Outer Banks tome 3

Chapitre 27

— Pas de José. Personne ne connaît de José. Soupire Cleo. Ou alors, il s'est barré en bateau.

Je n'ai pas le temps de réagir qu'une voiture dérape non loin de nous, ses pneus crissant violemment contre l'asphalte. Un rire nerveux m'échappe malgré moi.

— Ils ont l'air pressés, ceux-là. Murmure Pope.

Mais quand je reconnais le 4x4 qui fonce vers nous, mon sourire s'efface instantanément.

— Courez, vite !

Nous nous mettons à courir sans réfléchir, nos pieds martelant le sol à un rythme frénétique. Mais je sais que la voiture finira par nous rattraper. Mes pensées tourbillonnent. Je ne peux pas les laisser nous coincer tous les trois. Alors, sans prévenir, je pousse Pope et Cleo vers une petite ruelle étroite et continue à foncer tout droit.

— Kida ! Crie Cleo derrière moi, sa voix teintée d'inquiétude.

— Continuez ! Je vous rejoins ! Leur lançai-je sans me retourner, ma voix presque étouffée par l'adrénaline.

Le moteur gronde derrière moi, de plus en plus proche. Mon cœur s'emballe, chaque battement résonnant dans mes oreilles. Je slalome entre les passants, certains me regardant d'un air interloqué, d'autres évitant de peu ma course effrénée. J'aimerais m'excuser, mais je n'ai pas le luxe de ralentir.

Je traverse une rue bondée sans même regarder des deux côtés. Un klaxon furieux retentit, un taxi freine brusquement juste devant moi, s'arrêtant à quelques centimètres de mes genoux. Mes mains s'écrasent sur le capot, mon souffle court, mes yeux fixant le pare-brise devant moi. J'ai échappé de justesse à un accident. Je crois voir une chevelure blonde à l'arrière mais je n'y prête pas attention.

Sans perdre une seconde, je coupe à travers une autre ruelle étroite, inaccessible aux voitures. Je jette un coup d'œil derrière moi et vois le 4x4 s'arrêter. Les hommes descendent du véhicule, visiblement décidés à me poursuivre à pied. Avec un sourire narquois, j'envoie un baiser volant dans leur direction.

Mais leur détermination est palpable. Je n'ai plus le choix, je dois continuer de courir. Je tourne à l'angle d'une place, cherchant désespérément une issue ou un endroit où me cacher. Mon souffle est saccadé, mes poumons en feu, mais je refuse de m'arrêter.

Soudain, une main attrape la mienne. Je me fige, prête à me défendre, mais une tignasse blonde apparaît devant moi. JJ, accroupi derrière un stand, me tire avec lui, me forçant à me cacher à ses côtés. Derrière lui, Kiara me fait un signe pour que je m'accroupisse. Je m'exécute, mon dos reposant contre des planches en bois, mes jambes tremblantes de l'effort. J'ai l'impression d'avoir traversé tout le Taj Mahal en sprintant.

Pendant que je reprends mon souffle, je réalise que ma main tient toujours celle de JJ. Je la retire rapidement, sans hésitation. Un instant de silence passe entre nous. Il me regarde, ses lèvres s'entrouvrent comme s'il voulait dire quelque chose, mais il est coupé par Cleo, toujours aussi sarcastique :

— Bienvenue en Amérique du Sud.

Je me redresse doucement, jetant un regard rapide vers la ruelle d'où nous venons. Les hommes de Singh s'éloignent, se fondant dans la foule dense de la place. Ils semblent avoir abandonné leur poursuite. Une vague de soulagement m'envahit, comme si un poids énorme venait de quitter mes épaules. Je relâche un souffle que je ne savais même pas retenir. Pour l'instant, nous sommes hors de danger.

Je me tourne vers les autres. JJ et Kiara sont déjà en marche, nous faisant signe de les suivre. Sans un mot, je les rejoins avec Cleo et Pope à mes côtés. Mes jambes tremblent encore légèrement après cette course effrénée, mais je me force à avancer, le regard rivé sur JJ et Kiara. De ce qu'ils nous ont raconté, ils ont trouvé un allié, un type apparemment peu fiable, mais qui pourrait bien nous sortir de ce pétrin. Ce gars est originaire d'Outer Banks, ce qui devrait nous rassurer, mais tout ce que j'entends, c'est qu'il doit de l'argent à JJ. Et "un peu d'argent" venant de la bouche de JJ se traduit toujours par « beaucoup trop » mais je ne relève pas. Ce n'est pas le moment.