6

1 0 0
                                    

Hier soir, encore chamboulé des événements, je les ai proposés de dormir, hormis Adolf, ils ont tous accepter. Nous avons peu parlé, ce qui est assez compréhensible, j'ai prêté des pyjamas aux filles puis nous sommes partis au lit assez vite. Je n'ose pas imaginer comment ça se passe dans la tête de Teros... C'est trop d'accumulation.

- Cécé !

Qu'elle ne commence pas à crier, j'ai des invités qui dorment encore. Je m'extirpe de mon lit, je lance un bref coup d'œil dans mon salon. Constatant qu'il est encore dans un sommeil profond, je me hâte à la porte.

- Moins fort. J'ai des convives.

- Ah bon ? T'as disparu, je ne t'ai vue qu'en début de soirée. Tu n'es pas intervenu une seconde.

Pour moi, c'était bizarre. N'en parlons pas d'Ellie, elle a eu un début de soirée furtif, puisque notre absence était brève. Quand nous sommes allés se coucher, elle devait sûrement ne pas être fatiguée, comparée à nous... Ce n'est pas très équilibré.

- Maman, nous en reparlerons.

Elle semble compréhensive, puisqu'elle ne rétorque plus. Est-ce encore moi qui lui fais cette réaction ?

- Est-ce que ça va ?

Je l'ai perdue, je ne comprends pas, je ne me suis pas affolée ? Je n'ai rien effectué pour déclencher ça ?

- Oui, je prends conscience que tu grandis. Je vais te laisser avec tes amis. Nous en rediscuterons.

C'est un second effet ? Je ne dis rien, je me retiens de balancer que ce ne sont pas mes potes, je la laisse tourner des talons. Une fois, qu'elle n'est plus dans mon panorama, j'entre chez moi.

- Ce que tu imposes aux gens... Je ne m'en remets pas.

- Tu peux parler toi...

Involontairement, je suis peut-être dû au comportement de ma maman ... Enfin, je ne suis pas sûr.

- Je dois trouver un enfant.

Le pauvre, il est vraiment dans un état inquiétant.

- Tu n'iras nulle part, vous allez devoir gérer vos « talents », faut qu'on mette un mot sur ça.

Ellie a raison, qui mieux qu'elle pour nous apprendre à s'adapter avec ce qui nous arrive. Après tout ce temps à y penser, c'est le moment.

- Il manque notre Gibier.

- Adolf.

Je corrige, afin d'indiquer qui est « Gibi » pour les filles qui l'ignorent sûrement.

- Bizarrement, il sait se débrouiller. Nita, m'a débriefé votre excursion, il semble se contenir lui.

Une conversation me revient, c'est vrai, il maintient sa « capacité » ... Vraiment faut qu'on trouve un mot pour définir cette chose. Ils doivent encore ignorer ce qu'Adolf pourrait faire s'il se décoince... Quoi que je soupçonne Teros de connaître.

- Quand j'ai eu l'accident, j'étais seule. J'ai cru que je perdais la tête. Pour m'y habituer, j'ai fait le creux en moi, j'ai suivi des vidéos de yoga, de zenitude... Des trucs que je n'aurais jamais exécutés auparavant. Rien ne garantis que ma technique fonctionne sur vous, donc nous testerons un à un.

Je sais déjà que ça ne passera pas avec moi. Puisqu'Adolf a tenté de me l'appliquer, peine perdue. J'espère que c'est la rouquine qui passera avant.

- Teros.

Tant que ce n'est pas mon tour, ça me va. Nous nous installons sur le sofa, à part lui, qui s'assoit au sol. Au même moment, le service de chambre fait irruption, bizarre, ils ont ramené le petit-déjeuner, je les remercie brièvement avant de me concentrer sur la séance.

- Exercice numéro un, la respiration. Inspiration, expiration.

Il fait de la méditation... Ce simple mot me donne la nausée pourtant, c'est bénéfique pour nombreux. La preuve étant devant mes yeux.

- Tu peux compter tes souffles.

Ma concentration était de courte durée, je suis distraite par le ciel bleu, il n'y a pas un seul nuage, il me murmure de venir dehors. Ça me rappelle une citation que ma grand-mère avait pour coutume de me citer « le soleil brillera, plus beau, plus fort, il chassera l'orage et te relèvera de tes naufrages », c'est quand je faisais un cauchemar, j'en faisais pas mal. La citation coordonne parfaitement à le jour de tempête et son lendemain.

- Tu seras la prochaine, Céleste.

Je m'en doutais, elle m'a cramé dans mes rêveries.

- Je te trouve en parfaite symbiose, je t'avoue être étonnée. J'aurais pensé qu'un autre moyen t'aurait aidé.

Je n'ai pas suivi, au vu de l'échange, il semble avoir réussi. Mon tour est arrivé... Teros se lève, il est apaisé, ça se sent.

- Toi, il te faudrait une technique différente. Qu'est-ce qui te rends calme ?

- Grignoter, faut que ce soit un apéritif, un petit casse-croûte.

Ils me dévisagent tous, vue ma silhouette, j'imagine qu'ils ne me croient pas. Pourtant, je me souviens que c'est la nourriture qui m'avait calmé lors de l'assemblé.

- D'accord, ça tombe plutôt bien nous avons été servis.

Je n'ai pas besoin d'être informé de l'identité de la personne qui a commandé ceci, puisque mon petit doigt l'a deviné. Déjà, il n'y a jamais de brunch matinal par Quécois, puisqu'il est fermé le matin. Toujours plus... Je m'installe sur mon tapis, Ellie dépose devant moi, trois assiettes, la première contient une pâtisserie, la seconde a un fruit, la dernière, c'est des œufs brouillés.

- Tu vas fermer les yeux.

J'espère que je n'aurais pas à inspirer, expirer. Les paupières closes, il y a mon odorat en ébullition. Je ne vois pas, je n'entends presque plus sa voix, je ne fais que réfléchir à manger.

- Oh, t'es pas avec nous, fais un effort.

Je me secoue mentalement, je dois sortir d'ici en ayant le contrôle de mon aptitude. Je me vide l'esprit.

- Si nous suivons la logique, il faudrait que tu emmènes un sac rempli de bouffe en tout genre. Or, ça ne serait pas très approprié de prendre une bouchée dès que t'as le stresse qui monte.

Je ne vois pas où elle veut en venir...

- Tu vas te projeter les trois plats.

Je respire, à mon rythme. Les yeux toujours clos, je réussis à faire apparaître le gâteau. Ça aurait été plus simple si j'avais un bouton automatique dans le crâne.

- J'ai le dessert.

C'est un art de tout reproduire... D'un coup... Je sens une main sur mon épaule, et une autre sur mon genou.

- On est là.

Je peux réussir. La voix de Teros me transperce, c'est un déclic qui me parvient. S'il a pu, j'y parviendrai... Dou-

- Arrête-toi.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Tu as réussi l'entraînement. Tu les as emmenés dans un état second puis à mon stop, ils sont revenus à eux. Court mais intense, assez pour poser un constat.

Son intervention m'a coupé en plein raisonnement. Doucement, j'ai pu les visualiser ensemble. Ce fut très enrichissant, d'ailleurs, j'en profite pour manger ce qui se trouve à mes pieds. En partageant avec mes... Connaissances ?

- C'est étrange, j'ai pendant une micro seconde perdue le fil de mes pensées... J'étais comme couper. Tu es si puissante...

- J'ai des frissons... Je ne suis plus sûr de vouloir passer après eux.

Pour un premier retour, ça me file la frousse.

- Vous êtes comme des bombes à retardement, nous devons vous manipuler délicatement.

Cette fois-ci, je me dois de suivre ce qui va se passer. Nita, à toi de jouer.


Antinomique PowerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant