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Nous sommes au point de rendez-vous, dans une ruelle peu éclairée. Il n'y a pas âme qui vit. Ni nos amis, ni le méchant de service. Lie me maintient, malgré son emprise, l'envie de hurler leurs noms me démange.

- N'y pense même pas !

Déception, le fait d'être ici, n'est pas rassurants. Deux jeunes femmes dans une ruelle ça ne finit jamais bien ce genre d'histoire.

- Adolf ?

Je distingue une silhouette pareille à la sienne, impossible pour moi de retenir son prénom. Ayant aucun retour, je ne réitère pas mon action.

- Ce sont des tas d'emballages. Comment tu as pu confondre ?

- Excuse-moi, il est évident que tu n'as pas le sens du détail.

- Quel rapport ma sœur ?

Par précaution, nous décidons quand même de s'avancer. Elle a raison, il n'y a aucun lien. La première fois que je l'ai vu en chemise, je n'avais qu'une envie : la repasser. C'est un crime d'être auto-entrepreneur et se vêtir de la sorte. J'espère le retrouver avec classe. À chacun de nos pas, je reste le regard fixe sur cette ombre... Il faut que j'aille plus près.

- On te cherchait partout !

Je n'avais pas tort, la nuit ne vas pas tarder, c'était une recherche intensive.

- Il a l'air dans les vapes.

Dans l'euphorie, nous n'avons pas pris la peine d'examiner son état physique. Il semble avoir reçu un coup à la tête, rien d'alarmant, une simple bosse. C'est incompréhensible, pourquoi nous le retrouvons loin de son domicile ? No...

- Il a pris Céleste à leurs places, cherche plus loin, Teros est sûrement quelques parts !

Je lui donne des directives. Il m'en faut peu pour tout relier, nous sommes bêtement tombés dans leurs pièges. Dans l'action, je me suis trompé de prénom, mais ma réflexion fut la bonne. Ellie retrouve très vite notre rigolo qui est lui aussi en mauvais état.

- Tu n'as pas d'autres choix que nous emmener à Kreis. On y sera en sécurité, le temps n'aura pas bougé d'un poil, rassure-toi. S'il te plaît.

Effectivement, mes épaules ne supporteraient pas le poids d'Adolf, les emmener à l'hosto serait judicieux. Quoi que... Ils vont se mettre à poser trop de questions, c'est préférable d'éviter les docteurs.

- Fais-le Nita.

Je l'entends me le murmurer, sa voix est basse, il ne lui reste que très peu de force. La concentration, c'est l'ingrédient principal de la téléportation. Je visualise très peu, étant donné que Kreis est l'endroit où j'ai atterri pour la première fois, ça me demande moins d'effort que pour atterrir dans un coin d'Ayan ou à Craydon. J'ai envie de vomir, ça me le fait souvent. À peine les pieds sur terre, je n'ai pas le temps de me remettre de mes émotions. Magnar se charge de Devos sans qu'on ait le temps de dire quoi que ce soit.

- Laissez-nous s'occuper de lui.

Deux inconnus nous prennent Adolf de la même manière. Remarquant qu'autour de nous il n'y a aucun enfant, ça ne me choque pas. Au début, c'était une ambiance identique... Il me faut plusieurs minutes avant de comprendre que nous venons de faire une gaffe une seconde fois, nous sommes leurs pions, naïvement, nous suivons leurs plans. Je me bouge à retracer leurs pas, nul besoin de me retourner pour savoir qu'Ellie me suit.

- J'ai peur qu'ils fassent quelque chose à nos camarades.

Magnar est l'homme dont il faut se méfier. Comment j'ai pu oublier ce détail ! Pendant notre course, je n'ai fait que de me maudire pour les avoir conduits ici. Notre parcours s'arrête-là...

- Il n'est plus si chaleureux que ça.

Le repaire scientifique. Ce n'est plus à l'air libre, nous sommes dans une sorte de chapiteau. Certaines machines ne sont pas présentes. Tous les pires scénarios défilent dans ma tête.

- Nini, tu n'as pas à t'en vouloir, ils se trouvent qu'ils veulent transférer nos power à Ward. Tu vas te libérer de ce fardeau.

Céleste. Elle sort d'un rideau, les mains derrière le dos. Dans une autre circonstance, j'aurais été heureuse de la revoir, mais au vu de l'atmosphère, je n'y arrive pas.

- Ne sautez pas de joie... Vous êtes loin d'imaginer ce qui se cache derrière ce rideau.

Elle se retourne face au tissu, nous laissant constaté qu'elle est menottée. Ce sentiment d'impuissance me prend.

- À l'heure actuelle, le peuple est dans leurs abris sous-terrain, puisqu'ils ont annoncé une « apocalypse ». Je les ai trouvés naïfs d'y avoir cru, puis j'ai réalisé que l'un d'eux maîtrise la métamorphose. Prendre l'apparence de Devos a donc été un jeu d'enfant.

Les inconnus... Ils ? Qui ? Quoi ?

- Tu n'es pas notre camarade.

Je n'avais pas tilté... Je réalise qu'il va falloir sortir le costume, Ellie n'a pas un power adapté au combat, je suis seule contre eux.

- Cessez donc de réfléchir.

En moins de deux, je retire ma couche de vêtements, dans ma tête, j'imaginais que ça allait être dynamique, or ce n'est pas le cas, je perds de longues minutes. Je sens leurs regards jugeurs sur moi, désolé, je n'ai pas créé cette merveille pour rien. Je mets mon masque. La patience est donc méritée. Quand je me retrouve enfin en tenue complète, l'adrénaline se fait ressentir.

- Ellie !

Je la réprimande, elle n'est pas prête.

- Je la retiens, file te préparer.

La personne en face de moi, est sûrement en train de se demander si tout va pour le mieux dans mon crâne. Je suis assez enthousiaste quand je vois ma sœur s'en aller. En revanche, ça ne dure qu'un instant, quand la personne en face de moi décide de montrer son véritable visage, je me demande si je vais parvenir à la toucher sans m'en vouloir. 

Antinomique PowerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant