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Il n'est pas envisageable de retourner chez ma mère. Elle n'est plus digne de confiance. Céleste à proposer que je reste dans son appartement « je m'y sentirais moins seule » fut l'argument qu'elle m'a sorti, c'était tentant, mais j'ai dû décliner. J'aurais pu être incontrôlable. J'aurais pu me rendre chez Adolf, pas sûr qu'ils m'auraient laissé y aller, par peur que je le martyrise « encore plus ». De toute façon, ça nous aurait grillés. Ellie a tout juste eu son indépendance, elle s'est donc excusée de ne pas être en mesure de m'héberger préférant profiter de sa liberté et son espace, honnêtement ça m'arranger. Direction chez Nita, contre son grès... On y est allé à pied dans son quartier « malfamé » ; je m'y suis rendue brièvement là-bas, l'enfant que j'étais est encore traumatisé des scènes auxquelles j'ai pu assister.

- Ils portaient les vêtements ?

Poil de carotte fait référence aux habitants, j'acquiesce. Il n'y avait pas de toge à l'horizon.

- Je ne te le cache pas, ça me gêne un peu que tu viennes chez moi.

Je le sais. Pour moi, c'est bénéfique, je vais sûrement savoir laquelle me manquera le plus...

- Ne t'inquiète pas, je me ferais petit.

Je regarde partout, vitres cassées, poubelles renversées, tache de sang, le décor est identique à mes souvenirs. La femme qui tapait son mari devant les yeux de leurs gamins me revient en tête. Je m'étais caché, j'ai dû attendre une bonne heure avant de sortir de ma cachette. J'ai aussi vu de nombreux animaux errants se faire écraser par des automobilistes pressés, aucune pitié...

- Tu ne sembles pas étonné.

- Je suis déjà venu, une fois ou deux.

J'étais un petit vagabond.

- Ne t'attends pas à une belle maison.

Clairement, elle n'est pas à l'aise.

- C'est si horrible ?

- J'ai grandi ici, pourtant quand je vais en ville, ce quartier semble transparent, rejeter... Incluant les gens qui y vivent. Souviens-toi de ma chambre à l'hôpital.

Je me rappelle, c'était tout sauf chaleureux. La renarde ne voulait pas qu'on s'y attarde. Pourtant, nous sommes revenus pour elle, pas pour l'endroit.

- Le lieu ne fait pas la personne.

Franchement, je dois arrêter de sortir des trucs philosophiques.

- Tu vas aussi me dire « tant que tu as un toit » ... Ce charabia, je le connais !

- Nita, je n'en ai rien à cirer de ton habitat... Calme-toi, je ne voudrais pas atterrir à Kreis.

- Figure-toi, que je me débrouille de mieux en mieux, malheureusement ça ne m'aide pas à apprécier ce superpouvoir....

- Je croyais que tu avais quelques problèmes avec le nombre de voyageurs ?

- C'est un détail sur lequel je travaille encore... Oh ! Je ne sais pas si tu te poser des questions sur l'absentéisme d'Ellie durant les premières téléportations... En-tout-cas j'ai pu émettre un jugement sur la question. Il fallait tout simplement qu'elle ait un lien avec l'un de nous, elle l'a obtenu lors de la traverser au portail avec vous... Enfin, ce n'est qu'une hypothèse.

Ça tient la route. Vu qu'à part nous, il n'y a pas d'autres individus dans les voyages. Je dirais que cette remarque tient la route, je ne vois pas d'autres raisons possibles.

- Je suis persuadé qu'il s'agit bien de ça.

Elle ouvre la porte de sa maison, ses parents sont sur un sofa rapiécé, c'est un style sympa. Sûrement une œuvre de leur fille. C'est assez cocasse de trouver l'endroit accueillant.

- Teros, on a entendu que du bien de toi.

Je les avais déjà vus, en revanche c'est un premier échange de vive voix qui a lieu. Ils sont âgés, je peine à croire qu'ils sont justes parents.

- Tu vas séjourner dans la chambre d'amis.

- Très drôle, c'est nouveau ?

Ils m'y emmènent, une fois à l'intérieur je comprends que Nita découvre l'existence de cet endroit, au même moment que moi.

- On va te laisser prendre tes repères.

J'acquiesce. Seul à l'intérieur de ce petit espace, je prends très vite mes marques. Loin d'être glorieux et luxueux, c'est pour moi... Poussiéreux ? Je ne suis pas bête, c'est une pièce de débarras. Il y a des cartons pleins de tasses fissurés, des morceaux de miroir dans un coin de la pièce. De nombreuses étagères probablement remplies d'objets inutilisables. Je suis tentée de faire le ménage alors que chez ma mère, je crie pour passer un simple coup de balai.

- Je vais te redonner des couleurs.

Je me mets au travail, j'ai tout à disposition m'évitant de déranger mes hôtes. Ils sont sûrement à côté, en train de discuter sur ma personne. Je vais faire du bruit, tant pis, c'est pour une bonne cause. M'apprêtant à jeter un tas de papiers, un carnet qui se camouflait entre eux m'interpelle.

« Cher Accident »

C'est le titre de lapremière page d'un journal intime... Je suis conscient que je ne devrais pas lelire pourtant, je le commence... Et je ne m'arrête plus. 

Antinomique PowerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant