6. Rancunes

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Chicago – 24 heures plut tôt

Charlie

Le repas se termine tranquillement, trop tranquillement à mon goût. Je trépigne d'impatience, de curiosité. Une fois la table débarrassée, tout le monde se souhaite une bonne nuit. Nous aurons le temps demain matin pour les au-revoir, nous partons « seulement » à 7h. Je monte dans la chambre avec Jenna, on est toutes les deux fatiguées, elle de son voyage de la veille avec le léger décalage horaire et moi de ma nuit mouvementée et de cette journée pleine d'émotions. Jenna s'installe dans le lit après s'être mise en pyjama. Je n'ai pas oublié ce mystérieux message. J'en parlerai demain à Jenna en attendant je dois trouver une excuse pour sortir de la maison sans craindre une avalanche de questions de Max, de Jenna ou même de mon père.

- Jenna, j'ai oublié mes écouteurs dans la voiture, je reviens.

Je suis en train de mentir à ma meilleure amie pour un mystérieux inconnu dont je ne connais même pas les intentions. Peut-être que demain mon corps meutri sera jeté dans au fin fond d'une forêt à quatre heures de route de là.

- Mmmmh fais ta vie, je ne t'accompagne pas je suis crevée, répond-elle sceptique au début puis finalement ravisée à s'avachir sur le lit déjà à moitié endormie.

Je troque mes talons pour de bonnes vieilles baskets blanches, j'enfile une veste en jean et je sors de la chambre le plus silencieusement possible, idem pour les escaliers. Une fois sortis de la maison je scrute le pavillon devant moi, puis la rue, la berline est toujours là. Je suis à deux doigts de faire une crise cardiaque quand je vois que ses phares s'allumer et que la voiture avance jusque devant moi. La vitre s'abaisse.

- Monte.

Cette voix, sa voix me glace le sang, un frémissement de nerfs traverse tout mon corps, je me retourne pour partir le plus loin de cette personne puis je retrouve mes moyens. Je me retourne vers l'origine de cette haine grandissante à chaque jour de ma vie aussi passible et pitoyable qu'elle puisse être.

- Dégage Tyler, je t'ai déjà dit de ne plus t'approchait de moi ni de ma famille. T'humilier n'a pas suffi à te le faire comprendre on dirait.

- Cinq minutes je t'ai dit, après je te laisse retourner à ta petite vie.

- Pas une de plus, sinon je te jure que...

- Monte, râle Tyler sans même me laissait le temps de finir ma phrase.

Je monte alors dans sa voiture à contre cœur et pourtant j'y suis, la curiosité aura ma peau, littéralement. Le trajet se passe en silence. Malgré toute la haine et le dégoût que je lui porte, des souvenirs remontent sans que je ne puisse rien faire pour les chasser. C'est vrai qu'outre une fin d'histoire terrible, pour ma part, ma relation avec Tyler avait été la plus belle que je n'ai jamais connu, mais aussi celle qui m'aura le plus détruite. On est sorti ensemble pendant presque 2 ans. Etant le fils du propriétaire de l'écurie, on se croisait chaque semaine sur les pistes, c'était un bon conducteur aussi mais il se contenter de faire les essais des nouveaux prototypes. On n'est pas sorti ensemble tout de suite. C'est quand j'ai quitté l'écurie et le milieu des courses automobile que Tyler et moi nous sommes rapprochés. Tyler c'était le bad boy des bacs à sable, grand, cheveux noir, yeux noisette, tatoué et musclé. Il avait un charme naturel et un sourire à tomber par terre. Il faisait partie du gang des Bloods Brothers dont je crois comprendre qu'il en est à la tête aujourd'hui. Notre relation était rythmée par de nombreux conflits mais aussi d'un amour passionnel que je croyais réciproque. Jusqu'à ce que je surprenne une conversation entre son meilleur ami et lui, expliquant l'utilité que j'avais dans sa vie. Rouler, gagner et lui ramener de l'argent. Et pour couronner le tout, le lendemain je l'ai surpris avec cette pétasse qui lui tournait autour depuis toujours. J'ai donc mis fin à cette relation qui m'avait brisé en mille morceaux.

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