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Nous voilà sur la terre inconnue. Après de belles paroles... C'est ensemble que nous avons convaincu Nita pour ce voyage.

- Il manque quelqu'un ?

Bien qu'elle fût dans la salle lors de notre téléportation, Ellie semble ne pas avoir été prise en compte.

- Mon amie, n'est pas ici !

Notre rouquine commence à s'alarmer, Adolf, tente de la calmer. Puisque la moindre contrariété peut vite nous balancer à l'hôtel.

- Je n'ai pas de réseau.

- Il fait trop beau.

Deux garçons, pas un pour récupérer l'autre, quoi que... Comment se fait-il qu'ici le soleil pète alors que la nuit régnait, là où nous y étions ? Je jette un œil sur Nita. Elle semble s'être remise.

- Suivez-moi.

Nous sommes dans le silence complet. Je ne cesse de me poser des questions sur ce qui nous entoure. Ils sont sûrement aussi curieux que moi. L'endroit est digne d'une peinture, je peine à croire que c'est réel. Quand la marche s'interrompt, nos regards interrogateurs se baladent entre l'obstacle et Teros.

- C'est ton portrait.

Je reste bouche-bée. Fort ressemblant, c'est troublant. Lui-même reste sans voix face à ça.

- Pourquoi ?

On se le demande... Nous nous asseyons dans l'herbe fraîche, nos tenues de soirée ne vont pas du tout dans le décor, on fait tache. Il y a trop d'irrationalité... C'est loin d'être la soirée que j'imaginais.

- Monsieur Clark ?

- C'est moi.

Une petite fillette sort de derrière un mur, son air attristé me frappe immédiatement. Sa voix est vibrante, l'atmosphère change à sa simple présence. Le vent se lève, certaines de mes mèches se mêlent à mes lèvres, la chair de poule me traverse.

- Cela fait longtemps que nous t'attendons.

Il nous lance un appel à l'aide, mais que pouvons-nous faire ?

- Gamine, peux-tu nous détailler sur ce que tu sais de lui ?

- Tu aurais bien besoin de perdre des tailles mon petit Gibi.

Outch. Il humilie ouvertement Adolf. Il l'encaisse, c'est affreux d'arriver à ce stade, le gars est mentalement fort. La gosse aurait dû rire vu l'humour enfantin, pourtant, elle est terne. Personne n'a esquissé un rictus, c'était bas. Il aurait fallu prendre en dérision...

- C'était une blague, détendez-vous.

Je crois comprendre, il gère son « stress » en jouant sur l'humour. En nous disant ça, il tente de s'adoucir aussi.

- Ici, il ne fait jamais nuit. Nous l'attendons pour ramener un équilibre. Je n'ai pas trouvé quelque chose de rigolo depuis ma naissance, ils disent que c'est parce qu'il est parti.

- Désolé, il ne s'agit pas de moi.

La jeune fille nous montre son poignet, on perçoit un cercle vide. Son visage est neutre, c'est vraiment glauque. Teros semble déboussolé, cette marque lui rappelle sûrement un souvenir. Lui qui a l'habitude de rire, il n'est clairement pas dans son élément. Il ne faudrait pas qu'il nous fasse un « Adolf deux », je ne supporterai pas autant de négativité.

- Vous voulez dire qu'il fait beau chaque jour ? Pas de pluie ? Pas de nuage gris ?

- Oui, ces ruines qui vous entourent, l'une d'elles était ma maison. Aujourd'hui, nous sommes sous terres. Nous sortons peu, ne supportant plus ce ciel bleu.

Ces débris me faisaient penser à des décombres, très pierre, très ancienne, c'est compréhensible maintenant qu'elle le dit. C'est fidèle à la description de Nita. Je suis un peu en retrait, j'écoute, je suis attentive à tout. Tandis que la rousse, a l'air ennuyé, elle est dans sa bulle. Tant qu'elle ne s'énerve pas, ça va, on ne risque pas de s'en aller.

- Les gars...

Teros, qui était silencieux, remonte sa manche afin de révéler son avant-bras où règne un rond identique à celui de la petite fille. Qu'est-ce que cela signifie ?

- Venez.

Nous suivons cette môme aveuglément. On avance, en passant par des chemins étroits avant de descendre dans une sorte de grotte. À mon humble avis tous les habitants de cet endroit ont ce « tatouage » au même endroit. Ça promet...

- Nous sommes où ?

- Dans le souterrain.

- Non, mais c'est une planète ? Une ville ? Quel est le nom de ce lieu ?

Elle ne parle plus, elle examine les alentours. Je n'ai pas le don d'Ellie pourtant, j'ai un mauvais pressentiment. J'ai envie de secouer Nita, qu'elle nous ramène à mon gala... Pourtant je ne fais rien.

- Bon retour, Teros.

Des gens vêtus de toges sortent des quatre coins. L'impression d'être dans une secte me gagne. Ce n'est pas net, c'est sombre, c'est pas du tout mon délire. Il faut que je me calme.

- Ah, no. Non. Nein, on rentre.

Je ne demande que ça.

- Comment on enclenche ce truc ? Je veux partir !

Nita s'affole, de quoi me rendre folle. Je peine à réfléchir correctement. Je sens que je peux vriller, est-ce que je vais les rendre déroutants ? Il faudrait qu'on gère nos facultés avant de s'embarquer dans des aventures pareilles !

- Les filles, calmez-vous.

Il est marrant le gorille. On veut rentrer, il n'y a pas de mal à vouloir écourter le séjour. L'ambiance est trop médusant.

- Céleste, regarde-les. Tu es en train de bredouiller leurs esprits, respires.

Adolf, a cette manie d'enfoncer le clou dans le mur, ces tentatives ne me calmera pas, tant mieux pour lui s'il sait s'apaiser seul, moi, je ne peux pas. Plus je les fixe, plus j'ai envie de m'en aller. Je vois bien qu'ils sont entrain de déconcerter. Ils sortent tout droit d'un film d'horreur. J'ai une certaine emprise sur eux donc aucun risque qu'ils nous fassent du mal, si je maintiens la situation.

- Ils ne sont pas totalement off, tu maîtrises ?

Sans doute dû au fait que je ne suis pas si apeuré. Savoir que j'ai les manettes en main me permettent de ne pas tomber dans mes travers, d'éviter l'urticaire. C'est un de mes défauts, d'angoissée pour peu, j'ai la chance d'être autant sereine. Mon équilibre de vie.

- Profitons de leurs états pour rentrer, je crois que j'ai capté le fonctionnement.

Pour suivre ses dires, nous étions rentrées auprès d'Ellie avant même qu'on est lâché un « oui ». Dans mon appartement... Je reste désorienter. Est-ce qu'ils sont restés dans l'état que je les ai infligés ?

- C'est chelou, vous êtes parti quelques secondes. Je peine à expliquer, c'est l'équivalent du premier « vol » de Nita.

Le temps s'écoule différemment. Pour moi, on est restées une bonne heure là-bas.

- Nous étions au même endroit que la première fois, pas de doute.

Ma thèse se confirme, je suis heureuse d'en faire part. Ils assimilent, il y a pas mal d'informations à digérer qu'il est compliqué de débriefer à Ellie en globalité. Était-ce une réalité ? Ce retour est tout autant stupéfiant que le premier, comme si nous n'étions pas partis.

- Meuf, si tu savais ce qu'on vient de vivre.

- J'ai eu de mauvaise vibration quelques secondes, j'ai eu peur pour vous enfin, je crois, c'est difficile à mettre des mots... Eh ! Comment se fait-il que je ne vous aie pas suivis ?

La pauvre, ces instants ont dû être déboussolant. Je tilte que maintenant...

- Comment se fait-il que vous soyez si élégante ?

- La géolocalisation indiquée cet hôtel, on n'allait pas débarquer en jogging, soit logique. 

Antinomique PowerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant