Chapitre 25

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— Il a rappelé ?

— Non. Pas de nouvelles.

Je me ronge les ongles, la tension me ronge. La nuit est tombée, et ils ne sont toujours pas revenus. Qu'est-ce qu'ils foutent, bon sang ?

— On doit y aller ! Topper a dû appeler les flics.

Un soupir s'échappe de mes lèvres. Mon frère est dévasté. Qu'est-ce qui lui a pris de les mettre en danger ? Est-ce vraiment lui qui a mis le feu ? Non, je ne peux pas y croire. Il a sûrement juste découvert que le château avait brûlé et a voulu piquer John B pour lui demander des explications.

— Très bien, je l'appelle.

John B saisit son téléphone, mais une moto apparaît brusquement au bout de la rue.

— Attends, c'est peut-être lui.

La moto s'arrête près de nous, et un silence lourd s'installe, comme si le temps lui-même s'était figé. Les moteurs se taisent, laissant place aux battements irréguliers de mon cœur, qui semble vouloir s'échapper de ma poitrine. Mon cœur rate un battement lorsque mes yeux croisent le regard de Rafe.

Il a ce même air déterminé, presque menaçant, que je reconnais trop bien. Ses traits sont marqués, son regard est chargé d'une intensité qui me fige sur place. Les souvenirs de nos affrontements passés remontent à la surface : les cris, la colère, la peur. Un frisson me parcourt. Que vient-il faire ici, lui ? Pourquoi maintenant ?

Je ne peux pas détacher mes yeux de lui, même si chaque fibre de mon être me crie de me détourner, de fuir. À ses côtés, son père apparaît, et je sens un poids s'abattre sur mes épaules. La réalité de la situation me frappe comme une vague déferlante. Ils sont là, devant moi, et tout autour, l'air devient irrespirable.

— Ça va aller, papa. Entendis-je. Viens.

Rafe semble prendre une grande inspiration, ses muscles se tendent, et dans un mouvement presque instinctif, je fais un pas en arrière, comme si ce simple geste pouvait me protéger de tout ce qui pourrait arriver. Je ne peux m'empêcher de me demander si tout cela n'est qu'un mauvais rêve. Peut-être que si je cligne des yeux assez fort, tout disparaîtra.

Les cris de douleur de l'homme au sol retentissent à mes oreilles, un écho lancinant qui me rappelle à la réalité. Je tourne la tête, mais c'est comme si je voyais tout au ralenti. Chaque geste, chaque son, se distord dans ma perception. Rafe se penche légèrement, et je peux voir la tension dans ses épaules, le regard déterminé fixé sur son père, qui semble perdu dans une douleur sourde.

— Tout va bien. Aidez-nous ! Ne restez pas plantés là, aidez-moi !

C'est comme si mon corps était soudain déconnecté. Mon cœur bat à tout rompre, comme s'il allait exploser. Je ne peux pas parler, aucun mot ne sort. Je ne sens que ma respiration saccadée, et les larmes dévalent mes joues, tombant sur le sol alors que je m'effondre sur mes fesses. 

— Ne restez pas là, aidez-moi !

Sarah, elle, se précipite pour les aider, tandis que je me noie dans un océan de pensées tourbillonnantes.  C'est un moment indescriptible, un mélange confus d'angoisse, de colère et de désespoir. Je suis perdue, figée. Comment puis-je mettre des mots sur cette impuissance qui m'étreint ? Comment affronter ces cauchemars qui hantent mes nuits et ces angoisses qui rythment mes journées, tel un métronome cruel ?

Mon œsophage me brûle, comme si le stress et la panique s'étaient infiltrés dans chaque cellule de mon être comme de l'eau. Je me mets à tousser, cherchant désespérément à expulser cette sensation suffocante. Il faut que je me libère de cette peur sournoise avant qu'elle ne me prenne la vie une seconde fois, me laissant dans un état où même le réveil serait un luxe.

Outer Banks tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant