Chapitre 21

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Assise sur la chaise en face de ma mère, qui parle au téléphone avec Laurent, je l'écoute sans vraiment l'écouter. Topper a quelques hématomes sur le torse et le visage, ainsi que quatre points de suture à l'arcade. Autrement dit, il s'en remettra.

— Dieu merci, les radios et le scanner ne montrent rien.

Dès qu'elle a terminé sa phrase, elle raccroche presque instantanément.

— Je suis désolée, madame Thornton.

Mes yeux s'écarquillent presque lorsque je réalise que c'est Sarah qui se tient à deux mètres de nous.

— Tes excuses ne soulageront pas mon fils, n'est-ce pas ?

La sévérité du ton de ma mère me surprend. C'est la première fois que je l'entends parler ainsi à Sarah.

— Non. Je peux le voir ?

Des bruits provenant de l'étage inférieur attirent notre attention, et ma mère finit par lui donner la permission d'y aller.

— Maman, ce n'est pas vraiment la faute de Sarah si John B a pété les plombs.

— Je ne veux plus que tu les revoies, est-ce clair ?

Je soupire, agacée par le ton autoritaire qu'elle utilise. À vrai dire, je ne pense pas qu'elle apprécie que je lève les yeux au ciel.

— Ton soi-disant ami a envoyé ton frère à l'hôpital ! Est-ce que tu te rends compte qu'il s'est acharné sur lui alors qu'il était inconscient ? Il ne pouvait même pas se défendre !

— John B avait sûrement une bonne raison. Il n'est pas comme ça d'habitude !

— Raison ou pas, on ne résout pas ses problèmes par la violence, Aïkida ! Tu ne peux pas cautionner ce que ce Pogue a fait.

Je passe une main sur mon visage, tiraillée entre l'envie de crier sur John B pour avoir frappé mon frère de la sorte et celle de hurler sur Topper pour sa stupidité qui a poussé John B à bout. Je comprends qu'elle ne veuille vraiment plus que je sois avec eux.

— Je t'ai laissée faire ce que tu voulais depuis que tu t'es réveillée, mais ça suffit. Je t'interdis de les revoir. Si j'apprends que tu les as revus, je ne donnerai pas cher de ta peau, jeune fille.

Je me lève, prête à partir.

— De toute façon, tout a changé depuis ce putain de coma ! Tout part en vrille ! Tout se casse la gueule !

Je sens ma respiration s'accélérer, incontrôlable. Ma poitrine se serre, chaque bouffée d'air devient plus difficile, comme si quelque chose bloquait mes poumons. Mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il va éclater. Ma tête tourne, je ne sais plus où je suis. Est-ce que je suis encore là, ou ailleurs ?

Les murs semblent se rapprocher, me comprimer, me piéger. Je ne sais plus comment respirer, je l'oublie presque. Il fait trop chaud, j'ai l'impression d'étouffer. Mon visage me brûle, mais j'ai froid à l'intérieur. Une peur glaciale me prend aux tripes. Je vais mourir. C'est sûr, je vais mourir ici, maintenant. Comment est-ce possible ? Je ne suis même pas blessée. Je ne comprends pas. Pourquoi est-ce que tout se brouille ? Pourquoi est-ce que je ne peux plus bouger ?

— Je vais mourir... Chuchotais-je pour moi-même. Ça y est... Je...

Je m'assois par terre, je ramène mes genoux contre moi, comme si je pouvais me protéger du monde extérieur. Mais ça ne marche pas. La peur est à l'intérieur. Elle est dans mon corps, elle envahit tout. Je pleure, mais sans bruit, comme si chaque souffle que je laissais échapper menaçait de me submerger complètement.

Outer Banks tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant