23

1 0 0
                                    

Ter- Devos est parti assez tard. Nous sortons de loin, je me souviens, quand il a su mon vécu, je lui avais demandé de ne pas se comporter différemment devant le groupe, pour ne pas suspecter un subit changement envers moi. Il l'a plutôt bien respecté le pacte. Ce qui nous a d'ailleurs rapprochés. Les filles l'ont pointé du doigt, elles ignorent que ce n'est rien comparé à mon passif de boulimie. Hier, mes cartons ont été délaissés. Il faudrait que je les reprenne dans la journée. À mon réveil, j'ai continué la même chose que la veille, trouver des théories. La seule chose qui me revient le plus, c'est qu'il y a des personnes malintentionnées qui se trouvent à Kreis. Les mêmes qui ont dû tatouer durement Liv. Probablement une histoire de jalousie ? Il faudrait que j'y aille, mon camarade est peut-être en danger... Ce n'est pas aussi rose qu'il a l'air de croire. Je suis vif à ce qui m'entoure, il pourrait resurgir sans mon consentement. J'ai reçu un email de l'agent immobilier qui m'a averti de sa venue dans la matinée. Je ne peux pas rester assit à guetter les alentours, je dois passer un foutu balai. Qui mieux que ma mère pour m'aider à la tâche.

- Je suis ici pour m'excuser.

- Me donner un coup de main, non ?

- Oui, ça aussi.

Ce fut l'échange que nous avons eu avant de se mettre à l'attaque... Pile au moment où nous étions en train de ranger l'aspirateur, il est arrivé. Le monsieur a fait son taff dans le plus grand calme. Nous l'avons laissé dans la maison tandis que je prenais le soleil avec ma maman.

- Je viendrais te rendre visite.

- Avec plaisir.

- Je vais encore avoir un mal fou... Je t'aime, tu sais.

- Moi aussi, sache-le.

Je serais toujours son enfant, qu'importe l'âge que j'aurais. Elle m'enlace... Mes deux géniteurs sont des géants à côté de moi, donc le fait d'être dans ses bras, est comme une claque... Je ne peux m'empêcher d'envier ses centimètres que je n'ai pas.

- Aie un peu plus confiance en toi dans ta vie personnelle.

C'est vrai, le milieu professionnel, j'excelle... Ainsi, est naît la fameuse insulte sur le paradoxe que je suis. Je n'ai d'ailleurs jamais compris le sens de leurs reproches, ni la signification de « Gigi » ; « Gibi » ... Au final, ce sont eux qui sont illogiques ? Pourquoi, ce serait toujours moi ?

- Cesse de te torturer l'esprit.

Elle lit clairement en moi. Pas de doute, elle m'a vraiment accouché. Nous sommes coupés par l'agent.

- Monsieur, vous avez une belle propriété. Êtes-vous sûr de vouloir la mettre en vente ?

- Oui, j'ai grandi dans cette ville, mais ce n'est pas un univers saint pour moi.

- Très bien. Vous aurez des acheteurs potentiels, je n'en doute pas. L'annonce de mon site reste fidèle à la vôtre, nos deux numéros s'y trouvent, je vous tiens au courant si j'ai des intéressés pour des visites dans la semaine.

Tout en lui serrant la main, je le remercie de sa gentillesse. Ma mère l'accompagne jusqu'à la sortie, me laissant profiter de la vue que je ne verrais plus d'ici peu...

- Beau boulot.

Je sursaute. La simple vision de cheveux poivrés m'immobilise.

- Travail ta respiration, je sais que ça t'aide.

Pour canaliser cette sorte d'excitation... Oui, pour ma phobie, non.

- Il faut qu'on t'emmène, si on passe par moi, tu n'auras pas de répercussion de temps.

Je n'avais même pas remarqué qu'elles étaient là... Cet ancien me paralyse.

- Adolf, ton énergie m'interpelle, mon instinct me dit que tu es assez... Balèze ?

Ce mot, n'est clairement pas fait pour moi. Pourquoi utiliser ce terme ? Je me mets à assembler les informations afin de faire ma propre opinion... Mon superpouvoir lui a déjà fait un effet d'alerte... Ne voulait-elle pas dire « redoutable » ? Avant de me perdre dans mes pensées, je me retrouve léger, ça me ramène à la réalité. C'est ce que je ressens lors des téléportations de Nita, je me plains de vive voix alors qu'au fond, je savoure la sensation de ne pas porter mon poids.

- Kreis.

Lâchais-je sans même réfléchir. Quel réconfort de voir les enfants ainsi, coloré, heureux. La dernière fois que j'étais ici, l'ambiance était... Dense ? Si j'ai bien analysé, le sénile est le compagnon de Devos. Nita est avec Ellie, ils ont fait le voyage en binôme de deux manières différentes... C'est dingue !

- Encore heureux, tu n'as pas donné ta parole.

Je ne peux retenir ce pique, ce fut sans mon accord. Bien que j'adore me sentir flotter, je ne souhaitais pas venir ici. J'ai un planning chargé...

- Pas le choix, on a besoin de toute aide.

- Je ne supporte pas de rester si près de l'ancêtre.

- Là, tu me rappelles un certain Ter-...

Je la lance un regard alarmant, qui l'a stop dans son élan. En prime, elle allait se tromper de prénom... Je ne peux pas être aussi proche d'un vieillard, je n'arrive pas. C'est pour moi, un traumatisme, t'es là, on t'accorde du temps alors qu'il peut mourir devant tes yeux... En plus, ils sont aigris. Horrible ces antiquités vivantes. Tant pis si je parais « méchant » !

- Je... Suis.

Rien qu'à l'entente de sa voix, je manque de m'évanouir, sans blague.

- Il est navré. Cet homme est doté d'une sagesse phénoménale. Je parle du vécu. Il est le plus vieux de cette terre.

Je n'en ai rien à faire. Purée, j'ai des cartons a terminé !

- Bourriquet, tu peux affronter ça.

Coup bas. Il m'a sûrement entendu l'autre jour. Je m'appelle ainsi quand je m'apprête à sortir le pire de moi. C'est issu d'un dessin animé de mon enfance, ce personnage me définit parfaitement. Le sortir de ma bouche est une manière de me dire que je reste fidèle à ce qui est enfoui quand mon côté extra surgit.

- Je... Vais.

Devos l'emmène plus loin, ils semblent se comprendre très vite, quoi qu'il en soit merci. J'évite la crise d'angoisse. Il revient seul, on va pouvoir mieux en discuter.

- Céleste ?

- Au travail, comme elle avait convenu.

C'est vrai, dommage, elle est marrante avec toutes ses phrases. Elle manquera à la journée.

- Ta mère ?

- De. Pardon... Je lui ai parlé. Mais nous sommes ici pour tenter de débloquer la machine du contrôle météo.

Je prends connaissance de ce qui nous entoures qu'à présent. Il ne m'a pas menti il y a une quantité de technologies pour un monde qui paraissait antique, c'est ici qu'Ellie à trouver la seringue qui a fait le taff d'affaiblir l'ennemi. Il y a d'ailleurs tout plein d'aiguilles étiqueté.

- Je vous fais un tour des appareils ?

Personne ne refuse la proposition, étant trop curieux. Il nous conduit vers le premier.

- La fameuse machine où faudra ramener notre cher infirmier sera celle-ci.

- Tu as failli y passer...

- C'est vrai. Et toujours aucun souvenir de la tête de ce monsieur...

J'ai la drôle d'impression d'être épié. Pourquoi le vieillard était avec eux ? C'était une simple balade ? Avec du recul, je trouve louche ce type, ça va au-delà de ma phobie...

- Gibier, fais au moins semblant de t'intéresser s'il te plaît.

Il énumère les fonctionnalités, il y a tellement que je ne suis déjà plus. Je suis plutôt pensif, j'ai beaucoup trop de questions... J'ai souvent une bonne analyse. Mon intuition me pousse à résoudre le problème de ce monde.

Antinomique PowerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant