Chapitre 3

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— J'ai réussi mon examen de sociologie.

— Et moi celui de sciences. Réplique Logan, avec un air de défi.

Mon frère et mon futur demi-frère échangent un regard noir. Vous ai-je dit que depuis que nous ressemblons à une vraie famille, ils passent leur temps à se chamailler ? Un peu comme des frères... sauf que je doute que ce soit dans cet esprit pour eux.

— C'est bien, les garçons. Dis-je d'un ton distrait.

La vie continue pour tout le monde, sauf pour moi. Reprendre l'école ? Même si j'aimerais y retourner, ma mère a jugé que je n'étais pas en état. Et honnêtement, ça me soulage. La simple idée de me remettre à étudier, comme si de rien n'était, m'épuise d'avance.

— Comment tu te sens, Aïkida ? Demande Laurent, son ton plein de sollicitude.

Je lui ai dit un million de fois de m'appeler Kida, mais il persiste à utiliser mon prénom complet, comme s'il avait peur de me froisser. Et à vrai dire, moi aussi, je marche sur des œufs avec lui. Tout est encore fragile.

— Ça va, merci. Dis-je simplement.

Dans quelques heures, je serai avec Kiara. Rien que cette pensée me réchauffe un peu le cœur. Même si notre dernière conversation a été tendue, elle reste ma famille de Pogue. Une famille dont je n'étais pas censée faire partie au départ, mais qui m'a adoptée, un peu comme Sarah.

— Tu as fait quoi de ta journée ? Me relance Laurent.

Je jette un coup d'œil vers Topper.

— Canapé, cuisine, psy, cuisine encore, canapé, sortie, douche, cuisine. Résumais-je rapidement.

— Où êtes-vous allés avec ton frère ? Demande cette fois ma mère.

— On a vu Kelce, et puis on a joué à la play. Répond Topper avant que je ne puisse dire un mot.

Je lui adresse un petit sourire de remerciement. Ma mère n'approuve toujours pas mes amitiés avec les Pogues, alors moins j'en dis, mieux c'est.

Je hausse un sourcil, peu convaincue, et me concentre sur mon assiette. Laurent a cuisiné du porc au poivre rouge et au vinaigre au barbecue, un plat typique de chez nous. À Figure Eight, on se permet ce genre de luxe, et ma mère a fait des patates douces en accompagnement. C'est délicieux. Un jour, je ferai goûter ça aux Pogues. Ça leur changerait du poisson.

Je secoue la tête, agacée par mes pensées. Je dois arrêter de les laisser envahir chaque moment.

Je regarde mon téléphone : 19h23. Plus que 37 minutes avant de prendre l'avion. Mon cœur s'accélère. L'angoisse monte doucement.

Laurent, toujours impeccable lorsqu'il s'agit de cuisine, a encore une fois surpassé ses talents. Pourtant, l'ambiance autour de la table reste tendue, comme si chacun marchait sur des œufs.

— Alors, Kida, reprend ma mère, tu comptes faire quoi maintenant que tu ne retournes pas à l'école ? 

Sa question est anodine, mais son ton trahit une légère impatience, comme si elle attendait une réponse bien précise.

Je pique un morceau de patate douce avec ma fourchette, hésitant sur la meilleure façon de répondre sans lancer une nouvelle discussion interminable.

— Je ne sais pas trop. J'imagine que je vais prendre du temps pour moi, pour réfléchir.

Ma mère lève un sourcil, un rictus à peine visible au coin de ses lèvres.

Outer Banks tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant