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Samedi 21 Mai 1977 - Akron
Je garais la voiture sur un parking non loin du cinéma. Je n'étais pas en retard, mais je n'étais pas en avance pour autant. Je coupai le contact et balançai ma tête en arrière contre le montant du siège, une main posée sur l'anneau qui pendait autour de mon cou. Je pris une grande inspiration pour me donner du courage face au traque qui me saisissait le ventre. Les jambes incertaines, je me hissai sur mes pieds pour sortir de la voiture et tel un automate je me dirigeai vers l'entrée du cinéma.
C'est avec une certaine allégresse que j'observai les lieux pour enfin l'apercevoir. C'était bien la première fois que je le voyais aussi décontracté. Il n'avait plus rien de l'image du petit nerd inaccessible et renfermé sur lui-même qu'il renvoyait en permanence au lycée. Il avait troqué son pantalon marron et sa chemise à carreaux contre un jean élimé accordé à sa veste, des baskets, et un tee-shirt blanc. La casquette qu'il avait vissée sur sa tête et dont quelques mèches folles n'avaient pas hésité à s'en émanciper, lui donnait même un air nouveau. J'étais conquise.
Le poids de mon regard ardent et insatisfait devint trop lourd, attirant l'attention de l'objet de mes préoccupations. Interpellé, Jeffrey tourna soudainement la tête vers moi, accrochant avec brutalité et sans avertissement le bleu de ses iris à mon âme ravagée.
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Le film était tout bonnement extra méga génial ! C'est vrai ! Et je m'imaginais déjà tapisser les murs de ma chambre avec des posters de Dark Vador, de vaisseaux et d'Étoile de la mort juste à côté de mon poster déjà existent de "2001: l'odyssée de l'espace". Sans compter le fait que je voulais irrémédiablement un sabre laser maintenant. Pourquoi diable ça n'existait pas encore les sabres laser ? Il n'y avait pas plus cool comme objet. Exception faite pour les voitures volantes, peut-être.En sortant de la salle de cinéma, je jetai un petit regard discret à Jeffrey, qui marchait silencieusement à mes côtés. Il semblait à la fois convaincu et mitigé, sans doute par le film.
- Bon alors, ça t'a plu ? Pas trop déçu d'être venu finalement ? déclarais-je en sifflotant, alors que je poussai les lourdes portes du bâtiment pour sortir dehors.
Jeffrey secoua la tête en levant les yeux dans ma direction
- C'était génial.
- Alors pourquoi tu tires cette tronche ?
- Parce que c'est fini ! protesta-t-il en écartant grand les bras.
- Toutes les bonnes choses ont une fin, objectai-je avec un large sourire.
- Mais je n'ai pas envie, exprima-t-il avec mécontentement, alors qu'il shootait avec férocité dans un pauvre caillou traînant sur le trottoir.
Je me retins de rire en découvrant cette nouvelle facette de Jeffrey. J'avais l'impression d'avoir à faire à un petit garçon bougon et capricieux.
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Dahmer : Insoluble - Part 1
RomantizmAprès avoir quitté sa Californie natal, Jodie Anderson se voit contrainte d'aménager dans la petite ville de Bath, perdu dans l'Etat rupestre de l'Ohio des années 70. Alors que la jeune fille essaie de se faire une place parmi ses nouveaux camarades...