Après avoir quitté sa Californie natal, Jodie Anderson se voit contrainte d'aménager dans la petite ville de Bath, perdu dans l'Etat rupestre de l'Ohio des années 70.
Alors que la jeune fille essaie de se faire une place parmi ses nouveaux camarades...
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J'étais sans doute resté longtemps sans bouger, perdue dans un geste inachevé et dans la sensation étrange que cela m'avais procuré. Tout mon corps me criait que je n'avais pas l'habitude de sentir quelqu'un aussi proche. C'était un contact différent de celui de ma famille. Un contact que je n'aurais partagé avec personne en temps normal.
Aussi, à seulement quelques mètres de distance, l'odeur de Jodie était plus décelable encore, une odeur indéfinissable et très douce, très propre. Et qui m'avait donné envie d'enfouir mon visage dans son cou pour la respirer à fond, et ne plus jamais la laisser partir. Le cœur d'une intimité profonde, une douceur, autant d'impressions que je voulais chérir, et qui me donnait la sensation d'un refuge. Une fragrance si différente de mon quotidien bercé par l'arôme âcre et amer du sang des sujets que j'observais.
Mais alors, la honte m'avait traversé tout à coup, répriment ce désir inapproprié que je ressentais, aussi vite qu'il m'était venu. Mon cerveau réfléchissait à toute allure, déroulant les conséquences de la conversation et de ce geste inachevé qui aurait tout fait basculer.
Doucement avec une grande décence, elle me gratifia d'un autre présent. Déposant entre mes mains son précieux baladeur, puis sur ses dernières paroles, elle était repartie, disparaissant aussi vite que les étoiles au lever du soleil.
Je mis du temps à recouvrer mes esprits, mais lorsque je le fis, la douleur s'était cristallisée en moi. Elle était devenue un étrange mélange de résolution, et de résignation.
Je me surpris soudain à espérer que Jodie reste. Qu'elle se retourne et revienne vers moi avec cette même assurance qu'au mariage.
Je voulais qu'elle prenne, malgré moi, elle même la décision de rester à mes côtés. Je ne voulais pas faire de choix, je voulais qu'elle m'impose son choix. Qu'elle reste.
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23 Décembre 1976 -
J'avais recommencé pour la deuxième fois "L'île au trésor" dès le lendemain du début des vacances. À présent, deux jours après, J'avais presque dévoré l'intégralité des trois cents pages du roman. C'était un réel plaisir que de plonger dans ce monde de piraterie, sublimé par un style assez soutenu et surtout bourré de symboliques. Il ne s'agissait pas uniquement d'une chasse au trésor, c'était surtout un combat entre l'enfance naïve et courageuse incarnée par Jim et le monde adulte réaliste et impitoyable représenté par Long John Silver.
