Chapitre 28

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— Vous avez des armes ?

L'homme qui nous conduit depuis bientôt cinq minutes nous interroge.

— Non, pas encore. Répond JJ.

Il tend alors un sac au blond, et un frisson d'inquiétude m'envahit. Je scrute le visage de l'homme qui nous accompagne, cherchant des indices sur le contenu de ce sac. J'espère de tout cœur que ce ne sont pas des pistolets, à moins qu'ils ne soient remplis d'eau, ce qui, je l'admets, serait bien plus amusant qu'effrayant.

— C'est quoi ? Grimaçais-je, la curiosité me rongeant.

— Des machettes, brunette. Vous en aurez besoin.

Une fois arrivés devant le petit bateau, l'homme se tourne vers JJ pour lui dire :

— J'ajoute ça à la longue liste des trucs que tu me dois. Je sais qu'il ne reviendra pas.

— Il ne vous a pas demandé de nous fournir des armes, que je sache. Ne pus-je m'empêcher de répliquer, le sentiment d'injustice me piquant.

C'est frustrant qu'il se sente libre d'ajouter cela à sa liste alors qu'on ne lui a rien demandé. Pourquoi doit-il se donner cette autorité sur nos vies, comme si sa générosité inopportune était un service rendu ? J'éprouve un mélange de colère et d'impuissance.

— Contrôle ta petite copine, JJ.

Je n'ai même pas le temps de répondre que l'homme continue :

— Je me suis renseigné sur le ponton.

— Ouais.

— Vos potes sont déjà partis, mais j'ai la direction d'El Tesoro. C'est approximatif. Seul José connaît la route, mais vous avez au moins une indication.

— C'est un début. Rétorque Kiara.

Pope le remercie, mais l'homme éclate de rire.

— Ne me remerciez pas, priez plutôt.

Nous montons chacun notre tour sur la petite barque de navigation.

— JJ ?

— Ouais ?

— Tu m'en dois une belle. Bonne chance.

Je m'assois près de Pope, tandis que le vieux monsieur pousse de toutes ses forces pour nous éloigner de la rive. La coque du bateau grince doucement sous l'effort, et le bruit des vagues qui s'écrasent contre les flancs crée une mélodie rassurante, presque apaisante. JJ allume le moteur, un rugissement puissant résonnant dans l'air calme. Je sens une montée d'adrénaline à l'idée de quitter la terre ferme, de me lancer dans l'inconnu.

Les premières vagues s'élèvent autour de nous, et je me penche légèrement sur le côté pour mieux observer le paysage qui s'éloigne. Les maisons, d'abord colorées et animées, deviennent de petites taches floues sur l'horizon.

— Il fera bientôt nuit, il faut se reposer. On fait un roulement pour la navigation ? Propose Cleo.

Chacun acquiesce, et rapidement, Pope se désigne comme le premier à naviguer. Les autres s'allongent et ferment les yeux, s'efforçant de trouver un peu de répit. Moi, je me laisse tomber sur le dos, ma tête reposant confortablement sur la cuisse de Pope. 

Pope me jette un coup d'œil, son regard scrutateur traçant le contour de mon visage, puis il se détourne pour se concentrer sur la mer, jonglant visiblement entre ses pensées. Je sens son esprit vagabonder, hésitant entre le présent et les souvenirs qui doivent le hanter. Je n'ai pas besoin de tourner la tête pour comprendre ce qui l'occupe. 

Outer Banks tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant