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Le ciel est dégagé, l'après-midi promet d'être longue. Personne ne me croirait si je racontais le déluge qu'il y a eu, il n'y a pas si longtemps.

- Mi amor. On va encore se fâcher sur la chaîne. Je veux regarder mon téléfilm.

- Tu tombes plutôt bien.

Elle m'inspecte de bas en haut, attendant la suite de ma phrase.

- Quelle serait mon appellation, si papa était encore là ?

- Devos.

Sa claque, j'ai envie de m'appeler comme ça. C'est une folie si l'envie de changer mon prénom me rumine ?

- Non, je te vois venir. Je ne t'accompagnerais pas dans tes démarches, je veux que tu gardes celui qui t'a été attribué.

Je comprends son attache, personnellement depuis que j'en sais un peu plus, j'ai du mal, je trouve que ce n'est pas moi...

- Tu m'accompagnes à Distorsion ?

Je décide de détourner le bavardage sur ce quartier naissant où y vit Liv avec son fils, Ross. Quand nous les avons conduits là-bas nous avons profité pour faire les présentations officielles, elle n'a pas cessé une seconde de parler de son enfant. Une vraie maman gaga. Aujourd'hui, je veux l'entendre raconter des faits de sa vie... Je me dis que la compagnie de ma mère, la rendrait plus à l'aise.

- Avec plaisir.

J'éteins la télévision, je ne veux pas attendre plus longtemps. Elle se munit de son sac à main. Je m'approche de sa...

- Je croyais qu'on s'aventurerait à pied ! Il fait beau, c'est un temps idéal pour glander. C'est comme ça que vous dîtes marcher ?

Je hausse les épaules pour simple réponse. J'aurais aimé m'y rendre en voiture... Pour changer.

- Amor, éloigne-toi de ma bagnole.

À contre-cœur, je la rejoins. Je marche à l'avant, elle me suit sans me bombarder de questions. Je la remercie pour ce silence... Comparée aux autres, elle a directement capté la différence, je l'ai entendu prononcer « ah ouais, on y est ». La première fois, il m'a fallu du temps pour distinguer le changement d'atmosphère... Je crois que je n'avais tilté qu'au niveau des bâtiments.

- C'est étrange. Les branches bougent, mais il n'y a pas de vent.

Elle s'arrête pour lire le panneau d'indication... En se tournant, elle distingue ce fameux portail, je sens l'émotion l'a gagné.

- Bonjour. Teros ? Ne restez pas dehors, ce qui m'arrive est dingue, faut, j'en parle à des gens !

Bon timing. Nous entrons dans son appartement, qui est meublé. Je ne suis pas si étonné que ça, cet endroit est rempli de sources surnaturelles.

- Tenez gentille dame, je vous ai apporté des biscuits.

Petit, je suspectais mama d'être une sorcière, elle me sortait des biscuits de son sac comme un magicien sors un lapin de son chapeau. C'est sûrement dû à ça mes rêves absurdes.

- Merci, c'est adorable... Appelez-moi Liv.

Elle se présente à l'intention de ma génitrice... Le temps qu'elles s'échangent des banalités, je repense à Nita, il faudrait que je la revoie, c'est la seule qui pourra m'éclairer si jamais cet entretien n'a servi à rien.

- Lui, c'est Ross.

Proche du berceau, le visage de ma mère blêmit. Est-ce dû au demi-cercle du gamin ?

- Qu'il est beau. Je peux le porter ?

Liv acquiesce tandis que mama tente de cacher ses expressions, elle semble oublier que ça ne marche pas avec moi... Il y a un truc qui cloche.

- Dis-moi, le myosotis ça te dis quelque chose ?

Je tutoie directement, ce n'est pas dans mes habitudes, mais avec mes amis, j'ai compris très vite que ça fait sentir l'interlocuteur en sécurité.

- Non, pourquoi ?

Elle l'ignore vraiment...

- Tu voulais parler de quoi ?

- L'appartement est incroyable, il m'a suffi de visualiser la décoration pour obtenir ce que vous voyez. Je trouve ce quartier exaltant. Je peux sortir quand l'envie me prends, la maison protège mon enfant.

Je ne suis pas surpris à l'inverse de ma parente.... Je m'apprête à poser une question indiscrète... Quitte à avoir un blanc.

- Qui est le père ?

- Je l'ignore. J'étais un peu frivole de là où je viens...

Bien que je sois abasourdi, je joue l'inexpressif... Ça doit être de famille.

- Vo- tu viens d'où ?

- On vient du même endroit.

Son attitude est différente. Elle mate mon cercle d'une manière désagréable. Il faut que je pense à mettre des longues manches pour éviter ce genre de mépris... Ou pas ? Ce n'est pas mon genre de craindre les avis des gens...

- Mon fils a grandi à Ayan-City. Il est en train de découvrir d'avantages sur votre monde... Sur son père, sur lui.

- Je vois, désolé de vous apprendre que je ne suis pas née là-bas. J'ai eu ce cercle à l'âge de cinq ans.

Au vu de sa subite gêne, je comprends qu'il ne faut pas forcer sur cette histoire. Ça doit être personnel, je dois accepter que chacun ait son jardin secret. L'affaire de ma mère m'a servi de leçon.

- Pardon pour l'interrogatoire.

- C'est dingue, tu es la copie exacte de la statue... De notre seigneur.

J'avais compris qu'ils avaient une sorte de vénération envers lui... À ce point...

- Mon époux n'aurait pas accepté qu'une étrangère divulgue sa vie à son propre fils.

- Très bien, j'ai rendu hommage à votre homme en appelant mon enfant Ross. Retenez, qu'il n'y a pas que des mauvais.

- Souhaitez-vous une médaille pour cela ?

Mon père était... Je suis un délire de demi-dieu ? Ce n'est qu'une façon de parler ? Je me sens paniqué, j'entends soudain, le bambin hurler, je pourrais méditer, à quoi bon... Je sais que c'est de ma faute. Mon état d'âme fait dysfonctionner mon poder. C'est trop à assimiler.

- Faites le sortir d'ici! 

Antinomique PowerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant