteur opérationnel, pendant que Lucas s'occupait à dénicher des bols où verser le contenu de leurs sac remplis de bonbons. Ma mère semblait s'émerveiller sur le fait qu'elle n'avait pas vu autant de gaieté dans cette maison depuis bien trop longtemps.
Jeffrey qui, essentiellement, n'aspirait qu'à trouver un peu de calme, s'était échoué sur le tabouret du piano, accoudé à celui-ci, soutenant son menton d'une main. Il laissait les deux garçons choisir le film de ce soir, écoutant vaguement ce qu'on lui proposait. En réalité, ses yeux cherchait ma présence et il ne fut pas déçu. Lorsque je descendis de l'étage après ma douche, revêtue d'un simple débardeur et d'un short, il ne put s'empêcher de sourire tant le contraste avec ma tenue précédente était frappante.
J'étais heureuse, presque aussi emballée que les garçons par cette soirée. Et c'est mon visage rayonnant, mon rire qui soulevait mes pommettes mouchetées de tâches de rousseurs, que Jeff ne quitta pas une seule seconde quand je m'approchai de lui.
Il tiqua cependant quand je me stoppai juste sous son nez et me penchai vers son visage, les mains dans le dos. Comme réponse à mon étrange comportement, j'eus le droit à un sourcil relevé avec insolence. Je lui accordai en retour un large sourire, puis décroisai mes mains pour brandir entre nous une brosse à cheveux.
- Laisse moi démêler la laque de tes cheveux, avant que tu n'ailles prendre ta douche, le suppliai-je.
Il croisa les bras, catégorique :
- Jamais.
Je levai les yeux au ciel en le contournant pour tenter de m'asseoir à ses côtés.
- Allez, pousse toi un peu. Et laisse moi faire.
Il marmonna quelque mots tout bas tout en se décalant légèrement pour me laisser la place de me poser derrière lui, et me saisir de ses mèches emmêlés.
