Chapitre 29

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— Okay. Je crois que c'est El Tesoro. La piste doit commencer ici. Annonce Kiara d'une voix assurée.

Je partage son avis. Le long de la rive, des cabanes de toutes sortes se dressent, semblant raconter des histoires. Certaines sont en bois usé, leurs planches décolorées par le soleil, tandis que d'autres sont faites de tôles ondulées, rouillées et dentelées par le temps. Chaque structure semble avoir sa propre personnalité, une mémoire gravée dans ses murs.

— Merde, c'est un homme de Singh ! Que fait-on ? Il faut qu'on passe. 

L'homme se trouve sur sa barque, s'allongeant même pour mieux observer les alentours. Sa posture décontractée trahit une confiance qui me fait frissonner. De là où je suis, je peux distinguer les traits de son visage, marqués par des années de vie sur l'eau. Ses yeux scrutent l'horizon, perçant l'épaisse brume qui s'élève de la mer. Il semble insensible au monde qui l'entoure. Chaque mouvement de son corps est précis, calculé, comme s'il cherchait à anticiper le moindre bruit, la moindre vibration à la surface de l'eau.

Dans cette position, il est à la fois un prédateur et une proie. Les rayons du soleil, filtrés par les nuages, se reflètent sur sa barque en bois usé, accentuant le contraste entre sa silhouette sombre et l'onde scintillante. Un frisson d'appréhension me parcourt lorsque je réalise que son regard pourrait très bien se poser sur nous.

Je jette un coup d'œil à mes amis, leurs visages se tendant en silence. Nous sommes en territoire hostile, et chaque geste de cet homme pourrait changer le cours de notre quête. Mon cœur s'accélère alors que je pense à nos options. Devons-nous rester cachés et espérer qu'il ne nous remarque pas, ou tenter quelque chose pour le détourner de sa vigilance ?

Soudain, il redresse un peu la tête, comme s'il avait perçu un mouvement. Mon souffle se bloque dans ma gorge. Je retiens l'envie de crier, de prévenir mes camarades de la menace potentielle. La tension dans l'air est palpable. L'homme, toujours allongé, semble évaluer la situation, pesant le pour et le contre. Il ajuste sa casquette, et dans un geste inattendu, il fouille dans son petit compartiment, révélant un sandwich.

Alors que je m'approche d'une des cabanes, je remarque des objets épars éparpillés autour : un vieux filet de pêche usé, une bouée qui a perdu de sa couleur, et une guitare à moitié détruite, couverte de poussière. 

— Et si on faisait des emplettes ? Propose-je, un sourire malicieux aux lèvres.

Tous les regards se tournent vers moi, curieux. J'expose rapidement mon plan, et à ma surprise, JJ acquiesce en m'affirmant que c'est une idée de génie et que j'étais trop intelligente. Mon cœur s'emballe à ce compliment, même si je sais qu'il exagère. Un petit sourire fend malgré tout mon visage.

Nous nous dissimulons, puis nous attachons notre barque à un ponton. Les cabanes ne sont pas que des refuges ; elles recèlent des trésors. En fouillant, nous découvrons à proximité du type un stock de pétards.

En revenant sur notre embarcation, je trouve une feuille et un stylo, enfouis dans la terre. Je m'installe pour écrire un message simple : « Dans cinq secondes, tu entendras un coup de feu. C'est l'avertissement. » Je tends le mot à JJ, chargé de le balancer à l'homme. Rapidement, l'homme se redresse pour lire, et dans les cinq secondes qui suivent, un pétard explose, allumé par Pope et Cleo. L'homme sursaute, sa panique palpable.

— On nous tire dessus ! Ils sont où ?! Je vois rien ! Crie-t-il, l'air totalement désorienté.

Comment peut-il confondre un pétard avec un vrai coup de feu ? Sur le moment, je me rends compte qu'il gobe tout sans réfléchir à cause de la peur.

Outer Banks tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant