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Nous avons tous dormi dans le salon, en mode camping. Les filles ont beaucoup rigolé avant de rejoindre le pays des rêves. Tandis que je me bouchais les oreilles pour ne pas entendre les ronflements d'Adolf, je comprends mieux pourquoi la première fois qu'on a dormi ici, il n'y était pas. Sa toque à la porte, bien que je ne sois pas chez moi, je décide d'ouvrir vu que tout le monde dort paisiblement.

- Bonjour, monsie- ?

Je serais prêt à parier qu'il s'agit du géniteur de Céleste, la ressemblance est flagrante.

- Monsieur Ness. J'apporte des crêpes, le restaurant est fermé la matinée, les employés sont au fourneau à l'heure où je vous parle, comme à leurs habitudes... Ils ont intérêt. Je tenais à m'excuser pour le chariot monté l'autre jour. Ma femme les avait suggérés de préparer un brunch pour vos papilles. Elle adore mettre les petits plats dans les grands... Comme vous êtes les premiers amis de notre Cécé, c'est pour elle justifiée.

Il parle beaucoup, à l'inverse de sa fille. Tout au long de son discours, j'ai eu l'impression que je lui devais des explications... Il est charismatique, il fait vraiment "patron". Il a l'air drôle, je ne sais pas pourquoi, je sens que je pourrais m'entendre avec lui.

- Merci.

Je prends l'assiette, il me souhaite une bonne journée avant de s'en aller. Je dépose le plat sur la table basse, l'odeur réveillera Gibi à coup sûr. Je ne peux m'empêcher de regarder la brune, ses paupières sont closes, dans cette position personne ne se douterais qu'elle a les yeux vairons...

- C'était le service de Quécois ?

Je me retourne, la blonde a les cheveux ébouriffés, elle ne prend pas la peine de chuchoté.

- C'était ton père.

Elle fait le lien doucement, je crois qu'elle émerge que maintenant.

- Il t'a raconté quoi ?

Feur... Je me mords les lèvres pour éviter de sortir cette débilité.

- Je vois...

- Tu ne m'as pas laissé répondre. Il a juste ramené le petit-déjeuner, il s'est aussi excusé pour le chariot de la dernière fois.

- Il ne t'a pas donné l'impression d'être à son service ?

Si... Mais pour la rassurer, je fais le choix de le nier. Céleste, rien qu'à son prénom, je fonds. C'est l'univers qui me l'a mise sur ma route. Sa beauté est étincelante, jamais je n'avais eu de pensés pareil avant de les rencontrer toutes les deux... La brune est comme le feu, la blonde est semblable à la glace. Elles sont différentes, comment je peux...

- Les crêpes de mon père sont vraiment délicieuses.

Elle a du chocolat sur le menton, ça la rend adorable. Je ne peux m'empêcher de sourire. Nos camarades dorment encore profondément, moi qui croyais que les narines d'Adolf se seraient agitées...

- Tu veux aller dans une autre salle ?

Elle essuie sa bouche, j'accepte l'offre volontiers. Par chance, je n'ai pas à faire de grandes enjambées pour passer entre les corps endormis, à l'inverse de blondie. Ce fut marrant de la voir se démener. Très vite, on se retrouve dans sa salle de bain, c'est probablement le même mètre carré que le salon... Endroit très espacé, à l'inverse il est moins meublé.

- Bien dodo ?

Il y a un certain écho, qui n'est pas dérangeant, plutôt amusant. Je sens qu'une conversation profonde est en approche. Je ne dois pas faire le mariole.

- Très bien, j'aime l'ambiance qu'il y a entre nous.

- Hein ?

Deux... Mince, ma phrase porte à confusion...

- Je voulais dire, entre le groupe.

J'aurais juré la voir rougir.

- Avec Ellie ?

- Où tu veux en venir ?

Serait-elle jalouse ? Honnêtement, ça me ferait une sensation étrange.

- Tu l'apprécies plus qu'une amie ?

- Je ne sais pas, en quel honneur j'ai cet interrogatoire ?

Elle fait mine de rien, se munit de sa brosse à dents, mon regard devrait être fixé face au miroir, pourtant je n'arrive pas à détourner les yeux de sa belle silhouette. Il faut avouer qu'elle a un corps de rêve. Une peau dorée qu'on dégusterait sans se poser de questions.

- J'en ai une pour les invités si tu souhaites ?

Je retrouve la réalité, elle me parle de brosse à dent, je refuse poliment.

- Je vais d'abord m'emparer d'une crêpe.

Je me justifie, même si au fond, elle n'a pas demandé à connaître la raison. Je savais qu'on allait avoir une discussion, je ne m'attendais pas à que ce soit autour d'Elm... Enfin... Je la laisse faire sa routine matinale, moi, je retourne au salon, là où j'entends des papotages.

- Bonjour.

Je lance un simple salut de la main à la bande. Le tas de crêpes est bien descendu, ils en ont laissé trois. Je me prends une avant qu'il n'y en ait plus. La bouche aussi pleine que les pensées qui remplissent mon crâne. Laquelle fait vibrer mon cœur réellement ? J'ai besoin d'être net...

Antinomique PowerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant